« La communauté internationale doit sanctionner tout système instituant l’apartheid sexuel »

19 Avr 2023

ADLPF La Libre Pensée Laïcité « La communauté internationale doit sanctionner tout système instituant l’apartheid sexuel »

Un collectif de juristes, parmi lesquels Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, et Linda Weil-Curiel, responsable de la Ligue du droit international des femmes, propose, dans une tribune au « Monde », de s’inspirer de la Convention internationale de 1973 contre le crime d’apartheid pour condamner la « séparation radicale, sous la contrainte, des femmes », comme elle est pratiquée en Iran et en Afghanistan. L’ADLPF soutient cette proposition. 

L’APARTHEID SEXUEL, CRIME CONTRE L’HUMANITÉ

L’intégralité de la tribune est disponible sous :

 https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/02/01/la-communaute-internationale-doit-sanctionner-tout-systeme-instituant-l-apartheid-sexuel_6160071_3232.html

Les intertitres suivants sont le fait de la rédaction du site ADLPF

 

Iran, Afghanistan, même combat contre les droits des femmes

Aujourd’hui s’étale sous nos yeux, avec une acuité nouvelle, l’iniquité et la barbarie du traitement réservé aux femmes dans deux pays voisins mais néanmoins de traditions différentes, l’Iran majoritairement chiite, et l’Afghanistan majoritairement sunnite : leur effacement de l’espace public où elles ne sont admises que sous la forme d’ombres silencieuses, le corps dissimulé par le voile qu’elles sont contraintes de porter.

Au-delà de leurs différences, ce qui réunit la République Islamique d’Iran et l’Afghanistan des Talibans […] c’est la séparation radicale, sous la contrainte, des femmes d’avec le monde des hommes, séparation constituant un véritable apartheid fondé sur le sexe.

Pourtant dès le mois de mars 1979 les femmes, jeunes et moins jeunes, étaient descendues par dizaines de milliers dans les rues de Téhéran aux cris de « Nous n’avons pas fait la révolution pour ça ! » en visant le voile obligatoire.

Aujourd’hui les protestations des femmes en Iran, après des éruptions vite réprimées, sont soutenues par un mouvement populaire déclenché par la mort de Jina Mahsa Amini le 16 septembre, après son arrestation par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile.

Ce n’est pas un hasard si leur slogan est Femme, vie, liberté !

Nombreuses réactions outrées dans le monde

Ce qui est nouveau c’est qu’elles sont rejointes par les hommes, et de façon emblématique par les athlètes à l’occasion d’épreuves internationales telles que le Mondial de football.

L’autre nouveauté dont nous devons nous féliciter, c’est la reconnaissance d’organes des Nations-Unies de ce que ces femmes sont victimes d’une oppression institutionnalisée, systémique, et du caractère disproportionné de la réaction des autorités iraniennes aux manifestations populaires :

Le Conseil des Droits Humains a décidé d’ouvrir une enquête internationale sur la répression des manifestations en Iran, et sur l’étendue des violences liées au sexe

Le Parlement Européen a, de son côté souligné dans une résolution que le port obligatoire du hidjab est devenu un instrument de répression des femmes, qui sont privées de leurs droits en Iran.

Enfin, M.Josep Borrell, Haut-Représentant de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères a déclaré sans détours que « la persécution sexuelle est un crime contre l’humanité .»

Nous constatons avec satisfaction que certaines institutions osent maintenant s’affranchir du langage diplomatique convenu, mais pour que l’on n’en reste pas au stade de la protestation, il faut qu’il y ait une condamnation claire, sans équivoque, de la communauté internationale de tout système instituant l’apartheid sexuel.

Un instrument juridique de portée mondiale doit condamner l’apartheid sexuel

Pour cela il lui faut rédiger un instrument juridique opérationnel, sanctionnant sans réserve quelque politique fondée sur la séparation institutionnalisée des sexes, ainsi que les contraintes imposées aux femmes pour y parvenir.

Elle a su le faire pour condamner l’apartheid fondé sur la race, tel que pratiqué en Afrique du Sud. Elle ne doit pas flancher au moment de défendre le droit des femmes à se voir reconnaître le même statut que celui des hommes, au risque d’enterrer définitivement toute idée d’universalité des droits de la personne.

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