le Président célèbre une idole…

11 Déc 2017

ADLPF La Libre Pensée Pour une société éclairée le Président célèbre une idole…

…le jour anniversaire de la loi de Séparation des églises et de l’État

Certes ils étaient nombreux à suivre son cercueil sur les « Champs ». Au préalable, ils avaient été dûment chauffés à blanc par la presse, toute la presse. Une presse hallucinée (le Progrès de Lyon du jeudi 7 décembre, 14 pages, dont la une!), une presse ivre d’hagiographie, sans aucune distance critique, tissant l’éloge d’un chanteur populaire et populiste, réputé franc-buveur, épouseur en série et collectionneur de jupons hors mariage. Bref ! La France venait de perdre un joyau, la France éternelle fêtait un évadé fiscal notoire. La même France qui concocte des édicules publics inhabitables, des bancs piégés par un ergot interdisant qu’on puisse s’y allonger, ou plutôt que les miséreux, les sans-abri, SDF ou immigrés en déshérence, s’y puissent reposer. « Selon que vous serez puissant ou misérable… ».

Or donc, le Président Macron, lui-même, décida pour l’idole d’un défilé sur les Champs-Élysées, avant de se rendre en personne en l’église de la Madeleine où il se livra à un discours plutôt confondant.

Il y choisit de rendre hommage à Johnny Hallyday, car c’est bien lui que nous évoquons, à travers ses fans – ne jamais oublier de flatter les foules fait partie des exercices de base de tout démagogue. « Johnny était à vous. Johnny était à son public. Johnny était à son pays. C’était plus qu’un chanteur, c’était la vie ». Rien que ça ! Qui ne boirait du petit lait à s’entendre ainsi co célébré. Et de poursuivre : « Dix fois il s’est réinventé, et toujours vous étiez au rendez-vous », saluant ce « peuple uni autour de l’un de ses fils prodigues. » C’était beau comme du Lamartine.

Il ne faut jamais mégoter quand on veut caresser les foules dans les sens du poil, aussi le Président n’y manqua-t-il pas, évoquant les problèmes de santé de l’idole : « Ce qui l’a relevé c’est votre ferveur, c’est l’amour que vous lui portiez ». Et, tant qu’à faire, autant en remettre une couche : « Pour nous, il était invincible, parce qu’il était une part de notre pays, une part de la France que l’on aime aimer ». « Sol invictus », en quelque sorte. C’est là: (…///…)

Le Président est débordé ces temps-ci, il doit chanter les louanges de personnages, il est vrai hors du commun, mais c’est un exercice qui oblige à passer par pertes et profits bien de cruelles ombres. C’est ainsi que, célébrant le « lumineux » Jean d’Ormesson, il occulte le même, mais en sombre. Qu’on se souvienne son papier dans le Figaro où il célébrait en termes choisis le colonialisme : « Seulement sur tous les excès et sur toutes les bavures soufflait encore un air de liberté. Une liberté viciée, sans doute, mais une liberté. », ce qui suscita la réaction de Jean Ferrat, en chanson évidemment. D’Ormesson ne la goûta guère bien que son titre reprenne ses propres mots : Un air de liberté. Lors de la diffusion d’une émission télévisée de Jacques Chancel consacrée à Ferrat, le 14/11/1975, la chanson, pourtant enregistrée, manqua. La direction de la chaîne, cédant à Jean d’Ormesson,  avait décidé de ne pas la passer. Quelques heures avant la diffusion, mis au courant de cette censure, Jean Ferrat déclara, au fil d’une conférence de presse : « J’ai réagi de façon passionnelle en écrivant cette chanson. Je n’ai rien contre monsieur d’Ormesson, contre l’homme privé. Mais c’est ce qu’il représente, (…) la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers lui ». Un air de Liberté.

Le Président, qui se targue d’être celui de tous les Français, devrait laisser aux saltimbanques le souci de célébrer les leurs et aux Immortels celui d’encenser leurs pairs, ce serait plus décent et à coup sûr moins énervant.

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2 Commentaires

  1. FOLL

    Merci d’avoir si bien exprimé ma pensée. Au point de vue culture on peut attendre autre chose que monsieur Hallyday. Honte aux journaliste surtout de France , spécialistes de l’endormissement et lèche-culs patentés

  2. Mendez

    Merci pour ce commentaire !
    Pour faire court je dirai que l’hommage national à Johnny révèle l’immaturité d’une frange importante de notre population et notre Président dont l’élection est pour moi une imposture (20% des inscrits) est un éminent expert en communication. Tout évènement le fait monter sur scène. Marcel

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