Ramasse-miettes N°8 : Revue de presse militante

3 Sep 2015

ADLPF La revue de presse militante de l'ADLPF Ramasse-miettes N°8 : Revue de presse militante

Barbarie, bêtise et affairisme.

À Palmyre, les barbares ont détruit un petit temple dédié à Baalshamin, divinité mineure ante islamique et dernièrement le grand temple de Baal. Ils ont aussi massacré un homme de 82 ans, Khaled Al-Assaad , ancien chef des antiquités du site. On reste effaré par tant de bêtise assumée d’imbéciles armés jusqu’aux dents et par leur la haine de la culture. Mais aussi par leur affairisme éhonté, car ces beaux esprits, qui dynamitent allègrement les joyaux de l’architecture ancienne au nom de la tabula rasa qu’appelle le salafisme, n’en pratiquent pas moins le commerce clandestin d’objets facilement transportables et négociables. Deux poids et deux mesures, l’hypocrisie et la cupidité sont de vieilles compagnes de route des religieux. Gageons que les fonds saoudiens, qui alimentent le salafisme international depuis des lustres, y compris EI, savent où se placer quand il s’agit d’art. L’hypocrisie est aussi une vieille manie de ces régimes corrompus qui mangent à tous les râteliers et s’y gavent.

Le diocèse de Fréjus-Toulon veille.

« Jean l’Apôtre, n’hésite pas à dire : « Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et la confiance orgueilleuse dans les biens, ne provient pas du Père ». Il est évident que l’action de Satan joue d’abord sur l’attrait des hommes pour le Pouvoir, l’Avoir et le Savoir (sic) : c’est le désir d’accumuler des biens matériels, c’est la course à l’Argent trompeur, à la place au soleil, aux plaisirs toujours renouvelés et décevants (?), à la volonté de puissance sur l’autre ; cela s’accompagnant de l’oubli du plus pauvre et de ses besoins élémentaires. L’accumulation des péchés personnels a une répercussion sociale sur l’ensemble de la société : le pape Jean-Paul II a parlé à ce propos de « structures de péchés » ». (Site du diocèse).

Diable ! Qu’il est intéressant d’entendre la hiérarchie catholique plaider pour les pauvres, vitupérer contre le vice et… oublier ainsi ses propres errements. Que fait-elle de son incontestable richesse qu’elle met si peu au service des « plus pauvres et de leurs besoins élémentaires » ?

Naissance ou poursuite d’un flirt entre l’Église et le Front National ?

Ne quittons pas le diocèse de Fréjus-Toulon qui organisait en cette fin d’août son université d’été pour les jeunes catholiques. Le monsignore local, Dominique Rey, y a invités, entre autres, Marion Maréchal-Le Pen qui s’y est sentie comme un barracuda en calanque. Elle y a rappelé qu’il n’y avait pas de problème entre la « doctrine sociale de l’Église » et le programme du FN. Dont acte, nous voilà rassurés, à moins que cela ne nous glace. Quant à leur seule divergence officiellement connue, le problème des réfugiés et des flux migratoires, elle l’a écarté d’un escarpin désinvolte en rappelant qu’on ne pouvait accepter la « déferlante » migratoire et que la charité ne s’applique qu’au cas par cas et non à toute la misère du monde. Charité bien ordonnée…

Suivre les liens vers la chronique de Caroline Fourest sur France Culture et le papier sur Slate.

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=5073683#

http://www.slate.fr/story/106203/catholiques-et-front-national-la-fin-du-veto

Inepte !

Deux sœurs indiennes, membres de la caste des Intouchables et âgées respectivement de 23 et 15 ans, ont été condamnées à être violées par un conseil de village non officiel dans le nord du pays. Pourtant, on ne leur reproche rien à elles directement. Car c’est bien leur frère qui s’est attiré les foudres des membres de la caste Jat pour s’être enfui avec une femme mariée issue de cette caste supérieure à la sienne. En représailles, le conseil de village, uniquement composé d’hommes appartenant à la dite caste, a décidé de punir ses deux sœurs. Une punition pour le moins barbare qui n’a pas manqué de faire réagir les associations internationales de défense des droits de l’Homme comme les intellectuels du pays. L’affaire, et c’est heureux, fait grand bruit : une pétition a déjà recueilli plus de 120 000 signatures.

J’ai failli conclure « sans commentaire », mais ça m’est impossible, comment qualifier de tels inepties qui reportent sur deux innocentes la « faute » d’un frère amoureux ? Quel mépris pour des femmes qui, on le sait bien, après avoir subi un tel outrage seront à jamais déconsidérées si ce n’est lapidées ? La nausée me gagne.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/09/01/2168230-expier-fautes-frere-deux-soeurs-condamnees-etre-violees.html

Daesh, ou l’hydre assassine la plus riche jamais vue.

Daesh offre un imaginaire apocalyptique qu’il ne faut pas sous-estimer en tant que fascinant appât pour recruter des « chevaliers héroïques » particulièrement motivés par la conviction de mener, sous son étendard, rien moins que la bataille de la fin des temps, le triomphe d’Allah. Le millénarisme marche toujours et produit toujours des illuminés qui pensent gagner, et eux seuls, le paradis grâce à l’éradication des « méchants » et des impies. On ne dénoncera jamais assez la nocivité de ces élucubrations stupides et violentes.

Par ailleurs, on évalue le budget annuel de Daesh entre 1 et 2 milliards de dollars, en plus des milliards de dollars de matériel américain tombés entre ses mains lors de la déroute de l’armée irakienne à Mossoul, en juin 2014. Ajoutons à cela la vente de pétrole, d’antiquités, mais aussi de drogues qui viennent arrondir sa barbare escarcelle ce qui fait de Daesh l’organisation terroriste la mieux équipée et la plus riche de l’histoire de l’humanité et lui permet d’entretenir quelque 30 000 combattants permanents, dont au moins 4 000 jihadistes de nationalité européenne.

Le monde n’a pas fini de payer les initiatives aventureuses de Bush Jr.

http://www.scienceshumaines.com/l-apocalypse-selon-daesh_fr_34838.html

L’Europe dans ses pompes et dans ses œuvres.

L’Europe met comme condition fondamentale pour tout candidat désireux d’adhérer à l’Union qu’il soit un état de droit et une démocratie, car elle-même se targue d’avoir un tel fonctionnement démocratique. Voire.

La Hongrie de Viktor Orbàn vient de modifier sa Constitution (quatre fois en 15 mois!), et pas dans le sens de plus de démocratie. En effet, la nouveauté consiste à placer le législateur au-dessus de la Cour constitutionnelle – chapeau l’artiste, adieu le Droit – en amendant tout bonnement la Constitution pour rendre obsolète les décisions des Sages, y compris rétroactivement. Les 22 articles de l’amendement, adopté par les parlementaires, tous dévoués au chef, érodent ou détruisent les principes de la Loi fondamentale.

Réactions molles et impuissance du Conseil de l’Europe, de la Commission européenne et d’une grande partie de la communauté internationale ; Orbàn prospère, à la Poutine, sur sa réputation de défenseur de la patrie face aux conspirations de l’étranger.

Mettre maintenant en regard le sort réservé à la Grèce punie pour avoir osé élire une gauche réformatrice, qu’heureusement on a réussi à détruire en poussant un ouf de soulagement. Les affaires vont pouvoir reprendre.

Fin de la démonstration : l’Union Européenne se soucie de la démocratie comme d’une guigne. Terrible ici, impuissante là, éternellement drapée dans sa (fausse) bonne conscience.

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