Ramasse Miettes N°141 21 juin 2019

25 Juin 2019

La logique de la société de consommation

Rien ne pourrait l’arrêter, ou plutôt si ! Le fait qu’il n’y ait que sept jours dans une semaine… encore qu’opter pour le décadaire serait une sacrée bonne idée. Songez, un jour de relâche tous les dix jours, quel pied pour la grande distri ! Voir débarquer chez elle les cohortes d’accros au caddy pour vider rayons et autres têtes de gondoles, le rêve.

Un hypermarché Cora de Bretagne a licencié « pour faute grave » deux de ses employés qui refusaient de travailler le dimanche. Des salariés témoignent auprès de France-info des pressions pour les contraindre à travailler ce jour-là.

Il ne fait pas bon résister à l’ogre consumériste.

« Pour 500 balles t’as plus rien, sauf de emm… »

Une perquisition menée fin 2017 à Paris a mis au jour un usage régulier, par Nicolas Sarkozy de liquide en grosses coupures, conduisant à l’ouverture d’une enquête par le Parquet national financier (PNF). Une enveloppe découverte lors de cette perquisition contenait « un chèque de 2 000 euros » pour l’achat d’une antiquité au nom de l’ancien président, « ainsi que quatre billets de 500 euros.

C’est comme pour ce malheureux Balkany, on reproche toujours aux mêmes l’utilisation de grosses coupures. Mon voisin du dessous qui trime sur la voirie me confirme qu’à lui au moins, on ne cherche pas ce genre de poux dans la tête. Heureux homme !

L’autre opium du peuple

La religion a été dénoncée, à juste titre, comme l’opium du peupleEntre autres fariboles aliénantes, elle s’appuie sur l’Eucharistie, qui est à proprement parler la manducation du corps du Christ. Alors, manducation pour dévoration, d’autres marchands d’illusion viennent de franchir le pas.Ça se passe au Canada : Des produits comestibles à base de cannabis y seront vendus dès la mi-décembre, a annoncé le 14 juin le gouvernement, mais les produits susceptibles de plaire aux enfants, comme les bonbons ou les sucettes, ne pourront pas en contenir.  Encore un manque à gagner !

Comparaison n’est pas raison

Un jeune homme de 20 ans a été condamné le 14 juin par le tribunal correctionnel de Versailles à une peine de six mois de prison ferme avec mandat de dépôtpour vol dans le magasin Franprix de Conflans-Sainte-Honorine où il avait dérobé un sandwich au thon et deux bouteilles de jus d’orange, pour une valeur totale de moins de 5 euros. On ne plaisante pas avec la boustifaille chez Franprix.

Balkany, qui a tant de fois échappé à toute poursuite malgré ses innombrables présumées turpitudes, s’en tire mieux : il est libre, lui ; du moins jusqu’au verdict attendu en octobre. Fraude astronomique d’un repu contre sandwich d’un affamé, la balance donne dans le « disruptif », comme dirait l’Autre. En plus le Balkany,qui nie tout y compris les évidences, se permets une apostrophe adressée aux procureurs que le gamin au sandwich ne pouvait même pas envisager :  « Avec vous, il vaut mieux tuer quelqu’un. Vous êtes aussi haineux que médiocres. » En termes de médiocrité, Balkany est un expert.

L’effet de foule ou désindividuation en groupe, qui désigne le fait qu’être dans un grand groupe ou dans une foule, peut nous amener à adopter des comportements antisociaux ou simplement aberrants que nous n’envisagerions même pas en temps normal. Ce phénomène est bien connu et il existe des chefaillons très doués pour l’instrumentaliser.

Ce qui l’est peut-être moins, ce sont les ressorts du lynchage en meute sur les réseaux sociaux. On en connaît vraiment bien que les méfaits. Toujours est-il que cette pression-là, qui se nourrit de like, de link, de twitts et de retwitts peut faire se coucher un journal de référence tel le New York Times, ce qui n’est pas anodin et parfaitement désolant.

Certes le renoncement de ce grand quotidien à publier des dessins politiques, suite à une curée haineuse sur les réseaux sociaux, a logiquement provoqué un torrent de réactions outrées, il n’en demeure pas moins que la reculade ressemble à une défaite en rase campagne et qu’elle pose le problème de la liberté d’informer, y compris (et surtout?) avec humour.

Ménarnaqueur

La municipalité dirigée par Robert Ménard (ami revendiqué du Rassemblement national) a été condamnée par le tribunal de grande instance de Marseille pour concurrence déloyale et parasitisme envers le peintre muraliste Jean Pierson, dans un jugement rendu jeudi 13 juin (AFP.) Quand l’honnêteté intellectuelle est plus que douteuse, l’honnêteté tout court a peu de chance…

Le Québec enfin pleinement laïque.

L’Assemblée nationale de la province francophone du Canada a voté le projet de loi 21 portant sur la laïcité ce dimanche 16 juin. À l’issue d’un débat âpre et passionnel, le Québec est désormais un état laïque et les fonctionnaires en position d’autorité ne pourront plus arborer de signes religieux. Les bonnes nouvelles sont rares, savourons celle-ci.

Touchez pas à Radio France !

Le lundi 3 juin, la présidente de Radio France, Sibylle Veil, s’était bien gardée d’avancer les chiffres qui fâchent, en présentant son projet stratégique destiné à moderniser l’entreprise publique d’ici à 2022, devant le conseil d’administration et les organisations syndicales, mais le 6 juin, la directrice des ressources humaines, Catherine Chavanier a donné des précisions : la direction prévoit de supprimer entre 270 et 390 postes sur trois ans pour un effectif total de 4 600 personnes.

Les managers ultra libéraux ne savent faire que ça, « dégraisser » comme ils disent, pour eux la quantité primera toujours sur la qualité. Radio France en grève a réécrit  « l’Ode à la joie » de la Neuvième symphonie de Beethoven : « Nous refusons le chantage et les emplois supprimés/Votre projet n’est pas sage et vos scénarios erronés/Nous ne serons pas les victimes d’un pacte social déguisé/Qui menace nos programmes, nos missions et nos santés. »

… Et la qualité de Radio France.

Point d’orgues, le dernier combat avant reddition.

Cela se dit, s’écrit, voire se pavoise : les GAFA sont plus riches et plus puissants que certains états. Il faut s’en émouvoir car ils sont le bras armé du néolibéralisme, l’ennemi déclaré de l’État.

Faisons le point. Le néolibéralisme, « minarchiste » par définition, a dépouillé les états de nombre de leurs attributs régaliens : il a ses tribunaux arbitraux (adieu le monopole de la Justice), ses troupes privées (adieu le monopole de la violence militaro-policière), au moyen de ses « back offices » institutionnels, telle la Commission Européenne, il contrôle et censure les budgets (adieu la liberté d’élaborer des politiques économiques non orthodoxes), il a mis la main sur les ex banques centrales (adieu l’exclusivité de battre monnaie).

Eh bien, cela ne suffit plus ! Dorénavant, Mark Zuckerberg, le Pdg de Facebook, aura sa monnaie à lui, dévoilée mardi 18 juin, une monnaie virtuelle baptisée Libra qui doit lui permettre de s’imposer dans les paiements, les services financiers et le commerce en ligne dans le monde entier. Un projet qui suscite l’interrogation, voire l’inquiétude de certains États.

Libra nous de ne pas l’utiliser…

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