Ramasse-miettes n°18 : Revue de presse militante
Ça n’avait pas échappé à Montesquieu.
Chacun le sait, l’un des arguments centraux avancés par le pouvoir sont les sondages qui disent que les Français sont massivement d’accord avec les lois répressives, en chantier ou déjà opérationnelles. Outre que ce pouvoir a vigoureusement dénoncé le pouvoir précédent au prétexte que gouverner en fonction des sondages était un déni de démocratie, voire un mauvais coup porté à la Représentation Nationale, on aimerait savoir quelles questions, ouvertes ou fermées, sont véritablement posées. Passons. Voici ce qu’écrivait Montesquieu dans les Lettres Persanes, LXXVIII : « Les Espagnols qu’on ne brûle pas paraissent si attachés à l’Inquisition, qu’il y aurait de la mauvaise humeur de la leur ôter ».
Ceux qu’on ne brûle pas… tout est dit.
Encore les sondages !
« La majorité des Français (54%) estime que la garde des Sceaux, Christiane Taubira, peut rester au gouvernement malgré son désaccord avec l’exécutif à propos de la déchéance de la nationalité pour les binationaux, selon un sondage Ifop pour iTélé publié samedi ».
Madame Taubira, pour laquelle j’ai plutôt de la sympathie, serait-elle atteinte à son tour par le syndrome du sondage qui gouverne les gouvernants ? Dès lors, quelle confiance lui accorder maintenant ? Le rôle d’avocat du diable est une invention jésuitique qu’en politique on ne saurait accepter. « Un ministre ça démissionne ou ça ferme ça gueule », disait Jean-Pierre Chevènement. Autres temps autres mœurs.
L’apatridie est un problème mondial et la déchéance de la nationalité y peut apporter une aggravation. C’est sans doute pour cela que Monsieur Valls entend restreindre la déchéance de nationalité pour cause de terrorisme, qui émeut tant de Français, au binationaux.
« Toutes les 10 minutes naît quelque part dans le monde un enfant sans nationalité, un problème exacerbé par le conflit en Syrie qui a conduit à la pire crise migratoire en Europe depuis 1945, a indiqué mardi l’ONU, qui veut éliminer le statut d’apatride d’ici à 2024. »
« La discrimination — fondée sur l’appartenance ethnique, la race, la religion ou le genre — constitue la principale cause d’apatridie dans le monde. »
http://www.huffingtonpost.fr/2015/11/03/enfant-apatride-naissance-guerres-onu-syrie_n_8458776.html
Tous les Américains ne sont pas des sectateurs religieux hébétés.
Matt Wuerker a apprécié la couverture du numéro anniversaire de Charlie Hebdo, paru le 6 janvier. « Le dessinateur du site Politico, distingué en 2012 par un prix Pulitzer, a jugé « très futé » le dessin de son confrère Riss. Montrer un Dieu en cavale sous le titre « L’assassin court toujours » en évocation de la tuerie du 7 janvier 2015, a-t-il estimé, « c’est un moyen lucide de rester fidèle à la stratégie nerveuse et frontale du magazine, de rester engagé dans une longue guerre contre le fondamentalisme religieux, tout en prenant acte de son nouveau statut et de sa portée désormais mondiale ». Un objectif atteint, selon lui, en visant toutes les religions et pas seulement l’islam, régulièrement pris à partie par l’équipe de Charlie Hebdo. Matt Wuerker a même jugé cette couverture « publiable » aux États-Unis, à l’inverse de celle de nombreux numéros précédents. »
Jean Baubérot, intellectuel protestant très actif sur le front de la laïcité multiple – il en voit sept – étend sa réflexion.
Dans ce texte (le lien est plus bas) il ressasse ad nauseam ces thèses. Chacun appréciera en fonction de sa propre approche de la laïcité. Mais ce qui m’a interpellé, comme on dit, ce sont les dix dernières lignes, posées presque subrepticement à la toutes fin de l’article en guise de conclusion. Ces lignes je ne peux que les approuver :
« « Laïcité », mot de l’année 2015. Espérons que « déchéance » (de nationalité) ne sera pas celui de l’année 2016. Je serai bref sur ce dernier point, car très nombreux sont ceux qui ont déjà indiqué ce, qu’à mon sens, il fallait dire. Je rappellerai seulement que Valls a déclaré qu’un tel projet présente un caractère avant tout « symbolique ». A ce niveau, précisément, il apparaît déplorable. Au-delà des quelques personnes qu’il prétend viser, il est, symboliquement, une manière de signifier aux binationaux nés en France qu’ils ne sont pas des Français comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Or, les binationaux sont ce qu’en sociologie on appelle un « analyseur ». Quand la France se replie sur elle-même, ils sont ainsi mis à part. Dans une France dynamique, rayonnante, ils peuvent être des passerelles, constituer un bel atout ».
Cette brièveté ne va-t-elle pas à l’essentiel ?
https://blogs.mediapart.fr/jean-bauberot/blog/311215/laicite-avis-de-tempete-et-coin-de-ciel-bleu
Le ministère de l’Éducation nationale a pris ses distances avec la circulaire Chatel interdisant les signes religieux pour les parents accompagnateurs, sans toutefois l’abroger.
C’est du moins ce qui ressort de la mollesse avec laquelle il défend cette circulaire. Ainsi, les treize mères voilées de Méru, à l’issue d’un an et demi de procédure, ont eu gain de cause. Le tribunal administratif d’Amiens (Somme) vient d’annuler une directive émanant de l’inspecteur académique datant de décembre 2013. Cette note interdisait aux mères de Méru qui portaient le hidjab voire le jilbab, d’accompagner les enfants lors des sorties scolaires.
« Mon prédécesseur avait sans doute fait une erreur d’interprétation », note Jacky Crépin, le nouveau Dasen (Directeur académique des services de l’éducation nationale).
Il semble, que comme souvent, la patate chaude soit laissée aux chefs d’établissement car « il semblerait toutefois que certaines mamans se voient refuser le rôle d’accompagnant dans certaines écoles de Méru. La faute au voile ? « Il ne peut pas y avoir de motif religieux pour ne pas accompagner une sortie scolaire, assure Jacky Crépin. Mais c’est aux directeurs de décider, en toute indépendance, qui peut l’encadrer ». Depuis la dérobade de Lionel Jospin sur le voile, c’est le sport le plus pratiqué au ministère de l’Éducation Nationale.
Après la mort du prophète et la soumission de la péninsule arabe, les musulmans partirent à la conquête des rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils prolongèrent dans ces régions l’esclavage à la mode antique. Ils inaugurèrent ainsi une longue et douloureuse traite négrière qui saignera l’Afrique noire jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ils ne dédaignèrent pas non plus le fameux commerce triangulaire en tant que fournisseurs attitrés et attentifs des négriers européens.
« Le Coran, texte sacré de l’islam, entérine l’existence de l’esclavage (voir la sourate XVI, Les abeilles) tout comme d’ailleurs les textes bibliques […] La loi islamique ou charia, qui s’appuie sur le Coran et les dits du prophète (hadiths), considère qu’en pays d’islam, seuls sont esclaves les enfants d’esclaves et les prisonniers de guerre. Elle autorise d’autre part la réduction en esclavage de quiconque provient d’un pays non musulman (si un esclave vient à se convertir, il n’est pas affranchi pour autant).
Daesh ne fait que prolonger une vieille ignominie.
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