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Ramasse-Miettes N°196

20 Déc 2020

ADLPF Ramasse-Miettes N°196

Forfaiture morale

Ils ont osé ! Mila, cette jeune femme persécutée parce qu’elle est lesbienne et n’en fait pas mystère, et qui à bout de nerf a envoyé sur les roses l’islam et les islamistes, est devenue notre Salman Rushdie et sans doute pas de gaîté de cœur. Elle avait été scolarisée dans un lycée militaire, l’Éducation Nationale dans sa grande générosité l’ayant éjectée de ses établissements. Eh bien, voilà nos héros en treillis qui viennent de faire la même chose. Honte à eux, honte à la lâcheté générale qui suinte de cette affaire. « Contrairement à vous, colonel, et à tant d’autres, Mila ne se soumettra jamais », écrit au proviseur le père de l’adolescente, dans une lettre bien sentie dénonçant cette forfaiture morale.

Il n’y a pas que nous qui le disons !

L’adoration vouée à des « peoples », des artistes ou des sportifs vire à l’idolâtrie et… au ridicule. Quoi dire de plus ? Pourquoi Maradona et pas Marie Curie ? Pourquoi John Lennon et pas Toni Morrison ? À moins qu’on ne donne le prix Nobel à Johnny à titre posthume.

Tout est dit. Ou presque.

« La hotte du père Noël 2020 sera remplie de cadeaux et de culpabilité. » Vieilles racines chrétiennes… Noël en fait partie. Même pour les mécréants, Noël est une fête de famille, d’échange de cadeaux, de retrouvailles, de gueuletons prolongés etc.

Une question se pose pourtant que les médias évitent ainsi que les politiciens : n’aurait-il pas été préférable de shunter Noël, comme le Jour de l’An d’ailleurs, afin d’enrayer le circulation de notre tourmenteur ? Nous avons déjà tant concédé…

Gare aux foyers d’infection que seront les foyers familiaux !

Du « séparatisme », de l’hypocrisie et du « gloubiboulga » présidentiel.

Dans la confusion du « et en même temps », voici notre roitelet converti de fraîche date à la laïcité républicaine. C’est pourtant lui qui en 2018, au collège des Bernardins, dénonçait « la radicalisation laïque » poussée par des « laïcards extrémistes ».

La politique, c’est l’art d’être toujours dans le vent, d’ailleurs ce grand spécialiste qu’était Edgar Faure ne disait-il pas : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ».

Polémique.

La laïcité ne concerne pas seulement l’enseignement public qui doit s’émanciper des dogmes religieux, ne pas y être soumis. La laïcité implique que l’État se refuse à donner une définition de ce que serait « la vie bonne », et que ne figurent pas dans la loi les délits de blasphème et d’apostasie.

Cet article de « Respublica » répond à Jacques Rancière et à tous ceux, et il sont florès, qui cherchent des excuses aux tueurs de Charlie, de Paty et de tant d’autres. « En République laïque, caricaturer des dogmes religieux, critiquer ou se moquer de toutes les idéologies politiques, économiques et philosophiques doit demeurer un droit protégé. Pour autant, ce n’est pas une obligation et chacun est libre de les regarder, les lire ou pas ».

Il y a même des petits cons pour s’égarer dans l’ignominie.

Après la minute de silence respectée par les élèves du lycée Ramiro Arrué de Saint-Jean-de-Luz à la mémoire de Samuel Paty, l’enseignant assassiné, un dialogue s’engage dans les classes. Un adolescent, scolarisé en seconde professionnelle, affirme « que l’on n’a pas le droit de se moquer de la religion » et que la « décapitation était méritée ». Sans commentaire autre que celui-ci : que raconte-t-on à la table familiale pour qu’un môme profère de telles ignominies en classe ?

La nasse policière.

Celle-là n’est pas pour cueillir des écrevisses, c’est une technique policière de « maintien de l’ordre » qui consiste à encercler un attroupement et à l’empêcher de se déplacer.

Une instruction, ouverte notamment pour “atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique” et “entrave aux libertés d’expression et de manifestation”, s’est soldée par un non-lieu en 2017, confirmé en mars 2020. Les plaignants sont allés en cassation et le cour de Cassation, après examen, a décidé de transmettre cette question au Conseil constitutionnel. Ce dernier serait bien inspiré si par miracle il admettait qu’en fait  la « Nasse » impacte directement le droit de manifester, pourtant inscrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme.

La main dans le pot de confitures !

Le corporatisme interdit de facto à quiconque est de la maison de dénoncer les petits copains, d’où les mésaventures du Pr Perronne : « L’AP-HP a annoncé ce jeudi 17 décembre avoir mis fin aux fonctions de chef de service de l’infectiologue Christian Perronne, pour avoir notamment affirmé que les malades du Covid-19 représentaient une aubaine financière pour les médecins, « des propos considérés comme indignes de la fonction qu’il exerce ». Vous aurez bien lu : des propos indignes… C’est ça le corporatisme, c’est ça que la Révolution de 1789 voulait abroger, entre autres, et c’est un de ses échecs.

Merci Madame.

Méconnue et marginalisée, Katalin Kariko a pourtant ouvert la voie au vaccin contre le Covid-19. Elle raconte son parcours avec humour et humilité. Regardez la vidéo.

Ça ne s’arrange pas en Pologne.

Depuis sa prise de fonctions, le 19 octobre, Przemyslaw Czarnek ne cesse de faire les gros titres. Son obsession : extirper l’« idéologie LGBT », la « théorie du genre » et la « pédagogie de la honte » de l’institution (L’Éducation Nationale polonaise). Docteur en droit de l’Université catholique de Lublin (KUL), notre gaillard a fait parler de lui pour la première fois quand, en tant que voïvode de la région de Lublin (kif kif un préfet de région), il décernait en 2019 des « diplômes du mérite » aux collectivités locales qui adoptaient les résolutions « zone anti-idéologie LGBT ». Voilà bien un grand démocrate humaniste.

Vigilance.

Ça commence à bien faire. Notre roitelet si jeune, intelligent et souriant, inquiète jusqu’au Conseil de l’Europe qui se fend d’une mise en garde bien sentie.

« Le Conseil de l’Europe a exhorté le Sénat, qui examine en janvier la proposition de loi dite de « sécurité globale », à amender ce texte, estimant que son très controversé article 24 portait en l’état « atteinte à la liberté d’expression ».

« Je considère que l’interdiction érigée par l’article 24 […] constitue une atteinte au droit à la liberté d’expression, laquelle inclut la liberté d’informer, et que la compatibilité d’une telle ingérence avec l’article 10 de la [Convention européenne des droits de l’homme], qui garantit ce droit, apparaît pour le moins douteuse », écrit Dunja Mijatovic, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Le drame du néolibéralisme, c’est qu’il a besoin d’un pouvoir impitoyable – je ne dis pas fort -, d’où les problèmes de police qu’on connaît actuellement, surtout depuis l’épisode des « Gilets jaunes ».

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