La psychokinése en quête de respectabilité
Les Instituts Universitaires de Technologie (IUT) sont des structures universitaires ayant vocation à former des techniciens supérieurs. En pratique, beaucoup des étudiants en IUT poursuivent des études longues (par exemple en école d’ingénieur) après avoir obtenu leur Diplôme Universitaire de Technologie. Une des spécificités des IUT est le lien étroit tissé avec les entreprises pour réfléchir en commun au contenu des formations (ce qui ne veut pas dire, loin de là, une soumission aux desiderata du patronat.) ou bien pour mettre en place des conventions de stage pour les étudiants.
A la fin du mois d’août, le chef du département Mesures Physiques de Châtellerault où je travaille a reçu un courrier qui, s’il n’est pas surprenant par sa démarche, l’est beaucoup plus par son contenu. La personne qui nous a contacté, appelons le monsieur J, se présente comme « représentant un groupe de scientifiques indépendants qui collaborent à un programme de recherche privé portant sur la mise en mouvement de solides au repos dans un système isolé ». Pour qui n’a qu’un lointain souvenir de ses cours de physique, cet énoncé paraît très sérieux. Monsieur J ajoute plus loin « Nous souhaiterions pouvoir rencontrer les responsables de votre département afin de définir comment une éventuelle collaboration entre nos organisations pourrait s’envisager. ».
Une fois la brume des apparences dissipée, le projet se révèle tout autre que ce qu’il semblait au premier abord. Ce « groupe de scientifiques » travaille en effet au sein du LADPC (la signification de l’acronyme n’est pas précisée) dont on peut trouver le site internet à l’adresse suivante https://sites.google.com/site/lapdctk1/file-cabinet. En parcourant le site, quasiment vide d’ailleurs, on se rend compte que le « groupe » est en fait réduit à une seule personne, monsieur J, et que l’objet du LADPC est de « mener […] des programmes expérimentaux portant sur les phénomènes communément appelés paranormaux ou parapsychologiques » ! Voyant cela, les enseignants de l’IUT ont décidé de ne pas recevoir monsieur J, pas même pour lui signifier le refus complet de travailler avec lui.
En effet, toutes les personnes qui prétendent œuvrer en dehors de ce qu’elles qualifient volontiers de « science officielle » (ce qui laisse entendre qu’il y aurait des vérités que l’on nous cache, mettez qui vous voudrez derrière le « on »), cherchent dans le même temps par tous les moyens à donner un vernis de respectabilité à leur démarche en y associant cette même science. Si l’équipe enseignante de l’IUT avait accepté de rencontrer monsieur J pour lui dire son refus de travailler avec lui, ce monsieur aurait pu se vanter, photographies à l’appui, d’avoir été reçu à l’IUT, d’avoir eu de riches discussions avec les enseignants, oubliant bien sûr de préciser le contenu de ces discussions.
Ce que souhaite étudier le LADPC, ce sont les supposés effets de l’esprit sur la matière. A ce titre, monsieur J se dit fortement impressionné par les résultats qu’aurait obtenus Jean-Pierre Girard. J.P.Girard se prétend capable de plier à distance des barreaux métalliques, faculté qui se serait manifestée selon lui après avoir été frappé par la foudre à l’âge de sept ans. Il se situe dans la même veine qu’Uri Geller qui prétendait tordre des cuillères par la seule force de sa pensée, jusqu’à ce que sa tricherie soit démasquée par le prestidigitateur Gérard Majax. En 1976, J.P. Girard voulut intenter un procès en diffamation à Jean-Pascal Hervé, un journaliste médical disant que les expériences de Girard étaient truquées. Le procès, qui aurait pu donner lieu à des débats intéressants n’eut finalement pas lieu, J.P. Girard ayant malencontreusement laissé passer le délai de prescription. Girard n’a pas pu reproduire ces effets de psychokinèse (capacité d’agir sur la matière par la force de l’esprit) en présence de l’illusionniste James Randi, prétextant, c’est un comble, que l’expérience se déroulait dans des conditions trop scientifiques !
Aussi séduisant que semblent les effets de l’esprit sur la matière (qui n’a jamais rêvé, installé sur un hamac à l’ombre en plein été, de faire venir à soi un verre d’eau fraîche sans avoir à se lever !), la réalité est implacable : ces effets n’existent pas. Aucune expérience se déroulant dans des conditions rigoureuses n’a jamais mis en évidence le moindre effet « psi ». Plus les moyens de contrôle des ces expériences sont pointus, et plus les effets proclamés par les partisans des facultés « psi » sont faibles. De lourdes tables qui volaient à travers les pièces il y a quelques siècles, les prétentions de la télékinésie se sont abaissées maintenant à d’imperceptibles oscillations de timbres poste.
Si les tenants de la télékinésie n’étaient que de doux rêveurs souhaitant un peu de fantastique et de merveilleux dans la vie de tous les jours, ce ne serait qu’un moindre mal. Il serait possible de leur reprocher leur obstination dans l’erreur (ce qui n’est d’ailleurs peut-être pas anodin : « errare humanum, sed perseverare diabolicum »), et de n’avoir pas compris la démarche de la science dont ils se réclament pourtant. Le problème vient des escrocs qui pullulent dans ce genre de milieu et des attaques menées contre le rationalisme.
Nombre de ceux qui prétendent posséder un pouvoir mental sur la matière savent pertinemment que tout ce qu’ils disent est faux. Ils ont vu là un bon moyen d’exploiter la crédulité et le porte-monnaie des esprits ouverts à ce genre de fadaises. Entre les livres expliquant comment développer les pouvoirs « psi » et les cours hors de prix sur ce même thème, ce ne sont pas les moyens qui manquent pour tirer de l’argent. Il est navrant de constater que même des scientifiques ayant en tant que tels des responsabilités peuvent se laisser abuser. Charles Crussard, le directeur scientifique du Centre Technique de l’Aluminium (laboratoire de la société Péchiney) avait ouvert les portes de son laboratoire à J.P.Girard !
Le véritable combat mené par les télékinésistes contre la science n’est pas moins détestable. Dire que l’on étudie des phénomènes auxquels la science refuse de s’intéresser, c’est finalement dire qu’il existe des choses auxquelles la science refuserait par principe de s’intéresser et que les scientifiques, du moins certains d’entre eux, refuseraient que le bon peuple en sache trop. Redisons le avec force, la science ne s’interdit aucun sujet de recherche (pour autant, tout n’est pas permis au nom de la science), mais pose deux exigences : ne faire appel qu’à des éléments matériels pour expliquer les phénomènes et avoir des résultats expérimentaux reproductibles. Pour reprendre les mots de Jean Bricmont, la science n’est tout compte fait que du bon sens mis soigneusement en forme. Il n’y a pas d’ostracisme de la science vis-à-vis de la télékinésie, mais le constat que cela n’existe pas.
La montée de l’irrationalisme à laquelle nous assistons en ce moment (tout le monde a pu constater la forte augmentation du nombre de voyants, médiums, et autres magnétiseurs) ne se fait pas par génération spontanée. C’est d’abord l’effet d’une période de crise qui pousse à chercher des solutions faciles et réconfortantes aux difficultés de vie, quelles que puissent être ces solutions. C’est aussi l’effet d’un travail de sape contre l’esprit critique : de façon indirecte en réduisant le nombre d’enseignants (et plus généralement la réduction de tout ce qui concourt à l’intérêt général), mais aussi de façon directe en vidant les enseignements de tout contenu pour éviter que le peuple ne réfléchisse trop.
Cédric Mulet-Marquis
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Il faut bien sûr dénoncer les charlatans, dont les télékynésistes, qui exploitent la crédulité (comme le font d’ailleurs toutes les religons !). Mais ne comptons pas trop sur les
scientifiques qui, par crainte sans doute de se décrédibiliser ou de se ridiculiser (sauf ceux qui sont croyants … !), sont rétifs à s’engager dans ce domaine délicat, à la limite entre le
subjectif et l’objectif, où les « phénomènes » ne sont en effet pas « reproductibles expérimentalement ».
La psycho-neuro-physiologie a certes fait des progrès via l’IRM fonctionnelle (paradoxalement grâce à des neurophysiologistes canadiens croyants qui cherchaient à prouver scientifiquement
l’existence déelle de « Dieu » – en vain évidemment -) mais elle en est encore au stade embryonnaire.
Toute science doit rester ouverte à un éventuel élément nouveau, fût-il très improbable. On ne peut donc pas exclure définitivement que, par exemple, les rares cas de télépathie entre vrais
jumeaux lors d’événements à forte charge affective aient un fondement neurophysiologique.
Monsieur,
Je finis tout de même par répondre à votre commentaire. Vous dites à juste titre « les scientifiques […] sont rétifs à s’engager dans ce domaine délicat […] où les « phénomènes » ne sont en
effet pas « reproductibles expérimentalement ». C’est en partie le coeur du problème. Un des piliers de la science est justement la reproductibilité des résultats expérimentaux. C’est précisément
parce que d’une expérience à l’autre, d’un expérimentateur à l’autre, les résultats obtenus dans des conditions de mesures identiques sont identiques que l’on peut avec raison se fier à ces
résultats. Or à chaque fois que la télékinésie a été testée de manière rigoureuse (et cela a été fait de nombreuses fois et continue de l’être), ce n’est même pas la non-reproductibilité qui a
été observée, c’est l’absence de tout effet. Dans ces conditions, la seule conclusion acceptable est qu’il n’y a pas d’effets.
Je suis bien d’accord avec vous que « Toute science doit rester ouverte à un éventuel élément nouveau, fût-il très improbable. » C’est l’essence de la démarche scientifique que de douter et de
remettre en question ce que l’on pensait fermement établi. Pour ne donner qu’un exemple, citons la remise en question des notions newtoniennes d’espace et de temps absolus par Einstein avec la
théorie de la relativité. A chaque fois les remises en question se sont basées sur des faits expérimentaux solides et indiscutables. C’est justement ce qu’il manque pour l’exemple que vous donnez
de la télépathie entre jumeaux. Il n’y a jusqu’à présent aucun élément indiscutable, pour ne pas dire aucun élément du tout, en faveur de cette thèse. Pour prouver un résultat aussi
extraordinaire, il faut des preuves tout aussi extraordinaires. Je concluerai par une phrase de Jean Rostand « avoir l’esprit ouvert, ce n’est pas l’avoir béant à toutes les sottises ».
@ Cédric : Nous sommes évidemment d’accord à propos des prétendues preuves de la télékinésie et de la télépathie : elles sont a priori suspectes et même frauduleuses. Les progrès des
neurosciences, notamment par IRMf, devraient logiquement le confirmer dans les prochaines décennies.
>mais vous en conviendrez sans doute avec moi : c’est à bon droit que les « sciences humaines », dont la psychologie, où les phénomènes ne sont pas reproductibles expérimentalement comme
dans les « sciences exactes », recourrent à des corrélations statistiques non dénuées de pertinence. C’est, me semble-t-il, le cas lorsque l’on constate, comme aux U.S.A., une corrélation flagrante
entre une éducation religieuse, confortée par un milieu croyant excluant toute alternative non confessionnelle, et la persistance fréquente de la foi.
Bonsoir,
Désolé d’intervenir si tard dans la discussion mais je n’ai eu vent de le billet d’humeur de Cédric que ce soir. Etant donné que je suis personnellement mis en cause (je suis M. J) je me suis dis
qu’il n’était peut-être pas trop tard pour exercer un droit de réponse.
Ceci dit je ne suis pas un adepte des monologues et avant de me lancer je préférerai savoir que mon accusateur est encore actif sur ce blog. On ne sait jamais, il pourrait émerger de nos échanges
un doux parfum de pensées … libres.
Étant donné que les invitations au débat que j’ai adressées à Cédric le 13/10/2013 (sur ce blog ainsi que par messagerie privée) sont restées toutes deux lettres mortes, je me vois donc
dans l’obligation de lui répondre sous la forme d’un monologue. Afin de ne pas produire un pavé trop indigeste je vais donc reprendre point par point l’argumentation de Cédric et y apporter mes
réponses et commentaires. Ça ne remplacera pas le dynamisme d’un véritable débat mais je pense que cela rendra mon propos un tout petit peu plus intelligible. (Les propos de Cédric
apparaissent en italiques et en gras).
Les Instituts Universitaires de Technologie (IUT) sont des structures universitaires ayant vocation à former des techniciens supérieurs. En pratique, beaucoup des étudiants en
IUT poursuivent des études longues (par exemple en école d’ingénieur) après avoir obtenu leur Diplôme Universitaire de Technologie. Une des spécificités des IUT est le lien étroit tissé avec les
entreprises pour réfléchir en commun au contenu des formations (ce qui ne veut pas dire, loin de là, une soumission aux desiderata du patronat.) ou bien pour mettre en place des conventions de
stage pour les étudiants.
A la fin du mois d’août, le chef du département Mesures Physiques de Châtellerault où je travaille a reçu un courrier qui, s’il n’est pas surprenant par sa démarche, l’est
beaucoup plus par son contenu. La personne qui nous a contacté, appelons le monsieur J, se présente comme « représentant un groupe de scientifiques indépendants qui collaborent à un
programme de recherche privé portant sur la mise en mouvement de solides au repos dans un système isolé ». Pour qui n’a qu’un lointain souvenir de ses cours de physique, cet énoncé
paraît très sérieux. Monsieur J ajoute plus loin « Nous souhaiterions pouvoir rencontrer les responsables de votre département afin de définir comment une éventuelle collaboration entre
nos organisations pourrait s’envisager. ».
Ce rappel des faits est tout à fait exact. Je précise toutefois que, en dehors de mes activités privées de recherche, je suis également chef d’entreprise et que j’ai eu
l’occasion d’encadrer les stages de plusieurs étudiants de l’IUT de Poitiers au cours des dix dernières années.
Une fois la brume des apparences dissipée, le projet se révèle tout autre que ce qu’il semblait au premier abord. Ce « groupe de scientifiques » travaille en
effet au sein du LADPC (la signification de l’acronyme n’est pas précisée) dont on peut trouver le site internet à l’adresse suivante
https://sites.google.com/site/lapdctk1/file-cabinet. En parcourant le site, quasiment vide d’ailleurs, on se rend compte que le « groupe » est en fait réduit à
une seule personne, monsieur J, et que l’objet du LADPC est de « mener […] des programmes expérimentaux portant sur les phénomènes communément appelés paranormaux ou
parapsychologiques » ! Voyant cela, les enseignants de l’IUT ont décidé de ne pas recevoir monsieur J, pas même pour lui signifier le refus complet de travailler avec
lui.
Si vous lisez attentivement la page de présentation du LAPDC vous verrez que les chercheurs qui composent le LAPDC sont au nombre de
30 environs, que certains d’entre eux sont des universitaires et que ce projet se situe à la confluence des sciences humaines et de la physique. Le LAPDC n’est donc pas une coquille
vide. Il suffit de se rendre à la bonne page de notre site pour s’en rendre compte (https://sites.google.com/site/lapdctk1/accueil).
Par ailleurs, compte tenu de l’accueil qui est réservé aux chercheurs qui ont l’audace de se pencher sur la question de la « para-normalité » il n’est pas du tout étonnant que les membres du LAPDC
choisissent de garder l’anonymat. Votre réaction est d’ailleurs à ce titre une excellente illustration de l’ostracisme ambiant.
En effet, toutes les personnes qui prétendent œuvrer en dehors de ce qu’elles qualifient volontiers de « science officielle » (ce qui laisse entendre qu’il y aurait
des vérités que l’on nous cache, mettez qui vous voudrez derrière le « on »), cherchent dans le même temps par tous les moyens à donner un vernis de respectabilité à leur démarche en y
associant cette même science. Si l’équipe enseignante de l’IUT avait accepté de rencontrer monsieur J pour lui dire son refus de travailler avec lui, ce monsieur aurait pu se vanter,
photographies à l’appui, d’avoir été reçu à l’IUT, d’avoir eu de riches discussions avec les enseignants, oubliant bien sûr de préciser le contenu de ces discussions.
Sachez que tous les membres du LAPDC respectent la science « officielle » (certains y contribuent quotidiennement par les fonctions qu’ils occupent) et qu’aucun d’eux ne pense qu' »on
nous cache quoi que ce soit ». Et bien sûr, à leur niveau, ils n’ont besoin d’aucun vernis de respectabilité supplémentaire. Comme l’a dit très justement Michel Thys sur ce blog, la curiosité est
la qualité de base de tout bon chercheur. Par ailleurs aucune découverte ne peut se faire sans imaginer des solutions nouvelles. Je suis étonné de constaté que vous ne partagez pas ce point de
vue. Peut-être est-ce parce que vous ne pratiquez plus de recherche vous même ?
En ce qui me concerne je ne recherche aucun glorification personnelle au travers de ce projet. Ma vie pro et perso me suffisent amplement. Je cherche juste à comprendre les mécanismes (physiques
et sociologiques) qui conduisent à faire certaines observations. Votre attaque à mon égard quant aux intentions (fort peu estimables) que vous me prêtez sont injustes et infondées. Mais il
n’est pas trop tard pour vous en excuser.
Ce que souhaite étudier le LADPC, ce sont les supposés effets de l’esprit sur la matière.
Là encore vous projetez vos propres intentions et vos propres fantasmes sur un projet qui ne correspond pas du tout au nôtre. Le LAPDC ne postule pas que « l’esprit peut avoir des
effets sur la matière ». Le but du LAPDC est de mener des expériences dans un cadre contrôlé et de faire des observations. Rien d’autre.
A ce titre, monsieur J se dit fortement impressionné par les résultats qu’aurait obtenus Jean-Pierre Girard. J.P.Girard se prétend capable de plier à distance des barreaux
métalliques, faculté qui se serait manifestée selon lui après avoir été frappé par la foudre à l’âge de sept ans. Il se situe dans la même veine qu’Uri Geller qui prétendait tordre des cuillères
par la seule force de sa pensée, jusqu’à ce que sa tricherie soit démasquée par le prestidigitateur Gérard Majax. En 1976, J.P. Girard voulut intenter un procès en diffamation à Jean-Pascal
Hervé, un journaliste médical disant que les expériences de Girard étaient truquées. Le procès, qui aurait pu donner lieu à des débats intéressants n’eut finalement pas lieu, J.P. Girard ayant
malencontreusement laissé passer le délai de prescription. Girard n’a pas pu reproduire ces effets de psychokinèse (capacité d’agir sur la matière par la force de l’esprit) en présence de
l’illusionniste James Randi, prétextant, c’est un comble, que l’expérience se déroulait dans des conditions trop scientifiques !
Vous mélangez tout. JPG est un personnage à la personnalité complexe et vous ne pouvez pas résumer la vie d’un homme de 70 ans en deux lignes lapidaires. Des expériences de
laboratoires (qui n’ont jamais été contestées) ont été menées avec JPG par le professeur Crussard. Avez-vous seulement lu ces articles ?
Par ailleurs, et pour ce
(Suite de mon commentaire)
Par ailleurs, et pour ce qui concerne M. Randi, ce n’est pas un scientifique. Comment pouvez- vous accorder autant de crédit à un illusionniste qu’à un scientifique
?
Aussi séduisant que semblent les effets de l’esprit sur la matière (qui n’a jamais rêvé, installé sur un hamac à l’ombre en plein été, de faire venir à soi un verre d’eau
fraîche sans avoir à se lever !), la réalité est implacable : ces effets n’existent pas.
Le fait que vous ne croyez pas à l’éventualité de phénomènes physiques non-standard ne s’inscrit pas dans une démarche scientifique. Je suis désolé de vous recadrez sur ce
point mais vos propos ici, sont purement idéologiques. rassurez-vous c’est une réaction très courante qui est bien connue des psychologiques sous le nom de dissonance cognitive. Cette
discipline étudie justement les réactions de défenses mise en œuvre par tout à chacun quant il est confronté à des informations non conformes avec son intuition, son expérience ou sa
culture.
Aucune expérience se déroulant dans des conditions rigoureuses n’a jamais mis en évidence le moindre effet « psi ».
Le PSI n’est pas un postulat et il ne répond à aucune définition standard. Cependant certaines expériences ont bel et bien montré des effets non standards. Je peux vous
communiquer ces publications si vous le souhaitez.
Plus les moyens de contrôle des ces expériences sont pointus, et plus les effets proclamés par les partisans des facultés « psi » sont faibles.
C’est inexact. Si l’effet de déclin dans les phénomènes non standard est connu, il n’est pas pour autant une « loi »ni même une preuve que ces effets n’existent pas.
De lourdes tables qui volaient à travers les pièces il y a quelques siècles, les prétentions de la télékinésie se sont abaissées maintenant à d’imperceptibles oscillations de timbres
poste.
C’est en partie exact. A l’exception de qq. expériences macroscopiques (dont celles du LAPDC) les chercheurs s’intéressent en général aux micros effets.
Si les tenants de la télékinésie n’étaient que de doux rêveurs souhaitant un peu de fantastique et de merveilleux dans la vie de tous les jours, ce ne serait qu’un moindre mal.
Il serait possible de leur reprocher leur obstination dans l’erreur (ce qui n’est d’ailleurs peut-être pas anodin : « errare humanum, sed perseverare diabolicum »), et de
n’avoir pas compris la démarche de la science dont ils se réclament pourtant. Le problème vient des escrocs qui pullulent dans ce genre de milieu et des attaques menées contre le
rationalisme.
Vous êtes hors sujet. Votre discours idéologique ne concerne pas le LAPDC. Qu’est ce que le rationalisme selon vous ?
Nombre de ceux qui prétendent posséder un pouvoir mental sur la matière savent pertinemment que tout ce qu’ils disent est faux. Ils ont vu là un bon moyen d’exploiter la
crédulité et le porte-monnaie des esprits ouverts à ce genre de fadaises. Entre les livres expliquant comment développer les pouvoirs « psi » et les cours hors de prix sur ce même
thème, ce ne sont pas les moyens qui manquent pour tirer de l’argent. Il est navrant de constater que même des scientifiques ayant en tant que tels des responsabilités peuvent se laisser abuser.
Charles Crussard, le directeur scientifique du Centre Technique de l’Aluminium (laboratoire de la société Péchiney) avait ouvert les portes de son laboratoire à
J.P.Girard !
Donc vous avez lu Crussard ?
Le véritable combat mené par les télékinésistes contre la science n’est pas moins détestable. Dire que l’on étudie des phénomènes auxquels la science refuse de s’intéresser,
c’est finalement dire qu’il existe des choses auxquelles la science refuserait par principe de s’intéresser et que les scientifiques, du moins certains d’entre eux, refuseraient que le bon peuple
en sache trop. Redisons le avec force, la science ne s’interdit aucun sujet de recherche (pour autant, tout n’est pas permis au nom de la science), mais pose deux exigences : ne faire appel
qu’à des éléments matériels pour expliquer les phénomènes et avoir des résultats expérimentaux reproductibles. Pour reprendre les mots de Jean Bricmont, la science n’est tout compte fait que du
bon sens mis soigneusement en forme. Il n’y a pas d’ostracisme de la science vis-à-vis de la télékinésie, mais le constat que cela n’existe pas.
Nous n’avons aucune sympathie pour les manipulateurs. Une fois encore vos propos ne nous concernent pas. Les protocoles expérimentaux sont destinés à déjouer
les illusions. C’est dans ce but que nous envisagions de collaborer avec l’IUT de Poitiers. Vous évoquez Jean Bricmont. Ignorez-vous que ses positions en faveurs de l’extrême droite sont vivement
critiquées ?
La montée de l’irrationalisme à laquelle nous assistons en ce moment (tout le monde a pu constater la forte augmentation du nombre de voyants, médiums, et autres magnétiseurs)
ne se fait pas par génération spontanée. C’est d’abord l’effet d’une période de crise qui pousse à chercher des solutions faciles et réconfortantes aux difficultés de vie, quelles que puissent
être ces solutions. C’est aussi l’effet d’un travail de sape contre l’esprit critique : de façon indirecte en réduisant le nombre d’enseignants (et plus généralement la réduction de tout ce
qui concourt à l’intérêt général), mais aussi de façon directe en vidant les enseignements de tout contenu pour éviter que le peuple ne réfléchisse trop.
Vous êtes libre d’assener les vérités qui vous plaisent, personnellement je préfère modérer mes émotions quand il s’agit de rapprocher des tendances sociologiques avec des prises de
positions politiques. Les deux sujets m’intéressent bien entendu, mais cela n’entre pas dans le cadre du débat purement scientifique qui nous occupe ici. Le LAPDC est un laboratoire de
recherche scientifique pas un laboratoire d’idées.
Bien à vous
David JAMET
@ David JAMET :
Etant déjà intervenu à ce sujet les 20 septembre et 15 octobre 2012, je réponds à votre commentaire du 26 octobre 2013.
L’an dernier, j’écrivais : «Toute science doit rester ouverte à
un éventuel élément nouveau, fût-il très improbable. On ne peut donc pas exclure définitivement que, par exemple, les rares cas de télépathie entre vrais jumeaux lors d’événements à forte charge
affective aient un fondement neurophysiologique ». Certes, « la science ne s’interdit aucun sujet de recherche », mais ce n’est pas le cas, me
semble-t-il, de la plupart des scientifiques athées ou agnostiques, rétifs à s’engager dans des domaines échappant à la reproductibilité expérimentale. Attendons donc ce que l’on découvrira
peut-être dans les prochaines décennies lorsque les techniques d’IRM fonctionnelles et autres se seront développées.
Entre-temps, j’ai tendance à estimer qu’au delà des supercheries, la psychokinèze, dont la réalité est apparemment encore plus douteuse que celle de la
télépathie, ressemble à une croyance comparable à la foi, induite comme elle par la composante irrationnelle de l’esprit humain, le seul que l’évolution ait pourvu de la capacité de transformer
le produit de son imagination en « réalité subjective », certes sécurisante mais illusoire.
Comme je l’ai écrit par ailleurs, je constate en effet, la fréquente influence
éducative et culturelle du cerveau émotionnel des croyants, notamment celui de scientifiques américains et canadiens, sur leur cerveau rationnel, du moins tant qu’ils n’en ont pas pris
conscience, ce qui est assez rare (orgueil oblige !).
Si des scientifiques éminents tels que Charles CRUSSARD se sont laissés abuser, je pense que c’est a priori et jusqu’à preuve du contraire, parce qu’ils étaient
croyants (comme presque tout le monde au début du 20e siècle, après deux millénaires d’influences chrétiennes unilatérales).
Il est exact que James RANDI est un prestidigitateur et pas un scientifique, mais son point de vue ne me semble pas moins autorisé, quand il «formule des critiques très claires et considère que Jean Pierre Girard n’a jamais réussi à produire des
résultats convaincants en conditions contrôlées. James Randi a par ailleurs affirmé qu’il a vu des vidéos, détenues par C. Crussard, prouvant que J.-P. Girard triche dans l’une de ces
expériences. Il l’a exhorté à rendre ces vidéos publiques, ce que C. Crussard n’a jamais fait » (Wikipédia).
Nous sommes bien en effet en présence de « dissonances cognitives, ces réactions de défense mise en oeuvre par tout un
chacun quand il est confronté à des informations non conformes avec son intuition, son expérience ou sa culture ».
J’ai d’ailleurs toujours observé qu’au-delà de l’adolescence, ou de l’âge d’environ 25 ans, il devient difficile, voire impossible, d’encore remettre en question
ses options fondamentales, sans doute pour ne pas risquer de se déstabiliser dans ses certitudes ou se décrédibiliser professionnellement. En
témoignait par exemple le cri du coeur du pasteur évangélique belge Philippe HUBINON lorsqu’il a dit au micro de la RTBF : « Mais s’il n’y a pas eu création, tout le reste
s’écroule ! ».
Je propose donc d’attendre les probables avancées scientifiques en la matière …
Bonjour Michel. Je vous remercie pour votre réponse, même si je ne vous cacherais pas que j’aurais aimé qu’Olivier se joigne à vous. Je ne sais pas ce que ça cache. Est-ce du mépris ou de la
condescendance ? Ou alors dois-y voir plus simplement l’attitude d’une forme de scientisme ? Je m’interroge.
Peu importe, vous avez pris du temps pour vous exprimer et je vais donc en faire de même. D’autant plus que les points que vous soulevez sont typiques. Notre échange devrait donc permettre à
d’autres que nous d’y trouver un intérêt. Du moins je l’espère 😉
L’an dernier, j’écrivais : «Toute science doit rester ouverte à un éventuel élément nouveau, fût-il très improbable. On ne peut donc pas exclure définitivement que, par exemple, les
rares cas de télépathie entre vrais jumeaux lors d’événements à forte charge affective aient un fondement neurophysiologique ». Certes, « la science ne s’interdit aucun sujet de
recherche », mais ce n’est pas le cas, me semble-t-il, de la plupart des scientifiques athées ou agnostiques, rétifs à s’engager dans des domaines échappant à la reproductibilité
expérimentale. Attendons donc ce que l’on découvrira peut-être dans les prochaines décennies lorsque les techniques d’IRM fonctionnelles et autres se seront développées.
C’est déjà la cas. Les neurosciences sont à pied d’œuvre et la frontière entre le courant mainstream et ce que l’on qualifie abusivement de « parasciences » se réduit de jour en jour. Mais je vous
rejoins lorsque vous dites que certains scientifiques s’interdisent de réfléchir sur certaines questions au nom de leurs principes. Je le constate régulièrement. Certains s’enferment dans des
dogmes athéiste d’un autre âge et en oublient la quintessence de ce qui fit la science fleurissante du XIX et XX eme siècle. La liberté et la curiosité.
Entre-temps, j’ai tendance à estimer qu’au delà des supercheries, la psychokinèze, dont la réalité est apparemment encore plus douteuse que celle de la télépathie, ressemble à une
croyance comparable à la foi, induite comme elle par la composante irrationnelle de l’esprit humain, le seul que l’évolution ait pourvu de la capacité de transformer le produit de son imagination
en « réalité subjective », certes sécurisante mais illusoire.
Sur ce point en revanche je ne peux pas vous suivre. Point de foi chez ces chercheurs qui, pour certains d’entre eux (dont Crussard) se sont penchés sur des cas en pensant démasquer une
supercherie ou un artefact. Les travaux qui ont été menés jusqu’ici par des scientifiques chevronnés (parfois au prix de leur carrière et de leur réputation) sont disponibles et je ne pense pas
que vous les ayez consultés sérieusement. Si vous l’aviez fait vous ne pourriez pas être aussi péromptoire. Je ne cherche pas à vous vexer ni ne vous accuse de quoi que ce soit, mais simplement à
attirer votre attention sur le fait que votre analyse de la situation est bien trop superficielle pour être objective.
Comme je l’ai écrit par ailleurs, je constate en effet, la fréquente influence éducative et culturelle du cerveau émotionnel des croyants, notamment celui de scientifiques américains et
canadiens, sur leur cerveau rationnel, du moins tant qu’ils n’en ont pas pris conscience, ce qui est assez rare (orgueil oblige !).
Ce oint est très intéressant et je vous rejoins. Il est illusoire de penser que l’on peut s’affranchir de croyances. Nous sommes tous des croyants. Simplement en fonction de notre « culture » nous
ne sommes pas enclin à croire les mêmes choses et surtout nous se sommes pas enclin à admettre que ce que nous tenons pour vrai (ou rationnel) puisse être marquée par un ensembles de présupposés
qui resteront invérifiables. Comment vérifier qu’un électron est bien une bille tournant autour d’un atome ?
Si des scientifiques éminents tels que Charles CRUSSARD se sont laissés abuser, je pense que c’est a priori et jusqu’à preuve du contraire, parce qu’ils étaient croyants (comme presque
tout le monde au début du 20e siècle, après deux millénaires d’influences chrétiennes unilatérales).
Les travaux de Crussard n’ont JAMAIS été remis en cause. Sur quelle base scientifique vous appuyez vous pour affirmer une telle chose ?
Il est exact que James RANDI est un prestidigitateur et pas un scientifique, mais son point de vue ne me semble pas moins autorisé, quand il «formule des critiques très claires et
considère que Jean Pierre Girard n’a jamais réussi à produire des résultats convaincants en conditions contrôlées. James Randi a par ailleurs affirmé qu’il a vu des vidéos, détenues par C.
Crussard, prouvant que J.-P. Girard triche dans l’une de ces expériences. Il l’a exhorté à rendre ces vidéos publiques, ce que C. Crussard n’a jamais fait » (Wikipédia).
Permettez-moi de vous aider à y voir plus clair. Lisez très attentivement ces deux articles (http://psiland.free.fr/dossiers/parapsy/pk/girard/girard1.html et
http://psiland.free.fr/dossiers/parapsy/pk/girard/girard2.html) Vous constaterez par vous même que les protocoles qui ont été élaborés ne permettent aucune fraude. Comment pouvez-vous accorder
autant de crédit à un magicien qui a vu une vidéo (et au passage permettez moi de vous demander depuis quand une vidéo est-elle une preuve de quoi que ce soit ?) alors que quatre à huit
expérimentateurs étaient eux, non seulement bien présents, mais de surcroit totalement convaincus que JP. Girard allait être tenté de les duper ? Vous les prenez pour des incompétents ou bien ?
Lisez les articles attentivement je vous prie. Si vraiment vous êtes un libre penseur (comme moi) vous aurez à cœur de vous informer.
Nous sommes bien en effet en présence de « dissonances cognitives, ces réactions de défense mise en oeuvre par tout un chacun quand il est confronté à des informations non conformes avec
son intuition, son expérience ou sa culture ».
J’ai d’ailleurs toujours observé qu’au-delà de l’adolescence, ou de l’âge d’environ 25 ans, il devient difficile, voire impossible, d’encore remettre en question ses options
fondamentales, sans doute pour ne pas risquer de se déstabiliser dans ses certitudes ou se décrédibiliser professionnellement. En témoignait par exemple le cri du coeur du pasteur
évangélique belge Philippe HUBINON lorsqu’il a dit au micro de la RTBF : « Mais s’il n’y a pas eu création, tout le reste s’écroule ! ».
Je propose donc d’attendre les probables avancées scientifiques en la matière …
Prendre connaissance du travail déjà accompli (il est énorme), lire des articles, rencontrer celles et ceux qui vivent des expériences et participer aux recherches qui sont conduites ici ou là.
Vous êtes libre de faire tout cela ou de ne rien faire du tout. Bien sûr chacun de nous est libre d’attendre (on ne peut pas s’impliquer dans tous les domaines), mais de grâce, ne soyons pas des
sources d’obstruction systématiques et n’empêchons pas ceux qui ont choisi d’avancer honnêtement sur ces questions de pouvoir le faire dans le calme et la sérénité. La méthode scientifique repose
sur des consensus qui permettent de transcender toutes les croyances. Le LAPDC s’inscrit pleinement dans cette démarche. Qu’on laisse les chercheurs travailler et publier leurs résultats. Est-ce
déjà trop demander ?