Ramasse-miettes n°92 : Revue de presse militante

25 Fév 2018

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L’exigence de transparence est-elle une vertu ou un « despotisme sournois » comme le disait Tocqueville bien avant l’invention d’internet ?

« La révolution démocratique a voulu rendre le pouvoir plus transparent pour les citoyens. Le monde totalitaire a tenté de rendre les citoyens entièrement transparents pour le pouvoir. La société postmoderne serait-elle celle de la transparence complète de chacun pour chacun ? Les prémisses d’un ‘soft totalitarisme’ ? » Sujet grave abordé conjointement par Denis Olivennes, dirigeant d’entreprise, et Mathias Chichportich, avocat.

Il se pourrait bien que ce soit une fausse bonne idée et que Tocqueville ait raison.

Bill Gates, le créateur du groupe Microsoft, a annoncé vouloir investir 80 millions de dollars dans la création d’une ville intelligente en Arizona. Ce projet de Smart City aura pour socle la communication et le développement d’infrastructures technologiques (NTIC).

C’est en plein désert de l’Arizona aux États-Unis que ce projet de ville du futur verra le jour. Une agence de promotion immobilière contrôlée par le milliardaire aurait mis la main sur des terrains représentant l’équivalent de la surface de Paris. Pour l’heure, c’est le désert, mais c’est là que Belmont, la future ville sera érigée. Composée d’espaces résidentiels, d’écoles, de commerces et de bureaux, à proximité d’un axe autoroutier reliant le Nevada au Mexique, elle sera un hymne aux NTIC et à l’hyper modernité. On peut dès maintenant postuler qu’elle ne sera habitée que par le dessus du panier fortuné…en attendant qu’elle engendre ce que toute cité engendre, sa propre « lie », ses déclassés. Aucune cité nouvelle n’y a jamais échappé.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde ». En fait, Camus a écrit : Mal nommer les objets… », mais ne chipotons pas, l’objet en question est ici « Le Droit À Mourir Dans La Dignité ».

Mal nommer, voilà bien le sinistre procédé employé par l’hebdomadaire catholique « La Vie » pour parler d’un Droit qui laisse peu de gens indifférents, avec une volonté affichée de dénigrement : les défenseurs de ce droit deviennent, grâce à une formulation cauteleuse, des pro-euthanasie. L’escroquerie intellectuelle est flagrante, d’autant qu’à lire l’article en entier (c’est là) on constate que trois lignes sont exprimées : ceux qui appellent à un renforcement des soins palliatifs, les inconditionnels de la responsabilité individuelle et ceux qui considèrent la vie comme sacrée », comme l’analyse François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France,  qui ajoute, réaliste : « Il n’y a pas de front uni entre les religions. » Aveu singulier d’un chrétien qui, par là, indique sans l’ombre d’un doute que les Églises chrétiennes, toutes confessions confondues, se serviront néanmoins de cet argument pour s’opposer à toute avancée législative vers ce droit qu’elles réfutent au nom de la vie qui serait sacrée et n’appartiendrait donc pas à celui qui la vit !

Le Grand rabbin de France,  Haïm Korsia, présentant le point de vue du judaïsme, s’est quant à lui servi du « Point Godwin »[1] en pratiquant un singulier amalgame avec la Shoah : «Toute l’éthique médicale est basée sur le refus absolu de ce qui s’est passé dans les camps de la mort et plus particulièrement à Auschwitz. ». Fermez le ban !

Quant au président Macron, fidèle à ses stratégies en demi-teinte, il a joué au mystérieux et s’est contenté de disserter sur l’oxymore « suicide assisté » sans révéler son point de vue personnel, puis prenant congé, il a glissé à quelques-uns de ses hôtes qu’il reverrait les représentants religieux à la fin des débats sur la bioéthique. On connaît le tropisme du Président pour la chose religieuse, il y a donc beaucoup à redouter de son penchant néo-concordataire sans cesse affiché, qui semble être central pour lui.

La droite a trouvé son Sapeur Camember.

« Au lendemain de la diffusion sur TMC d’extraits de sa leçon de management donnée dans une école de management lyonnaise, durant laquelle il a étrillé une bonne partie de la classe politique, Laurent Wauquiez a dénoncé la diffusion de ses propos enregistrés « de façon illégale » et menace même de « suites judiciaires ». Sanglots longs après passage éléphantesque dans magasin de porcelaine.

Gonflé et peu crédible, le nouveau patron des LR ! En des temps où le moindre galopin de 7/8 ans s’estime déshonoré s’il na pas son portable, imaginer que des élèves d’une école de management n’en auraient pas et, pire, compter sur la « loyauté » de ceux-ci pour ne pas enregistrer ses propos, relève soit de la niaiserie soit de l’enfumage. Pour notre part nous conclurons à l’enfumage, car nous ne croyons pas à la niaiserie de ce « premier de la classe », comme aiment à le décrire ses partisans.

Alors : Stratégie ? Fabrique de « buzz », histoire d’exister dans les médias et sur les réseaux sociaux ? Coup de pied en vache (celui qui est donné latéralement, l’anti-ruade) ? Sans doute tout cela « en même temps ». Mais ce qui sans doute n’est pas voulu et relève donc de l’acte manqué, c’est qu’apparaissent la grossièreté d’un personnage déjà peu sympathique et surtout sa déloyauté radicale envers ceux qui l’ont fait et porté là où il est. Le retour de bâton est aussi violent que la teneur des propos. La stratégie du « ça passe ou ça casse » a ses limites. Damned, encore raté !

Le rapport Spinetta sur  la SNCF répond à trois urgences macronienne : libéraliser, libéraliser et libéraliser…

Surfant sur l’apathie d’une opposition quasi inaudible, Macron et Philippe avancent leurs pions. La grande entreprise de privatisation et, concurremment de flinguage de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un « statut » exécré, accusé de « manque d’agilité », par Spinetta, est en cours et elle va vite. Les Français à qui on rabâche que le mal a noms « fonction publique » et « fonctionnaires » regardent, complices, sans s’aviser que depuis quelques décennies, on a fermé bureaux de poste, écoles, perceptions, hôpitaux etc., désertifiant les campagnes et laissant les usagers orphelins de services de toutes sortes. Tout va bien, ça continue et on s’en vante. « La maison brûle et [les Français] regardent ailleurs », comme dirait l’Autre. En attendant, tout a été misé sur le TGV et  l’abandon les lignes secondaires, dont les décideurs se sont défaussés sur les collectivités locales, qui n’en peuvent mais, désargentées qu’elles sont par les politiques d’austérité.

Il ne reste dorénavant plus que les syndicalistes pour d’opposer à une tabula rasa qui risque fort d’être désastreuse (Cf. l’expérience anglaise).

« Depuis sa prise de fonction, le président de la République développe une vision singulière de la place des religions dans la société. En butte aux critiques d’une partie de l’opinion qui prône une laïcité sans concession, il semble décidé à éviter l’instauration de toute « religion laïque (sic) ».

Ce commentaire énamouré est placé en « chapô » d’un article de « Témoignage Chrétien ». Qu’on en juge : « Même si, dans son projet, [le Président] a intégré la dimension plurielle de la France religieuse de 2018, il se situe en fait dans une conception libérale de la loi de 1905. « Emmanuel Macron établit une distinction extrêmement précise entre ce qui relève du politique et ce qui relève du religieux. Mais il ne ferme pas la porte à une collaboration mutuelle active », analyse l’historienne de la laïcité Valentine Zuber. Étonnamment pour un président français, Emmanuel Macron affiche un grand respect pour la foi religieuse… ». On ne peut être plus clair ni plus inquiétant.

Après la fusillade dans un lycée de Floride, Trump dans ses œuvres… et à coté de ses pompes.

« Prières et pensées », voilà ce que la Maison Blanche a offert aux victimes de la fusillade qui a frappé ce lycée de Floride, mercredi 14 février. Le président avait dénoncé, en octobre 2017, comme le gouverneur Rick Scott ce mercredi, un « mal absolu ». Il a estimé aussi à plusieurs reprises que la multiplication des tueries, un phénomène spécifiquement américain, relève surtout d’un problème de santé publique. Donc: soit il a une vue religieuse, le mal absolu (Vous savez, Satan, le Diable), soit il se défausse sur un problème de santé mentale, (La chasse aux « dingues » est ouverte ?) Mais toucher au lobby des armes, pas question.

Toutefois, ce 20 février aux États-Unis, un sondage a fait état d’une évolution de l’opinion publique quant aux armes à feu. Quelque deux Américains sur trois (66%) se disent ainsi favorables à des lois plus strictes sur les armes à feu après la fusillade de Floride, la majorité la plus nette à se dégager depuis 2008, selon l’enquête menée par l’institut Quinnipiac. Alors Trump est contraint à un petit effort : il a parlé mardi 20 février de sa volonté d’interdire les mécanismes, connus sous le nom de « bump stocks », utilisés par le tueur de Las Vegas en octobre dernier, et qui permettent à un fusil de tirer en rafales quasi-automatiques.

Ça reste quelque peu faiblard, mais la sinistre et très pro-Trump NRA (le lobby des armes à feu) veille.  Alors… alors, alors… le génie de la Maison Blanche propose d’armer certains profs ! Étrange…

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