Lettre au Député Jean Lasalle

1 Oct 2013

ADLPF La Libre Pensée Faire vivre la démocratie Lettre au Député Jean Lasalle

Cercle Maurice Allard, 17 Rue Ternois, 69003 Lyon            le 25/09/2013

Tel : 06 14 63 00 24/ www.libre-penseur-adlpf.com

Monsieur le Député, Jean Lassalle,

Vous avez rencontré notre association lors de votre venue à Lyon le 13/08/2013 et nous vous en remercions.

Vous avez également, à cette occasion, dialogué avec des représentants de différents cultes.

Nous avons pris connaissance du compte rendu de Monsieur Jean-Christophe Loric concernant ces différentes rencontres.

Tout d’abord, permettez-moi de vous signaler que certains de mes propos ont été mal compris ou interprétés. En effet, il est écrit « par ailleurs, la religion intervient de plus en plus dans la sphère politique mais elle ne doit pas aller trop loin ». Cela n’est pas la conception de l’ADLPF attachée au respect de la loi de 1905, qui stipule une stricte séparation des pouvoirs. Les religions n’ont pas à s’occuper de la politique comme les partis politiques ne doivent pas s’occuper de la théologie. Qu’elles s’occupent des « âmes » de leurs fidèles, des rites religieux. Quant à la fin de l’article : « Lors d’un débat d’idées, on peut être pour ou contre mais dans le respect ». Je n’appelais pas à un dialogue avec les religions, mais pointais le fait que les religions n’aiment pas être critiquées et que nombreux de ses fidèles menacent ou ont des comportements violents pour faire taire ou interdire ce qui « les choque ». Or, une démocratie ne doit pas non seulement accepter cela mais s’y opposer fermement. Les religions doivent apprendre à respecter ceux qui tournent leur regard vers l’humanité et non vers le ciel …

Nous souhaiterions, aussi, vous faire part de notre consternation à la lecture des propos de certains représentants religieux qui affirment « respecter » la laïcité tout en la critiquant.

Ainsi, le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, déclare « qu’il y a une instrumentalisation de la laïcité pour faire face aux extrémistes religieux ». Puis il rajoute « par exemple : concernant le port du voile, on monte l’opinion publique contre celui-ci, ce qui échauffe les esprits ». Apparemment, le grand rabbin n’est pas inquiet de la montée de l’extrémisme religieux générant de nombreux morts au nom de Dieu, d’Allah, y compris en France… Ce qui l’inquiète, suprême paradoxe, les laïques qui ne tuent personne… L’année dernière, il y a eu à Villeurbanne, des juifs portants la kippa qui furent agressés, non pas par des laïques ou des athées, mais par des musulmans.

Malheureusement, l’Histoire comme les actualités nous rappellent que les religions se sont et continuent de s’affronter très violemment. Nous ne sommes pas dupes. Ce qui inquiète le rabbin c’est qu’une une loi interdisant, un jour, le voile islamique (sur la voie publique, dans les facultés…), puisse également concerner aussi le port de la kippa. Il défend ainsi, non pas la paix civile, mais l’intérêt de sa communauté religieuse.

Mais, ce sont les propos du recteur de la Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, qui nous paraissent les plus inquiétants. Prenant prétexte d’une tentative d’attentat de la part d’un militaire contre une Mosquée, il vous demande solennellement, ainsi qu’à Mr. Valls, la mise en place d’une commission parlementaire de lutte contre l’islamophobie.

Il semblerait que vous soyez prêt à soutenir cette requête en écrivant aux différents présidents de groupe à l’Assemblée Nationale. Si tel était le cas, cette initiative serait extrêmement grave. Tout d’abord, pourquoi la seule islamophobie ? Et non pas la christianophobie, la judéophobie, la bouddhistophobie…? Il s’agirait là, d’une proposition de loi d’exception, c’est-à-dire profondément antirépublicaine, destinée à une communauté religieuse, qui aurait ainsi une loi spécifique rétablissant le délit de blasphème. Or, la République ne reconnait pas les communautés, mais les citoyens tous égaux devant la loi. La République c’est l’égalité des citoyens quel que soient ses origines ethniques, ses opinions politiques, philosophiques, religieuses… Ce principe est issu de la philosophie des Lumières qui a mis en avant la liberté de conscience et l’individu en opposition à une religion d’Etat et des communautés. C’est la Révolution française qui a aboli le délit de blasphème, auparavant, Voltaire, Diderot et bien d’autres voyaient leurs œuvres interdites pour provocation envers la religion.

Le délit d’islamophobie ramènerait notre pays à cette époque, à plus de deux cents ans en arrière ! Les croyants ont le droit de pratiquer leur religion, mais les incroyants ont aussi le droit de critiquer les religions. Les religions ne sont que des pensées comme les autres sujettes à l’interrogation humaine.

Nous tenons à attirer votre attention sur certains sites musulmans. Vous pourriez constater que sont répertoriés des sites « dits islamophobes » selon leur « dialectique ». S’y trouve, dans une sorte de grand fourre-tout, des sites d’extrême droite, mais aussi les sites des Libres Penseurs, de toutes les associations laïques, des associations féministes. L’islamophobie, c’est le moyen pour faire taire celui qui critique l’islam, empêcher le dessinateur de faire un portrait de Mahomet, d’interdire les romans de Rushdie, interdire des films comme Persépolis(rappelez-vous des émeutes en Tunisie à cause de musulmans qui n’étaient pourtant pas obligés de regarder ce film).

Bref, un pays où, au nom du respect d’une religion on censurerait tout n’est plus une démocratie. La République c’est, entre autres, la liberté de conscience, d’opinion et expression sous toutes ses formes !

Pour notre part, nous ne voulons pas voir le retour d’autodafé comme pendant l’Inquisition (dont le rôle était de protéger la religion catholique) ou comme il s’en pratique aujourd’hui dans certains pays musulmans. Notre arsenal législatif permet de condamner ceux qui appellent au racisme, à la xénophobie, au meurtre, qui veulent commettre un attentat, pour les menaces ou la dégradation de biens ou de lieux. D’ailleurs, ce militaire, qui voulait tirer sur une Mosquée, a bien été arrêté et il est en attente d’être jugé. Nul besoin dans ces conditions, de faire une loi contre l’islamophobie !

Nous nous permettons de vous rappeler, que toutes les religions condamnent fermement l’athéisme. Dans certains pays, l’apostasie est punie de mort. Devons nous pour cela vous demander une commission parlementaire concernant l’athéophobie ? Nous pourrions, à ce titre, alors, demander l’interdiction du Coran, puisque dans plusieurs sourates, Mahomet appelle ses fidèles à tuer les infidèles… Mohamed Merah est bien d’autres ont mis en pratique le crime au nom de Dieu…

Comme vous l’avez compris nous sommes fortement attachés à la République, à ses valeurs et à ses institutions et à son amélioration. Aussi nous nous interrogeons concernant votre démarche. Vous avez fait le choix de déserter pendant de nombreux mois l’Assemblée Nationale. Or vous êtes député, élu pour œuvrer à l’élaboration de la loi commune, celle de la République. Que se passerait-il pour notre pays si tous nos députés agissaient comme vous ? N’est ce pas remettre dangereusement en cause notre système de représentativité ? Comment justifier ne pas effectuer ce pour quoi vous êtes rémunéré ? Nous supposons que vous avez renoncé à vos indemnités parlementaires correspondant à votre absence ?

Dans l’attente de votre réponse nous vous adressons, Monsieur le Député, nos salutations laïques et républicaines,

Régis Boussières

Président de l’Association

Documents PDF concernants cette lettre: [….ici…] et […ici…]

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2 Commentaires

  1. denis pelletier

    Cette mise au point sur la laïcité est opportune et même nécessaire. Néanmoins, mes chers camarades lyonnais, je me permets une petite critique. Lassalle, l’un des deux élus du Modem, a choisi
    d’aller à la rencontre des citoyens et des associations plutôt que de glander et somnoler dans l’hémicycle. Il ne « déserte » pas. C’est sa façon originale d’assumer sa respnsabilité d’élu. A mon
    avis, il n’est pas plus inutile à la rencontre du groupe Maurice Allard qu’à faire de la figuration à l’Assemblée. Pourquoi avez-vous accepté de le rencontrer si vous n’êtes pas d’accord avec
    cette démache? Pour les votes en séance, il peut toujours déléguer sa voix à son collègue Robert, de La Réunion, qui, lui a choisi de rejoindre les rangs des haricots de gauche, pardon des
    radicaux de gauche. Quant à lui reprocher d’accepter son indemnité parlementaire, est-ce bien nécessaire ? Il est exempt, lui, de tout soupçon de corruption et d’affairisme. Sur ce plan,
    l’Assemblée et le Sénat ne manquent pas gens qui pourraient eux, à juste titre, être cloués au pilori.

    Salut et Fraternité.

  2. régis

    Pour répondre au commentaire de Denis, je tiens à apporter quelques informations complémentaires. Nous ne connaissions pas les intentions ni le sens de la démarche réelle de J. Lassalle quand
    nous l’avons rencontré. Son staff nous ayant demandé de les rencontrer deux jours avant son arrivée, ce qui laisse peu de temps pour s’informer et donner une réponse. A priori, on ne refuse pas
    les demandes de rencontre d’un élu de la République, c’est pourquoi nous y sommes allés.

    Par la suite, nous avons constaté que nos propos avaient été mal retranscrits mais en plus non compris, puisque la revendication  de délit islamophobie a été retenue par Jean Lassalle, au
    contraire de notre demande de défendre la liberté d’expression. D’où notre insatisfaction. 

    On se demande, après coup, si n’avons pas servi de caution « on a vu tout le monde » même des laïques, c’est dire… Mais, au final on en retient que les demandes des religions. Nous craignons
    qu’il se serve de l’alibi « j’ai rencontré la France profonde » pour se valoir d’une légitimité qui ouvrirait la porte à nos craintes.

    Enfin, il peut être remplacé par son suppléant, mais là, il a été absent des mois entiers ! Ces électeurs ont voté pour lui, pas pour son suppléant. Au risque de nous répéter qu’adviendrait-il de
    la souveraineté nationale s’il prenait l’idée farfelue à tous nos élus de faire comme M. Lassalle?

    De plus, ces rencontres, même si elles peuvent paraitre comme de bonnes initiatives, peuvent vite être un ramassis de discussion de comptoires où chacun vient lui dire son point de vue ou on
    vient faire sa demande personnelle.

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