Ramasse-miettes n°86 : Revue de presse militante
Les miettes du Père Noël…
Une vingtaine d’associations nationales d’hébergement et de lutte contre les exclusions ont collectivement quitté une réunion avec le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Cohésion des territoires.
Le point de discorde : la présentation d’un projet de circulaire autorisant les autorités à vérifier la situation administrative des personnes accueillies dans les centres d’hébergement. Une attaque sans précédent contre le principe de l’accueil inconditionnel. 1789 est bien loin.
Pour la Journée internationale des migrants, organisée chaque année le 18 décembre, le monde de la solidarité en a appellé au Défenseur des droits. Une large coalition d’associations accueillant des sans-abri refusent que « les centres d’hébergement deviennent des annexes des préfectures » et ont saisi Jacques Toubon, lundi, pour lui demander d’intervenir auprès du gouvernement contre ce qu’elles estiment être l’instauration d’« un contrôle généralisé des étrangers dans des lieux privés ».
Des réactions qui n’impressionnent pas le député LREM entendu sur France Inter qui accuse Toubon de « contre-vérité », ce bon vieux mot bateau qui sert d’esquive depuis des lustres à des gens à bout d’argument.
Il y eu des penseurs de la Renaissance arabe au XIXe siècle (essentiellement Muhammed Abduh) qui établirent, dans leurs écrits politiques, une distinction entre l’islam et le christianisme, en insistant sur le motif que l’islam est « dîn wa dunyâ », c’est-à-dire : religion et monde. Voire même religion et État : « dîn wa dawla », d’où le quasi slogan, bien pratique pour combattre la laïcité, « d’exception islamique ». Cette considération énonce que les sociétés islamiques sont complètement différentes des sociétés occidentales et, donc, que ce qui convient dans le cadre d’un modèle occidental ne convient évidemment pas, mais pas du tout, à la communauté islamique.
Nous l’avons souvent dit ici même, l’islamisme violent ne se combat pas par la seule vitupération, mais aussi par l’argumentation. The Conversation, une publication universitaire, nous en donne une belle illustration. Ne dédaignons pas le combat philosophique, tous les croyants musulmans n’y sont pas allergiques, tous ne sont pas de sombres abrutis nourris de l’indigeste brouet des imams salafistes.
Où est passé le Macron, si humaniste, qui louait la politique d’accueil de la chancelière Angela Merkel ? Tous ceux qui critiquent une politique jugée répressive aujourd’hui à l’œuvre ont-ils fantasmé – à tort – un excès d’humanité chez le président de la République ?
En tout cas pas à lire le projet de loi « asile et immigration » qu’il prépare avec son ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Il y a du serrage de vis dans l’air, et puis, après tout, une fois au manche, on peut s’éclaircir la gorge et entonner le vieil air de « la dure réalité des choses », si contraignante. Gageons que son petit cœur humaniste saigne et qu’il en souffre. Mais que voulez vous?
Et pourtant : « Les exactions menées par les autorités françaises à l’égard des migrants sont documentées. Les faits sont tout d’abord rapportés par les associations et les collectifs de soutien : l’Auberge des migrants, Médecins du Monde, le Baam, la Cimade, etc. 470 organisations ont signé une pétition qui s’appuie sur leurs expériences de terrain. Elles signalent que : « la gestion répressive des migrations internationales et le non-respect du droit d’asile qui prévalent dans la plupart des pays d’Europe, et en France en particulier, sont un échec effroyable » et posent la question suivante : « Notre conception de la justice admet-elle que des militants de solidarité soient harcelés, et jugés comme délinquants, ou que des distributions alimentaires soient interdites par arrêté municipal ? ». C’est une bonne question à laquelle personne ne s’empresse de répondre.
Bonus : quelques photos du passage des Alpes, signées Sinawi Medine, photojournaliste.
Édgar Morin s’est-il compromis en coécrivant un livre avec Tariq Ramadan ?
C’est ce que nous pensons et c’est ce que pense le blogueur Roger Evano dans sa polémique avec lui. Les arguments qu’il développe en conclusion – sur la dangerosité de Tariq Ramadan en tant que porte-étendard des Frères musulmans – sont tout à fait convainquants.
Le 20 décembre restera dans les annales : deux tournants ont été pris qui seront lourds de conséquence pour l’avenir, chacun dans son champ d’influence.
L’Europe d’abord, qui sort de son habituelle frilosité face aux dérives de certains pays ex communistes d’Europe de l’Est. La Commission européenne a déclenché, mercredi, l’article 7 du traité de l’UE, encore jamais utilisé, estimant qu’« il y a un risque clair d’une violation grave de l’État de droit en Pologne ».
On serait tenté de dire : « Enfin ! ». Le vieille droite rance et ultra conservatrice est bien loin, dorénavant, de la Pologne de Solidarnosc et la délétère idéologie libéralo-nationaliste mène la danse.
Aux États-Unis, Trump remporte sa première grande victoire. Personne ne s’étonnera d’apprendre qu’il s’agit, comme d’habitude avec une direction conservatrice, d’une réforme fiscale. La colère des Américains après cette réforme « à la Donald Trump » est imposante et explosive. Car la majorité républicaine de la Chambre des représentants a fait voter 1, 450 milliards de dollars de baisses d’impôts… Mais tous les Américains n’en bénéficieront pas de la même façon. On peut même dire que c’est un joli cadeau de Noël aux riches, cadeau financé par les classes moyennes. Bien sûr !
« Ce projet de loi c’est de la merde ! Ça va tuer plein de gens ! » Je suis très en colère car 82% des bénéfices finiront chez les 1% les plus riches du pays, c’est complètement antidémocratique. » s’emporte-t-on sans détour. Alors que de nombreux Américains protestaient en plein Sénat, la réforme fut adoptée. « Shame of you ! ». C’est un vieux rêve des Républicains qui est enfin abouti. Reagan avait bien commencé, mais ça n’avait pas suffi et puis, au passage, ils écornent la bête noire, l’Obamacare qu’ils avaient échoué à abroger. On a les plaisirs qu’on peut. Les plus démunis devront ainsi dépenser davantage pour leur assurance-santé. Pour les Américains venus manifester leur colère devant le Sénat, c’est inadmissible : « Ce projet de loi va enlever le filet de sécurité dont nous avons besoin ! » alors que « la santé est un droit de l’Homme ! ». Que sont les droits de l’Homme pour un Donald Trump et pour ses affidés ?
Et le 21 décembre, nouveau chantier, nouveau problème aigu, à la fois pour le premier Ministre espagnol Mariano Rajoy et pour l’Europe aux prises avec un tropisme dissipateur.
En Catalogne, deux mois après avoir été destitués du pouvoir, suite à un pari risqué de Mariano Rajoy, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue des sièges, leurs listes remportent en effet 70 des 135 sièges.
Le premier Ministre espagnol a appliqué cette déviance européenne qui consiste à faire voter les peuples jusqu’à ce que les résultats des scrutins satisfassent les gens au pouvoir. Monsieur Rajoy, conservateur grand teint, ne connaît sans doute pas le célèbre : « Les faits sont têtus » de son antithèse en politique, Lénine. Tôt ou tard, malgré les entourloupes, les biais et les petites habiletés scélérates, les peuples se débarrassent de ceux qui les traitent de haut, les moquent et les prennent pour de la pâte à modeler. La vieille droite comme la gauche anémiée françaises en ont fait l’amer constat cette année.
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2 Commentaires
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Nul à chier !!!!!
Je veux ici remercier vivement toute l’équipe de rédaction pour me tenir au courant de l’actualité. Je prends un réel plaisir à lire chacun de ses bulletins.dont les sujets sont pertinents, bien documentés et les liens édifiants. Pas du tout comme les élucubrations vulgaires de lepetit didier qui doit avoir du fromage blanc moisi à la place du cerveau pour éructer ses insanités sans jamais les étayer !