Un pasteur violeur !

20 Nov 2009

Patrick Tondeux/19 novembre 2009 | Cour correctionnelle. En haut à doite parmi le public, un soldat de l’Armée du Salut.

Au centre l’accusé. Autour de lui, des victimes.

«Il avait toujours une bible sous le bras»

PROCES | Un ex-capitaine de l’Armée du Salut est jugé pour viol et contrainte sexuelle.

CATHERINE FOCAS | 20.11.2009 | 00:03 ( Tribune de Genève)

«Après, il a refermé son pantalon et il est parti sans rien dire. Et moi, je suis entrée dans la douche. J’y suis restée des heures. Si longtemps que la baignoire a débordé.» Devant la Cour correctionnelle, Teresa raconte comment ce capitaine de l’Armée du Salut, un Péruvien de 56 ans, a quitté l’appartement après l’avoir violée.

«J’avais envie de crier»

Elle poursuit: «Après ce viol, j’ai continué à me rendre à l’Eglise. Je me mettais au premier ou au deuxième rang et je le regardais. J’avais envie de crier publiquement ce qui s’était passé, j’avais envie de hurler.» Deux autres plaignantes ont décrit les souffrances infligées par ce personnage «respectable» qui «se promenait toujours avec une bible sous le bras».

Un homme rond, à l’air jovial, qui conteste les accusations de viol et de contrainte sexuelle. Durant le récit des trois femmes, il consulte, absorbé, un classeur de pièces.

Clandestines, elles avaient peur

L’une des plaignantes était venue lui demander des nouveaux habits. Il a profité du moment où elle les essayait pour la caresser. L’autre cherchait un logement pour un ami, le prévenu a exigé une fellation. Quant à la troisième, elle a vu cet homme pénétrer presque de force dans son appartement du Centre Espoir avant de la violer.

Une représentante du Centre Suisses-immigrés a reçu trois autres femmes affirmant qu’elles aussi étaient victimes du pasteur. Pour la première, les actes étaient prescrits. Les deux autres ne voulaient pas porter plainte. En situation irrégulière, elles avaient trop peur de l’accusé perçu comme un homme puissant, jouissant d’une grande considération au sein de l’Armée du Salut et n’hésitant pas à souligner ses bons rapports avec la police et les autorités.

«A l’époque, j’avais peur. Je ne savais pas qu’une clandestine comme moi avait aussi des droits, observe une plaignante. Je ne connaissais pas l’existence du Centre LAVI (ndlr: aide aux victimes) et ne pensais pas que la police pouvait m’aider.» Voilà pourquoi les trois femmes n’ont dénoncé les faits qu’en 2005. Le prévenu a aussitôt été chassé de sa corporation.

Récemment, sa propre fille l’a accusé d’abus sexuels. Les actes sont prescrits. Mais la partie civile et le Ministère public voulaient que la Cour prenne en compte son témoignage. Les juges l’ont écarté de la procédure. Ils estiment qu’il n’y a pas de lien entre ces événements et l’affaire en cours. Le procès se poursuit.

 

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