Ramasse-miettes n°85 : Revue de presse militante

17 Déc 2017

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La pacification est l’objectif premier de la loi de Séparation du 9/12/1905, dans un contexte bien différent du nôtre il est vrai, mais il n’est pas le seul.

« La loi exprime également l’idée d’émancipation par la raison. Elle a donc de facto partie liée avec la philosophie des Lumières ». Si l’on privilégie le premier aspect, le principe de laïcité est compris comme un principe fondamentalement juridique : le principe d’organisation de l’État et de ses institutions et qui donc traite les problèmes en s’appuyant sur les règles de la séparation et de la neutralité. Autrement dit, il s’agit de l’organisation opérationnelle des rapports de l’État avec les cultes. On voudra bien noter qu’il n’est nulle part mentionné, dans le texte de la loi, le terme de religion.

Si l’on  privilégie le second aspect, la raison, il acquiert une portée politique, et les contours de son application deviennent sujets à controverse – imagine-t-on les conséquences d’un parti religieux arrivant au pouvoir ? L’affrontement entre ces deux dimensions – pacification et émancipation – est ainsi à la source de la division de la gauche. La dimension d’émancipation est aujourd’hui prioritairement revendiquée par ceux qui souhaitent faire de l’État le protecteur, le rempart ultime face aux emprises communautaires… et j’ajouterais aux visées religieuses, éternel fer de lance de ceux qui veulent soumettre chacun à leurs lubies obscurantistes. Je crains par ailleurs que la « Raison » ne soit bien souvent qu’une caricature avancée par des gens aux troubles objectifs.

Lire la suite de cette analyse, ici.

Le potache de droite le plus trash et le plus déjanté s’appelle Robert Ménard.

Début décembre, le maire de Bézier a dévoilé sur son compte twitter sa nouvelle campagne d’affichage en faveur de l’arrivée du TGV en Occitanie. L’une des images a suscité l’indignation de nombreux internautes et élus. Au premier plan de cette affiche, une femme hurlant de peur est attachée à des rails. Au loin, un train aux allures de vieille locomotive se dirige droit sur elle. Le slogan de l’affiche qui complète cet ensemble est d’un goût exquis : « Avec le TGV, elle aurait moins souffert. ». Admirable en effet ! Mais cette idée de pub n’est que le plagiat de la vieille blague potache de la pub du quincaillier Dédé, qui met en scène le Christ en croix avec pour légende : « Avec les clous à Dédé, il est bien accroché ». Tollé général ! Comme on peut le deviner, aussi Dédé, toujours génial, fait-il modifier sa pub qui montre alors le Christ affalé au pied de la croix avec pour légende : « Avec les clous à Dédé, ça ne serait pas arrivé ». Ménard a les références qu’il peut. C’est là.

Un régime parlementaire impose que le Parlement ne soit pas muselé, entre autres, par la célébrissime « discipline de vote », chère à notre magnifique régime présidentiel.

Theresa May, la Première Ministre britannique, vient d’en faire les frais. Elle avait tenté, tout au long d’une rude et éprouvante journée au Parlement de Westminster, d’empêcher un amendement qui prévoit que : « tout accord final conclu avec Bruxelles soit ratifié par un vote contraignant du Parlement ». La chose a été rendue possible par la défection de 11 députés conservateurs rebelles. Theresa May, qui en juin dernier a perdu la majorité absolue, est dorénavant à la merci d’une fronde parlementaire ou, si l’on préfère, sous surveillance du Parlement.

Cette « défaite est une humiliante perte d’autorité pour le gouvernement », a taclé le patron du Labour, Jeremy Corbyn, tandis que la députée conservatrice Nicky Morgan, pro-UE twittait :  « Ce soir, le Parlement a repris le contrôle du processus de sortie de l’UE ».

Les fameux « Frondeurs » de Hollande, qui ne furent rien d’autre que du poil à gratter, peuvent en prendre de la graine : quand on a des convictions, il faut aller jusqu’aux conséquences possibles, y compris celle d’une dissolution, qui remet tous les mandats en compétition. Édouard Philippe n’aura sans doute pas ce genre de déconvenue à gérer.

Dans la feuille de route donnée début septembre à son ministre de l’intérieur, Emmanuel Macron chargeait celui-ci de « promouvoir une laïcité de liberté (…), permettant à chacun d’exercer son culte à la condition qu’il le fasse dans le respect des lois, de l’ordre public et des valeurs de la République ».

Dont acte. L’« instance de dialogue avec l’Église catholique » s’est réunie ce mardi 12 décembre à 16 h 30 à l’hôtel Matignon. Comme chaque année, elle rassemble, autour du premier ministre, les principaux responsables de l’Église de France – le nonce apostolique, les représentants de la Conférence des évêques et l’archevêque de Paris – et plusieurs ministres. Au menu deux volets qui ont traité, le premier des sujets techniques, dont la mise en œuvre du décret paru le 5 mai qui rend obligatoire la possession d’un diplôme « sanctionnant une formation civique et civile agréée » pour les futurs aumôniers pénitentiaires, hospitaliers et militaires « salariés ou nouvellement recrutés ». Les responsables catholiques s’inquiètent de la lourdeur de cette nouvelle formalité, qui visait principalement les aumôniers musulmans intervenant en prison, dans un contexte de lutte contre la radicalisation.

L’obligation d’acquérir ce diplôme universitaire (DU) aura un coût pour des aumôniers catholiques en grande majorité bénévoles ou faiblement rémunérés. Ne dites pas que l’Église est riche, elle se soucie assez peu de ses « bénévoles ». Second volet : un échange plus politique entre l’Église catholique et le gouvernement. Plusieurs sujets étaient inscrits au programme de cette deuxième partie, à la demande des responsables catholiques : « le mal-logement et les migrants », mais aussi « la méthode » retenue pour la prochaine révision des lois de bioéthique. Des thèmes chers aux évêques de France et sur lesquels ils ont planché lors de leur assemblée plénière d’automne à Lourdes. Miracle ! Voilà comment, tout doucettement, l’Église, pourtant priée par la loi du 9/12/1905 de ne pas chercher à influencer l’État, revient en force avec la bénédiction, si j’ose dire, des pouvoirs publics pourtant en charge du respect de la dite loi…

Mezetulle a publié une série d’articles sur le sujet brûlant « Religion et violence » :

Les religions portent-elles en elles la violence, et si oui certaines plus que d’autres ? Ou bien au contraire la violence religieuse est-elle un dévoiement de la religion authentique ? Ce débat en rejoint un autre qui a gardé toute son actualité depuis deux ans : le terrorisme djihadiste découle-t-il d’une radicalisation de l’islamisme, ou bien est-il simplement l’expression d’une révolte radicale dont l’islamisme ne serait que l’habillage, somme toute secondaire, et par conséquent innocent ?

Lire la suite de l’analyse de Jean-Noël Laurenti sur le site de la Gauche Républicaine. Vous y trouverez également les liens vers différents articles de média traitant du sujet parmi lesquels : Le Monde, Libé ou Bastamag.

Bonne lecture.

Chassez la naturel… Au procès de Georges Tron,

L’ancien secrétaire d’État poursuivi pour des agressions/pressions sexuelles sur ses collaboratrices, le traitement réservé aux accusatrices scandalise les féministes, car le président de la cour d’assises s’y montre particulièrement « brutal ».

Si brutal de ton et de forme que l’avocat de madame Virgine Faux l’a interpellé en ces termes : «  Monsieur le président je suis très surpris du ton de cet interrogatoire qu’on dirait sorti des années 50, où on semble découvrir un phénomène connu depuis 1914 qui s’appelle la sidération ».

Sidérant en effet ! Nos amies, nos épouses, nos filles et petites filles ont du souci à se faire, le mâle dominant et arrogant sévit ad vitam æternam : toute femme violée est une putain, plus ou moins consentante, plus ou moins provocatrice… j’en oublie ? Oui, sans doute ! C’est grâce à ces comportements indéfendables que Simone de Beauvoir a pu écrire à juste titre : « On ne naît pas femme, on le devient ». Oui ! On le devient sous la pression des mâles (otrus) qui, tout en proclamant, pour la plupart, l’universalité des droits de l’Homme et l’égalité qui en est la conséquence  logique, dénient de facto aux femmes cette égalité. Souvenons-nous que Olympes de Gouges, guillotinée par la Convention le 2 novembre 1793, eut droit à cette ahurissante épitaphe d’un journal de l’époque : Elle a été punie « pour avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe » en voulant « être homme d’État ». Abyssale et condescendante connerie masculine, éternellement remise à la mode au fil des siècles. Déni de justice, progrès enrayé et enlisé dans les pesanteurs machistes, bas de front.

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