Ramasse-Miettes N°186

16 Juin 2020

« I can’t breathe »

Aurons-nous le front de donner la leçon à nos cousins d’Amérique ? Le pouvons-nous ? Assurément non ! Le racisme gangrène nos sociétés depuis des lustres, porté par le colonialisme, la chosification du « Différent » – autrement dit faire de l’Autre un esclave, un bien meuble – une honte qui nous stigmatise encore. Que nos flics soient racistes relève certes de leur hiérarchie complètement « à l’ouest », mais aussi de nous, oui de nous et de nos veuleries.

Quand pourrons nous respirer de nouveau ? Pétitionner ne suffira pas.

Manifs contre la police :

« Le problème, dit un chef syndicaliste, Alexandre Langlois, est que la police enquête sur elle-même par l’IGPN, qui n’est là que pour nettoyer ceux qui ont sali le linge. Il n’y a pas de contrôle citoyen comme dans tous les pays d’Europe. La France devait l’avoir mis en place depuis 1974, ce n’est pas le cas ». Décidément la démocratie est bien malade en France. J’ai entendu il y a peu un joli néologisme : notre pays vivrait sous un régime « jacondin ».

« Ne généralisez pas » nous disent les belles âmes.

Soit ! Mais alors comment fermer les yeux sur ce genre de « découverte » ? Le site d’information « StreetPress » révèle ce 8 juin l’existence d’un deuxième groupe Facebook privé où des milliers de policiers échangent des propos et montages racistes, quelques jours après avoir dévoilé l’existence d’un premier groupe privé réunissant 8.000 membres. Ça fait quand même beaucoup ! Par ailleurs, leur ministre de tutelle, Christophe Castaner, s’est exprimé ce même jour lors d’une conférence de presse durant laquelle il a annoncé une série de mesures, dont l’interdiction d’une méthode d’interpellation controversée « dite de l’étranglement » ainsi que la suspension systématique en cas de propos racistes avérés. Enfin ! Mais les flics renaclent.

Théoriser l’horreur !

Depuis une dizaine d’années, tous les ans, entre 120 et 160 femmes sont tuées en France par leur compagnon ou ex-conjoint. Pour tenter de comprendre les ressorts de ces crimes et comment ils pourraient être empêchés, Le Monde a constitué en mars 2019 une cellule d’investigation pour enquêter sur les féminicides. Attendons le rapport.

Les salauds ne vont pas en enfer, ils sont l’enfer.

Un père égyptien a utilisé le coronavirus comme mensonge pour faire subir des mutilations génitales à ses filles. L’Égypte criminalise les mutilations génitales féminines (MGF) depuis 2016, après que la pratique a été interdite en 2008, mais l’aveuglement de pères abrutis par l’injonction de l’horrifique « pas de plaisir dans le coït », colportée par les monothéismes, perdure.

On ne dira jamais assez la sottise portée par la prêtraille.

Le cauchemar de Trump, Muriel Bowser, maire de Washington.

Son coup de génie a fait le tour de la planète : rebaptiser « Black Lives Matter Plaza » une section de la 16e rue, juste en face de la Maison-Blanche et devant l’église où Donald Trump s’était fait photographier bible en main. Pas arrangeante pour un sou, elle a enfoncé le clou, à la manifestation antiraciste de samedi et a jugé qu’il était temps de dire « Au suivant » en novembre, lors de l’élection présidentielle.

Rien n’est noir ou blanc, tout est complexité.

Alors que le débat sur les discriminations raciales aux É-U a gagné les forces armées, le Congrès américain a approuvé le 9 juin à l’unanimité la nomination d’un aviateur noir, le général Charles Brown Jr., comme plus haut gradé de l’US Air Force. Le général Brown devient ainsi le premier Noir américain à occuper le poste de chef d’état-major d’une des six branches de l’armée américaine. Inutile de préciser que Trump, obstinément silencieux sur la mort de George Floyd, s’est jeté sur l’affaire et y a applaudi. Pour se dédouaner à bas frais ?

Comment mieux dire la chose ?

Danny Laferrière l’affirme : « Le racisme est un virus ». Soyons clairs, le racisme naît, vit et pourrait même mourir un jour. Il est contagieux, et se transmet d’un être humain à un autre. Toutefois sa rapidité de contagion varie selon le lieu ou la situation. On peut d’ailleurs créer de toutes pièces des situations qui augmenteraient sa vitesse et sa puissance, alors que d’autres la diminueraient.

Le problème, selon moi, est que si les virus au fil du temps s’épuisent et perdent de leur virulence, il n’en est rien du racisme sans cesse relancé, protéiforme et nullité absolue de l’esprit. Nous devons lui opposer la République qui ignore les races et les religions mais pas les cultes (et la nuance n’est pas neutre), et son universalisme proclamé, même si ce dernier est bien amoindri par les capitulations nombreuses et honteuses depuis 40 ans au moins.

Un DRH monomaniaque.

Le Président de la République met en place une « commission d’experts sur les grands défis économiques ». À sa tête, deux représentants du prêt-à-penser néolibéral : le prix Nobel Jean Tirole et Olivier Blanchard, ex du FMI. Sûr que, pour préparer le jour d’après, il n’y a pas mieux !

Et comme on n’arrête pas un géant de la pensée libérale

par des ricanements dont il se fiche éperdument, Emmanuel Macron a décidé de nommer l’ex-ministre socialiste et ex-commissaire européen Pierre Moscovici premier président de la Cour des comptes. Voilà qui expédie ad patres la « jurisprudence » Sarko qui voulait que le premier président de la Cour soit issu de l’opposition.

Le président Macron ne se compte pas au nombre des partageux ! Le règne des copains reste une réalité quoi qu’il dise, celui des coquins aussi, probablement, mais c’est une autre affaire. En attendant, la pseudo jambe gauche du macronisme s’atrophie peu à peu et ne soutient plus grand-chose. Défaite de la pensée sociale… ne parlons pas de la pensée socialiste qui, elle, a sombré corps et bien.

Rappel circonstancié à nos camarades, le serment de Vincennes !

Le 19 juin 1960, 400 000 personnes représentant 10 813 697 citoyens pétitionnaires protestaient sur une pelouse du bois de Vincennes contre la loi Debré, votée en 1959, qui institutionnalisait le financement public de l’enseignement privé.

« Nous faisons le serment solennel :

  • de manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à cette loi contraire à l’évolution historique de la Nation ; de lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ;
  • et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’École de la Nation, espoir de notre jeunesse. »

Ce souffle-là s’est perdu !

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