LE SALAFISME

26 Nov 2009

Abdellatif El Azizi est journaliste à l’hebdo marocain « Actuel » et, pour le n° 19 du 24.10.09, il s’est rendu à Derb Moulay Chrif, ruelle noire de monde qui longe les baraques du bidonville des « carrières centrales » de Casa. Il est 17 h. Entre le vendeur de légumes et le marchand de fripes, un salafiste visionne un DVD sur la fin des temps. Le vendeur, barbe et kanis de rigueur, en rajoute.

« Aujourd’hui, ceux qui parlent de combat avec les athées se trompent, nous ne sommes pas en guerre contre les athées, c’est l’Occident qui est en guerre contre nous ». Et il n’y a pas un souk parallèle, une esplanade de mosquée ou une librairie populaire où ne foisonne ce genre de littérature.

« Désormais, écrit Abdellatif El Azizi, le premier objectif des salafistes ce n’est plus la prise de pouvoir par la force, c’est la transformation de l’individu, le changement de la société. « Les idéologues salafistes visent beaucoup plus la mise en place d’un projet civilisationnel » explique l’islamologue Mohamed Darif. Son « instrumentalisation » permet de renforcer une certaine conception de la religion, « une religion basée notamment sur l’observation des rites et la bonification de l’individu ».

Dans cette nouvelle littérature salafiste, la débauche, l’immoralité, la corruption, l’adultère, la dépravation des mœurs, la dissolution des valeurs est du pain bénit.

Le TOP 5 DES INTERDITS

LA FEMME. Elle est l’objet de fitna (désordre). Là où se trouve un homme et une femme, Satan est tapi ». Des prédicateurs comme Abdellah Nihari prêchent le port du voile sans restriction. Pour lui, les femmes qui suivent la voie de la modernité suivent la voie de la perversion et avec elles toute la société bascule dans la perversion.

L’IMITATION DES ATHEES. Adopter une coupe de cheveux rasta, se raser le crâne comme les bouddhistes ou se faire un brushing à la George Clooney, porter un costume dernier cri est du plus mauvais goût mais ouvre de plus en plus les portes toutes grandes de l’enfer. Imiter les « koufars » est un péché majeur : us et coutumes vestimentaires, ameublement, manière de manger, tout est objet de suspicion.

LA PHOTO . En arabe, elle est haram. A l’un de ses disciples qui lui rétorquait que les appareils-photos n’existaient pas du temps des Salafs (les anciens), le cheick Albany eut cette réponse : « C’est une raison de plus pour considérer la photo comme totalement haram. Les dessins qui avaient été l’objet de suspicions à l’époque de nos chouyoukhs n’étaient pas aussi précis que ceux d’aujourd’hui et pourtant leur usage a été interdit ».

LE PORT DE L’OR. Si l’or comme parure pour les hommes est une hérésie, il n’est pas permis non plus à une femme de porter des bijoux précieux.

L’EMIGRATION. L’acte d’émigrer est soumis à une série de restrictions qui font qu’un bon salafiste devrait s’abstenir même de quitter son pays, sauf si sa patrie n’est plus gouvernée sous les préceptes islamiques. Même en cas de forge majeure, on devrait s’abstenir de s’installer dans un pays athée.

D’OU VIENT CETTE LITTERATURE ?

Pour les ouvrages au contenu expurgé du jihadisme, ce sont des librairies de Cas qui importent essentiellement d’Arabie Saoudite, du Liban et d’Egypte toute la littérature religieuse sous le contrôle des ministères de la Culture et de la Communication.

JP BERRAUD

Sources : ACTUEL n° 19 (24.10.09), hebdomadaire marocain.

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