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Note de lecture

7 Juil 2017

Les Raisons du Doute

Joseph BERT.

Probablement édité par l’auteur lui-même, on le trouve chez Amazon.

C’est un petit livre sans autre prétention que de décrire la marche du doute dans l’esprit d’un ancien séminariste mis en présence de la bible chrétienne, i.e. le corpus qui réunit l’Ancien Testament (AT) et le Nouveau (NT). Joseph BERT lui a consacré une lecture attentive et critique, à la différence probable de nombre de ses condisciples plus enclins à une lecture énamourée, sans distance critique et sans recul.

L’auteur s’est aussi penché sur la « Vie de Jésus » de Renan, on en sent l’influence. Il aurait pu aussi, mais est-il trop tard pour lui ?, lire Eugen DREWERMAN et son « Fonctionnaires de Dieu » pour comprendre, et ce n’est pas accessoire, les mécanismes du bourrage de crâne et la contrainte managériale que l’Église fait peser sur ses clercs, afin qu’ils portent « la bonne parole ».

Mais passons, ceci est une autre affaire.

Or donc Joseph BERT pointe, sans malice excessive, les « incohérences des Écritures » qui font apparaître leurs invraisemblances de façon criante. Hardi et provocateur, il compare le livre de l’Exode à l’Énéide de Virgile pour ce qu’ils content, l’un et l’autre, la saga de l’émergence et de l’installation d’un peuple en ses terres (promises?). Ce sont donc, pour lui, des livres de fondation, largement rêvés et idéalisés.

Mais bon prince, il trouve que, si on veut en rester aux aspects plus métaphoriques que véritablement historiques de l’AT : « L’homme de foi peut continuer à avancer [tout en] se trouv[ant] sur la corde de raide ».

« Les contradictions des évangiles sont en revanche plus problématiques », constate-t-il. En effet, un examen approfondi des trois synoptiques – Matthieu, Marc et Luc – fait apparaître des distorsions et des variations remarquables qu’il pointe et donne à voir sous forme de tableaux fort instructifs. Il s’étonne aussi des récits divergents quant à la Résurrection qui auraient dû, en bonne logique, converger, venant de témoins supposés oculaires.

« Les évangélistes semblent surtout tordre parfois la réalité pour la faire correspondre aux prophéties » écrit-il, sous-entendant ainsi que l’objectif caché est de relier coûte que coûte l’AT et le NT. C’est le vieux phantasme des Églises.

Vient le chapitre intitulé : « Les Fragilités du discours du Christ », qu’il compare sans aucune retenue à un discours populiste – on dirait aujourd’hui quasi poujadiste – dans la mesure où il fait constamment des Pharisiens, l’élite juive intellectuelle et économique de l’époque – l’ennemi de classe, i.e. du menu peuple et des « pauvres en esprit » du discours sur la montagne. Le Christ « offre à ceux qui l’écoutent une sorte de revanche sociale, en ridiculisant dans ses paroles les parfaits ou les puissants et en donnant le beau rôle aux gens de petite condition ». Ne leur dénie-t-il pas très clairement l’accès au royaume des cieux ?

Ainsi va le fil des pensées qui mènent Joseph BERT au doute raisonnable. Mais laissons au lecteur le soin de découvrir une pensée jamais hargneuse, jamais mesquine, toujours ouverte et « [qui] aura cherché sincèrement à connaître la vérité ».

Cette lecture me conforte dans l’opinion que toute foi aveugle – Credo quia absurdum, Je crois parce que c’est absurde – n’est en effet qu’un aveuglement.

Gilles Poulet

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1 Commentaire

  1. J.JOLIVEL

    Faire de la publicité pour amazon quelle honte, merci pour les libraires qui crèvent grâce ce ce géant sans scrupules

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