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Baby Loup : retour sur une victoire

29 Déc 2010

ADLPF La Libre Pensée Laïcité Baby Loup : retour sur une victoire

Questionnaire proposé par Claude Cécile

pour un article à paraître dans le courrier de Mantes

le mercredi 22 décembre 2010

L’Association des libres penseurs des Yvelines (ALPY) a participé à la défense de la crèche Baby Loup, attaquée pour « discrimination » par une salariée voilée, qui a finalement été déboutée. Entretien avec Didier Cros, le président de l’ALPY .

Le Courrier :

En quoi le jugement que vient de rendre le tribunal des prud’hommes est il important ?

Peut il faire jurisprudence ?

Didier Cros :

L’argumentaire de l’accusation reposait notamment sur la distinction entre public et privé. Le prononcé du jugement rendu à Mantes débute ainsi : Attendu que la Constitution du 4 octobre 1958 précise en son article 1er : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale… ».

Le débat sur le port du voile, en distinguant public et privé, réduit finalement la laïcité à une obligation ponctuelle de présentation dans un espace très restreint et défini. Le tribunal en appelle ici fort justement à la supériorité juridique de la Constitution. La laïcité s’applique donc à l’ensemble du territoire français. Hors le secteur public, il n’y a eu que très peu d’affaires de même type. Cette dernière peut donc permettre le renforcement de la laïcité dans les entreprises de droit privé.

L.C. :

La Haute autorité de lutte contre les discriminaitons et pour l’égalité (Halde) avait rendu un avis favorable à cette salariée…

  1. C. :

C’est le second point fort de ce jugement. L’accusation reposait essentiellement sur cet avis. Entendue par le tribunal le 8 novembre, Jeannette Bougrab, alors présidente de la Halde, ne pouvant concilier son attachement aux valeurs de la laïcité et le premier avis rendu, annonçait le réexamen de ce dossier. L’actuel président, Éric Molinié, dès sa prise de fonction a confirmé ce réexamen.

La compétence première de la Halde reste la discrimination et c’est de ce sceau que l’on est frappé lorsqu’un avis défavorable est rendu, d’où l’indignation d’un grand nombre de personnes lorsque cet avis a été publié. Il eut été plus judicieux et d’ailleurs plus réaliste de demander un avis à l’Observatoire de la laïcité. Pour le coup, on aurait traité au plus près la réelle problématique de ce sujet. Un choix préliminaire qui ressemblait déjà à une orientation…

Depuis les années 80 et l’émergence de mouvements antiracistes, fort légitimes du reste, l’amalgame entre race et religion est devenu systématique. Bien entendu, toute discrimination à l’égard des individus est condamnable mais la liberté de conscience – croire ou ne pas croire – est reconnue en France. On peut critiquer une religion, voire lutter contre elle, comme on le fait à l’égard d’un parti politique par exemple. On ne traite pas de raciste un opposant au PS ou à l’UMP ! Or, toute remise en cause de la religion est traitée comme un fait raciste. Ajoutons à cela, fait premier dans notre histoire, un président de la République capable dans un même entretien de se prétendre garant de la laïcité tout en rapportant les paroles d’un chef religieux auquel il fait allégeance. Lorsque la loi est rendue confuse, ce sont les dissensions qui prennent le dessus. Lorsqu’une loi commune est clairement énoncée, appliquée et protégée, elle est entendue de tous. Faut il alors s’étonner de rassemblements tels les « Assises contre l’islamisation » de ce samedi ou de déclarations comme celle d’un Front national aujourd’hui prétendument laïque, qui se réclamait de la foi la plus intégriste avant hier.

Une instrumentalisation de la laïcité dont ne se plaindront pas les intégristes de toutes les religions qui savent, eux aussi, entretenir cette confusion entre race et religion.

  1. C. :

Dans quelles circonstances êtes vous entrés en contact avec l’association BabyLoup ? Quelle rôle cette crèche joue t’elle dans le quartier de la Noé ?

Quel rôle les libres penseurs de l’Alpy ont ils joué dans la défense de la crèche ?

  1. C. :

Baby Loup est un projet ambitieux et d’un intérêt majeur puisqu’il porte et défend la laïcité au coeur d’une cité multiculturelle en effectuant une mission de service public. Un engagement républicain, à l’heure ou l’État abandonne les quartiers au communautarisme, qui mériterait les honneurs de la presse pour cette action plutôt que pour une affaire de voile.

L’une des missions inscrites dans les statuts de l’Association des libres penseurs des Yvelines (ALPY), affiliée à l’Association des Libres Penseurs de France (ADLPF), est de défendre la laïcité et de dénoncer toute atteinte constatée. Nous avons donc rencontré Mme Baleato et son équipe, puis rejoint le comité de soutien. Nous sommes engagés aux côtés de cette équipe même passé ce jugement, qu’il y ait appel ou non, pour veiller à la sérénité de leur travail comme nous avons veillé à la sérénité de ce procès, évitant toute récupération en ces temps où les postures dites laïques amènent à des extrémismes qui pour le coup concernent la Halde.

Présents sur tout le territoire, nous répondrons partout et toujours aux atteintes de ce type, et principalement dans les quartiers qui sont et resteront territoire de la République. Et ce n’est pas Mme Bougrab, aujourd’hui secrétaire d’État à la jeunesse et à la vie associative, qui nous contredira…

Enfin, nous tenons à remercier, au nom du comité de soutien, tous les parents, personnalités, associations et citoyens qui ont témoigné leur amitié et leur soutien au personnel de Baby Loup.

Didier CROS

Président de l’ALPY

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