La reconquista

11 Nov 2010

Bien qu’il ne soit resté que deux jours en Espagne, le Pape n’a pas été avare en déclarations ! Il a fait feu de tout bois contre la laïcité, le droit des femmes, l’IVG, le droit des homosexuels. Il entend bien reconquérir l’Europe, la rechristianiser, même si les peuples ne le veulent pas. Pour ce faire, en octobre dernier il a créé le Conseil Pontifical pour la Nouvelle Evangélisation.

A peine arrivé en terre d’Espagne – pays où le Vatican ne veut voir qu’une influence exclusivement catholique, mais qui est gouverné par un socialiste qui a fait des lois pour autoriser le mariage gay et pour élargir le cadre légal de l’avortement – le Pape, tel un croisé, n’a pas arrêté de condamner l’action du gouvernement espagnol et a appelé les catholiques à s’opposer à des lois votées démocratiquement.

Dès le premier jour, il fustige  la laïcité et l’athéisme : « le nom de Dieu doit de nouveau retentir joyeusement sous les cieux de l’Europe ». A l’en croire, la religion y serait quasiment proscrite. Les croyants y sont-ils opprimés ? Y aurait-il un pays d’Europe où la pratique religieuse serait interdite ? Les médias ne parlent-ils pas des religions et des déplacements du Pape, d’une manière très complaisante d’ailleurs ?

Puis B 13 ajoute : « c’est une tragédie qu’en Europe, surtout au 19èmesiècle, se soit affirmée et diffusée la conviction que Dieu est l’adversaire de l’homme et l’ennemi de sa liberté ». Le problème, c’est que les prélats, représentants de Dieu, étaient du côté des riches et des nobles ainsi que des dictateurs, comme Primo de Rivera en Espagne. Cela se concrétisera par l’emprisonnement d’ouvriers et de paysans, ou même par le meurtre via des nervis financés par le patronat. Mais cela le Pape « l’oublie ».

Quant au 20èmesiècle, le retour des calotins s’est concrétisé avec Franco, Salazar, Pétain, tous de bons croyants… aux mains couvertes du sang de ceux qu’ils ont massacrés. Alors, oui, Benoit, Dieu rime avec ennemi de la liberté.

Ratzinger affirme aussi que c’est une véritable « tragédie » qu’en Europe se développent les mouvements anticléricaux et athées. Une tragédie pour lui, c’est sûr. Pas pour les peuples qui ont conquis la liberté de conscience, le droit à l’expression, le droit de ne pas se marier, de divorcer, de prendre la pilule, ou de mettre un préservatif. Bien sûr il appelle à « une rencontre entre la foi et la laïcité, et pas à une confrontation ». Très bien, mais tout dépend de lui. Qu’il fasse ses sermons et ses prières avec ses fidèles et qu’il laisse les affaires d’ici-bas aux autres ; qu’il arrête de s’immiscer dans des affaires politiques ou sociales qui ne le regardent pas et qu’il s’occupe de ses curés en détresse sexuelle, il y a du boulot. C’est aux personnes de choisir si elles veulent se marier ou non, avoir des enfants ou non. Ce n’est pas à l’Eglise de le faire, elle qui dit défendre la « famille », alors qu’aucun des membres du clergé ne sait de quoi il parle puisqu’ils ne sont censés ni vivre en couple, ni avoir d’enfants. Que l’Eglise s’occupe de théologie et qu’elle laisse vivre les personnes comme elles le désirent…

Le lendemain de son arrivée, le pape fustige l’avortement, mais aussi la contraception ainsi que l’euthanasie et la procréation assistée. Il faut « respecter la vie » dit-il. Il demande que « soit défendue comme sacrée et inviolable la vie des enfants depuis le moment de leur conception » et il ajoute que la mort doit « intervenir à son terme naturel ». Si on suit cette logique, aucun curé ne doit se soigner, car les soins, ce n’est pas la nature, c’est même parfois tuer des virus ou des microbes (naturels et créés par Dieu) avec des médicaments chimiques (inventés par l’homme). C’est grâce aux progrès de la médecine que l’on vit plus âgé. La mort naturelle nous permettrait de vivre jusqu’à 60 ans maximum, comme il y a quelques siècles. Enfin le Pape dit que la nouvelle législation sur l’IVG est « insensée ». Il rappelle ensuite qu’il faut défendre la vraie famille, celle qui est fondée sur « l’union entre un homme et une femme »… avec beaucoup d’enfants, bien sûr.  Il faut que l’homme et la femme « s’unissent par le mariage » car, c’est bien connu, si on ne se marie pas, ce n’est pas une union et on ne constitue pas une vraie famille…

Bref, le Pape nous a rappelé à tous qu’il n’aimait pas la liberté de conscience, qu’il n’aimait pas respecter les choix démocratiques des peuples. Il se place au-dessus, car il se prend pour le représentant de Dieu sur terre. Il n’aime ni les droits des femmes, ni la sexualité hors procréation, ni les homosexuels, ni l’union libre, ni les divorcés, ni les athées, ni les laïques… Bref, il n’aime pas grand monde : Franco et aussi Sarkozy qui a droit au multi-divorce, puisque c’est un riche.

Les commandements de l’Eglise ne s’appliquent qu’aux peuples. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Voilà la morale de ces gens-là…

Régis Boussières

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1 Commentaire

  1. joel cordonnier

    c’est dit et bien dit,

    mais comme c’est dit, chez les catholiques, pas de mariages, pas d’enfants, (de la pédophilie parfois) bref leur systhème touche à sa fin, leur crédibilité aussi,  ils n’ont plus qu’une ou 2
    générations pour disparaitre, mais la nature ayant horeur du vide, nous verrons, et c’est peut-être pire, Jéhova, Evangélique, Baptiste et Cie investir notre territoire. Intéressons-nous à leurs
    pratiques !   C’est pas mieux ! C’est pire !

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