La République contre son école

4 Déc 2011

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Note de lecture

La République contre son école

Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi (Demopolis,octobre 2011,330 pages, 21€)

Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi nous gratifient d’un second ouvrage, positionné sur la même thématique que son prédécesseur. Pour les auteurs – c’est évident – il s’agit de « poursuivre l’œuvre d’information citoyenne initiée en 2008 », c’est-à-dire l’année de la parution de Main basse sur l’école publique.

Ce premier livre faisait une constatation sans concessions du délitement de l’école publique, sur laquelle, depuis fort longtemps, une OPA réactionnaire était lancée. Le second ouvrage va encore plus loin sur l’analyse du démontage opéré par les tenants d’une école prétendue libre. Certainement libre pour aider à la déstructuration de la « laïque » ; libre aussi pour participer à son dépeçage systématique.

Le titre, un brin provocateur, pourra peut-être décontenancer le lecteur. Pourtant, il ne gâte en rien le contenu. L’ouvrage dresse un constat accablant, dramatique et, disons-le, alarmant ! Le style est clair et direct. Il va à l’essentiel sans s’encombrer de formules tarabiscotées, chères à tous les spécialistes dignes des grandes écoles. Pour nous, l’objectif fixé par les auteurs est atteint. La république est devenue folle ! Ceux qui la dirigent agissent contre l’école publique, celle-là même qui a su construire patiemment l’identité républicaine.

En premier lieu, nous trouvons nos gouvernants, plus de droite que de gauche. A propos de ces derniers, les auteurs nous semblent quelque peu timorés. Le personnel politique a fourni, depuis la loi Debré et même avant, autant de verges pour fouetter avec violence l’institution. Les causes en sont établis et fort bien détaillées par nos auteurs.

Ensuite évidemment, nous retrouvons l’église. Elle qui cherche, d’une façon ou d’une autre depuis 1905, à reprendre la main sur la société civile, une société qui ne la reconnaît plus en termes de fréquentation religieuse. L’enseignement privé : de la maternelle à l’université en passant maintenant par les jardins d’enfants, reste son principal cheval de Troie pour tenter la reconquête.

Enfin, une troisième équipe, toute transversale, celle des tenants du libéralisme et du néo-libéralisme. Au nom de la « sacro-sainte » liberté, elle entend placer sur le même pied d’égalité, par la concurrence, les deux principales structures d’enseignement. En bref, de joyeux larrons fort décidés à travers leurs multiples et influents réseaux, à réduire, sinon détruire, l’école des hussards de la République.

Tout cela est relaté dans ces trois cent pages qui nous démangent du début jusqu’à la fin. Vous l’avez compris : les auteurs ne prennent ni gants ni quatre chemins pour démonter les méthodes employées par ces puissants commanditaires. Au scalpel et sans anesthésie locale, ils attaquent les chairs vives de ses fossoyeurs de la « laïque ».

Alors, Ami lecteur, court vite te procurer ce livre. Après en avoir fermé la dernière page*, nous formons l’espoir que tu auras un magnifique sursaut citoyen. Tel est le pari que font Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi. En cette fin d’année qui se profile, nous ne pouvons pas formuler d’autre vœu …sinon celui de sa réussite éditoriale.

Roland BOSDEVEIX

* Deux annexes fort instructives : expansionnisme de l’enseignement privé et réseaux communautaires, bouclent l’ouvrage.

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