Ramasse-miettes n°69 : Revue de presse militante d’été, épisode 6
Les musiciens connaissent l’art de la fugue, la démocratie de combat a recours à l’art de la fuite.
Aux États-Unis, est faite tous les quatre ans une évaluation nationale sur le climat concrétisée par un rapport. Or ce document « contredit directement les affirmations du président Trump et des membres de son cabinet selon lesquelles la contribution humaine au changement climatique n’est pas avérée et la possibilité de prévoir ses effets est limitée ». Aussi les auteurs du rapport l’ont-ils fait fuiter peur que l’administration Trump, largement climatosceptique, ne l’enterre purement et simplement.
Il devient évident à regarder l’information au quotidien que les lanceurs d’alerte et autres « fuiteurs » sont devenus essentiels à la démocratie, face à une classe politique dont le nec plus ultra – ce n’est pas nouveau ! – est de tenir les gens et les peuples dans l’ignorance, surtout de ce qui les regardent.
Coup d’œil sur la « Nouvelle économie ».
La nouvelle économie est représentée par des boîtes comme Uber, Airbnb ou Deliveroo et est assise sur l’éparpillement des acteurs, pratiquement tous auto-entrepreneurs, c’est à dire peu ou pas syndiqués et donc incapables de résister aux décisions de « la Boîte ». L’invention de ce statut d’auto-entrepreneur, qu’on doit au quinquennat de M. Sarkozy, est une trouvaille absolument géniale du néolibéralisme qui se débarrasse ainsi des obligations sociales, des syndicats, bref de tout ce qui l’ennuie. Deliveroo s’en réjouit comme il se doit :
« Pas de course, pas de chocolat. Dès début septembre, la populaire entreprise de livraison à vélo Deliveroo rémunérera tous ses coursiers uniquement en fonction de leur productivité, soit 5 euros par course (5,75 à Paris). Terminé le taux horaire minimum de 7,50 euros (additionné d’un bonus de 2 à 4 euros par livraison) qui étaient en vigueur aux débuts de la florissante entreprise. » Rétro pédalage et retour au travail à la pièce, une authentique régression.
« C’est un système d’astreinte gratuite et de darwinisme social, a déclaré Jérôme Pimot, porte-parole du Collectif des livreurs auto-entrepreneurs (CLAP). Il n’empêche, c’est Deliveroo qui a la main !
Carla Del Ponte, magistrate rebelle et « personnification de l’entêtement ».
Carla Del Ponte fait partie de ces femmes qui n’envoient pas dire ce qu’elles ont sur le cœur et si « l’indignez-vous » de Stéphane Hessel a un sens, elle en connaît la valeur. Déplorant l’impuissance de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie face aux veto russe et chinois au Conseil de sécurité, la magistrate reproche à ses membres « de ne pas vouloir établir la justice » et en tire les conséquences : elle va démissionner. C’est manière de refuser l’impuissance tout en la dénonçant.
La plupart des chefs d’État font pour preuve de prudence lorsqu’ils abordent le cas de Bachar Al-Assad, mais elle, ne mâche pas ses mots. Pragmatique, elle considère, dans un rapport rendu à Genève en septembre 2015 (deux ans déjà!), que les négociations avec le président syrien sont nécessaires pour aboutir à la paix, mais qu’ensuite la justice devra passer, que Bachar Al-Assad reste au pouvoir ou non. Écœurée, elle fustige toutes les parties, affirmant que « tous sont du côté du mal. (…) L’opposition n’est désormais composée que d’extrémistes et de terroristes ».
Triste constat qui rend compte de l’impéritie de la communauté internationale pour arrêter un effroyable massacre et enfermer enfin d’épouvantables bouchers, que bientôt elle cajolera ?
Deux chiens fous se font face par-delà l’océan Pacifique, l’un deux et un troisième se menacent pareillement côté Atlantique maintenant.
Il semble que Monsieur Trump se soit entiché de son titre de chef des armées. Il menace qui ne lui convient pas, faisant l’économie de la diplomatie. « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », disait Klausewitz, il semble que pour le président américain elle soit l’outil premier de la sienne. C’est très dangereux mais c’est le comportement classique de l’impérialisme, illustré ici sans fard. Tous les présidents américains ont mené cette politique résumée en trois notions : d’une part celle de la sphère d’influence sur la totalité des Amériques, le pré-carré ; d’autre part le mode de vie des USA qui n’est pas négociable et enfin « America first » proclamé sans détour par Trump. Ce redoutable cocktail sert de justification à l’interventionnisme tous azimuts en Amérique latine, de sinistre mémoire, fait l’impasse sur tout effort sur le bien-être de la planète et qualifie enfin un égoïsme triomphant autant que délétère.
Les trois chefs d’état concernés sont loin d’être de grands démocrates et leur mégalomanie les discrédite, qu’on le veuille ou non, en tant que dirigeants de peuples pas forcément à l’unisson avec eux.
Le saviez-vous ? Le Coran s’intéresse de très près à l’économie.
Née dans l’Arabie du VIIe siècle parcourue de bédouins commerçants et de marchands sédentaires de La Mecque ou Médine, l’islam a mis au point un discours précis sur la finance. Le Coran, lui-même, loin d’être seulement un texte religieux, propose une charia (loi islamique) qui en fait aussi un traité juridique. Depuis la guerre froide, l’islam politique a ainsi partout – de la révolution islamique en Iran à l’arrivée au pouvoir des islamistes d’Ennahda en Tunisie– prétendu incarner la fameuse «troisième voie» entre le capitalisme et le socialisme, corrigeant les excès de l’un et les naïvetés de l’autre – à moins que ce ne soit l’inverse.
Que préconise l’islam pour le marché du travail et la création de richesses? Marché libre régit par la seule concurrence «libre et non faussée» ponctuée de mesures sociales ou pré-communisme réconcilié avec la petite entreprise? Comme toujours avec la religion, la réponse ne manque pas d’ambiguïté.
En suivant le lien, on peut lire une remarquable étude du sujet, qui démontre, mais est-ce si surprenant ?, que rien n’est aussi simple qu’on le pense.
http://www.slate.fr/story/128066/coran-droite-ou-gauche
Le masque est tombé.
C’est un silence qui fait parler. Donald Tramp n’a pas condamné clairement les groupes d’extrême droite dont le rassemblement dimanche à Charlottesville en Virginie (États-Unis) a provoqué des violences qui ont tué une jeune manifestante anti-raciste. Depuis, la Maison Blanche tente de calmer la polémique.
On soupçonnait le tropisme ultra droitier de Trump, en voilà la confirmation. Très « ficelle » le président Donald Trump a semblé condamner agresseurs et agressés… No comment.
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