Le retour du délit de blasphème en Russie
On croirait être revenu à la période des Tzars: le groupe punk les Pussy Riot, a été inculpé ce 12 juillet par le parquet de Moscou
pour avoir « causé des dommages considérables aux valeurs sacrées du culte chrétien,
attenté au mystère sacramentel de l’église
et, refusant de répondre aux appels d’une employée de l’église afin de stopper ce sacrilège, elles sont entrées illégalement dans la partie clôturée de la basilique, destinée à effectuer les rites sacrés religieux.
Par cela, elles ont humilié, d’une manière blasphématoire, les fondements séculaires de l’Eglise orthodoxe russe ».
Cette inculpation a fait bondir les juristes et les défenseurs de la laïcité. En effet, on croirait lire une sentence d’un tribunal religieux (rappelant le temps de l’Inquisition avec les mots « sacrilège », « blasphème ») et non pas d’un parquet représentant de la Justice de l’Etat de droit. Le groupe Pussy Riot avait organisé une danse anti-Poutine le 21 février (veille de l’élection présidentielle) dans le cœur de la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur. Le procès doit débuter le 20 juillet. Les trois membres du groupe punk sont en détention préventive depuis le 3 mars et elles risquent 7 ans de prison, pour une danse dans une église…. C’est plutôt lourd comme condamnation, surtout que, pendant ce temps là, dans ce pays ultra corrompu la mafia fait ce qu’elle veut, les crimes racistes sont à peine punis, des journalistes sont menacés ou tués, les opposants enfermés, avec la bénédiction de l’Eglise et de ses valeurs chrétiennes, qui préfère s’en prendre à trois punk qu’à Poutine ou à la mafia… Décidemment, là où la religion domine ou influence le pouvoir, celui-ci est encore plus pourri et totalitaire, on le voit au Mali en ce moment comme en Russie.
Régis Boussières
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