Guyane, LA MEMOIRE BAFOUEE

19 Juin 2015

François PUZENAT, qui fit la classe aux Indiens Wayanas de la forêt amazonienne de Guyane, s’était lié d’amitié à un proche de Nelson Mandela -évêque de son état- qu’il a accueilli et introduit auprès de ses amis indiens. On a beau être le meilleur des hommes, on n’en est pas moins clerc et prosélyte. L’évêque revint en forêt guyanaise, mais pour y mettre en œuvre une évangélisation systématique et magistralement organisée.

Ce texte –poème destiné à fournir les paroles d’une chanson-, rédigé peu après les massacres de janvier 2015 à Charlie Hebdo et au magasin juif de Vincennes, est la réaction d’un humaniste athée

François PUZENAT a écrit « Guyane, LA MEMOIRE BAFOUEE »

Depuis que l’Homme est sur la Terre

Vous ne cessez de répéter

« Aimez, aimez votre prochain »

Et vous ne cessez de prêcher

Qu’on baise les pieds de vos saints.

« Aimez-vous fort les uns les autres »

Clamez-vous dans vos homélies

Et vous dépêchez vos apôtres

Nous infliger vos prophéties.

Vos rabbins et tous vos pasteurs

Vos imams et tous vos curés

Sont de tristes prédicateurs

Qui jamais n’ont su écouter.

Voient-ils que l’autre est différent

Dans son refus ou sa piété

De l’occident à l’orient

Que l’Homme croie ou soit athée ?

Depuis que l’Homme est sur la terre

Depuis que l’Homme s’est mis debout

On a jeté l’homme en prière

On a mis les hommes à genoux.

Quel dieu voudrait que sur la terre

On assassine les enfants

Qu’on viole et tue filles et mères

Qu’on égorge les mécréants ?

Quel dieu, quand claquent vos bannières,

Ordonne de mettre à genoux

Les Indiens, tous les pauvres hères

Qui s’acharnent à vivre debout ?

Au Moyen-Age c’était la guerre

Sainte disiez-vous en priant,

Une épée contre un cimeterre

Un chrétien contre un musulman

Une sourate contre un pater

Une bible contre un coran

Tout ça conduit au cimetière

Les infidèles et les croyants.

Depuis que l’Homme est sur la terre

Depuis que l’homme s’est mis debout

On a jeté l’homme en prière

On a mis les hommes à genoux.

On brûlait les livres naguère

Pour ne garder qu’une opinion

Les bûchers brûlaient les sorcières

Le sabre armait le goupillon.

Aujourd’hui vos ministères

Ne sav’ plus à qui se vouer

Pour conquérir tout l’univers

Et imposer vos vérités.

On refuse vos muselières

On veut vivre tout simplement.

Jetez aux orties vos œillères,

Vos robes, vos déguisements.

Vos églises et vos cathédrales,

Vos synagogues, vos mosquées,

Vos temples sont tristes escales

Où se noient tous les naufragés.

Depuis que l’Homme est sur la terre

Depuis que l’Homme s’est mis debout

On a jeté l’homme en prière

On a mis les hommes à genoux.

Vous avez toujours fait la guerre

Vous n’avez jamais su rêver

Saurez-vous donc un jour vous taire ?

Saurez-vous un jour accepter

Qu’on puisse s’aimer sans barrière

Sans votre avis, vos boniments ?

Laissez-nous accoupler la paire

Hommes ou femmes, comme on l’entend.

Et puis dans vos foutues boutiques

Où vous ne vendez que du vent

A la place de vos cantiques

Laissez-nous entonner nos chants

Dont les paroles hérétiques

S’élèveront joyeusement.

Nos ave si peu catholiques

Ranimeront tous les gisants.

François PUZENAT, instituteur, Indien wayana d’adoption.

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1 Commentaire

  1. Roger

    Excellent.Je vais essayer de l’apprendre pour en faire profiter les amis…à défaut de pouvoir la chanter.

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