A la recherche du bonheur

6 Août 2013

 » Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »  Ainsi s’expriment les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique dans la déclaration de Boston du 4 juillet 1776.

Ce droit au bonheur, on le retrouve dans l’article préliminaire de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « … que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous. ». En 1944 enfin, le CNR publie son programme avec pour sous-titre « Les jours heureux ».

On le voit, et c’était une idée nouvelle, les révolutionnaires ont appelé de leurs vœux le bonheur de tous et tenté de mettre en chantier des sociétés qui y mèneraient. On sait qu’il y a encore fort à faire pour y parvenir et même que sous certains aspects, nous assistons à une régression générale sous les coups répétés de la théologie économique ultra libérale, de même que traditionnellement s’y opposent les autres théologies, celles des trois monothéismes.

Pour ces derniers, à partir de la légende de la Genèse et du péché originel qui les fonde, les hommes portent collectivement un fardeau irrécusable qui entretient auprès des adeptes un sentiment de culpabilité permanent, (c.à.d. dans le repentir et souffrir pour atteindre une bien peu probable apothéose dans un arrière monde), difficilement conciliable, on en conviendra sans peine, avec l’épanouissement du bonheur et l’avènement des jours heureux. Ajoutons à cela les interdits alimentaires, sexuels et autres, la misogynie assumée et la violence consubstantielle à toute entreprise prosélyte se croyant missionnée par la divinité ; force est alors de dresser le constat que le terrain propice au bonheur n’est pas à rechercher de ce côté. L’aile agressive et militante, qu’on désigne globalement sous les noms d’intégrisme ou de fondamentalisme est extrêmement dangereuse en ce qu’elle s’oppose bec et ongles aux systèmes démocratiques qui les nient et sont seuls en capacité d’entreprendre une recherche du bonheur pour tous. Ces gens rêvent sans le dire, mais aussi parfois en le disant, de théocratie et donc de la fin du gouvernement du peuple pour et par le peuple qui représente l’horreur absolue pour ces « fous de dieu » comme ils aiment se définir. Dieu tout puissant, miséricordieux et toutes ces sortes d’élucubrations aux manettes, et basta ! À la niche, soumettez-vous ! Dix-sept siècles de domination et de cautèle chrétienne nous ont enseigné comment des religieux alliés au pouvoir séculier dans des rapports quasi incestueux pouvaient s’y entendre pour asservir, martyriser et… s’enrichir sans vergogne.

S’agissant des théologiens de l’ultra libéralisme, le désastre qu’il nous est loisible de contempler ici et maintenant se passerait presque de commentaires quand à la recherche du bonheur. Les épigones d’Hayek, Thatcher, Reagan et les autres, pour qui « il n’y a pas d’intérêt général, mais seulement des intérêts privés », ont montré en quelle estime ils tiennent les peuples, les Hommes étant réduits à n’être que des variables d’ajustement. Par ailleurs, l’alibi démocratique cher au discours libéral ne tient plus : leurs agissements sous Pinochet naguère et la contemplation de l’explosion économique de la Chine communiste aujourd’hui montrent de toute évidence que la démocratie leur importe peu et n’est pas nécessaire et moins encore suffisante pour leur rapace épanouissement. Rien ne les intéresse que le moins d’état possible chaque fois que cela est possible, et quand cela ne l’est pas, une bonne dictature qui tient les peuples en respect reste l’idéal pour commercer, piller, agioter et s’enrichir sans entraves. Donc surtout pas d’état fort, ou alors un état qui lesprotège, eux.

La recherche du bonheur, le bonheur pour tous, les jours heureux, quel beau programme pour des citoyens décidés à reprendre en main leur destin. Belle utopie aussi ? Allons ! Nous n’avons que faire de ces théologies mystiques ou économiques qui ne voient en nous que des êtres soumis ou des consommateurs moutonniers et pas des êtres de chair et de sang qui pensent, qui aiment et qui souffrent aussi. Nous ne sommes pas dupes.

Gilles Poulet

Août 2013

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1 Commentaire

  1. LECLERCQ

    L’Article mentionne la genese, avec un Dieu qui culpabiliserai. Ne confondons la Bible, encore moins le noveau testament (l’ancien c’est fini) avec les rites de la religion catholique.

     Dans le Nt testament tous les jours sont identiques, tous les aliments peuvent êtres mangé, il n’y a pas de cérémonies pour les enfants (Seul des adultes consentants sont batisés), pas de
    cérémonies de mariages ou enterrement. Se sont les religions pour entretenir leurs affaires qui ont inventés cela. On y hait pas les homosexuels ect… Il faut lire pour en parler. L’ancien
    testament ou le premier s’est terminé il y a deux milles ans, tout comme le peuple Juifs (Avec comme marque la circocision). Je n’ai pas de religion, mais je connais les Ecritures Biblique et ce
    avec un oeil laïc.

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