In vino veritas

26 Juin 2014

Un dogme est un point de doctrine ou une croyance présentée comme une vérité incontestable et fondamentale, comme une réalité qu’il faut admettre sans examen. Un libre penseur reconnaîtra là le visage habituel du religieux et sa manière constante de s’imposer comme l’incontournable porteur de vérité. Je veux, m’appuyant sur ce constat, non pas parler ici des religions traditionnelles ou ce qu’on entend par là, mais de la nouvelle religion universelle, le libéralisme ultra, de son dieu l’argent et de son objet intrinsèque, loin du salut futur hypothétique, le profit.

Le constat est clair, la théorie économique libérale qu’Adam Smith a exposée dans son ouvrage « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » [lien… ici….] s’est peu à peu transformée, au cours des siècles et au gré de son durcissement brutal suite à la disparition du socialisme, en véritable religion. Comme n’importe quelle religion elle a ses écrits saints, son clergé, sûr de soi et arrogant, et bien entendu son dieu adoré, ubiquiste grâce à l’électronique, omnipotent, bénisseur ou vengeur, selon son bon plaisir… La nouvelle religion a aussi ses exégètes et ses hérétiques, mais son but ultime pour tous reste le même : l’enrichissement de quelques uns par accumulation du capital sans fin, sans frein ni obstacle. C’est ainsi, chacun sait bien qu’accumuler, fut-ce du capital, c’est amasser et amasser c’est retirer d’un peu partout pour réunir en un seul lieu ; d’où d’abord le maintien des inégalités et de la pauvreté puis leur aggravation.

L’idée centrale est que le libéralisme est « l’horizon indépassable » de l’avenir de l’humanité et que sont scélérats, voire diaboliques ceux, états comme particuliers, qui prétendent s’y opposer. « Il n’y a pas d’intérêts général, il n’y a que des intérêts particuliers » a dit Hayek, le prélat le plus écouté des Thatcher et des Reagan. Pour eux, l’ennemi principal est l’état, ses fonctionnaires, ses impôts et ses services publics, sans oublier l’Instruction publique, obligatoire et gratuite ; toutefois, la grande plasticité du libéralisme lui permet de prospérer aux sein d’états autoritaires qu’ils soient fascistes (le Chili de Pinochet) ou communistes (la Chine d’aujourd’hui). La règle explicite est qu’ils doivent le laisser agir librement et le facilitateur implicite, la corruption des élites ou de la nomenklatura. Haro donc sur les lois et règlements considérés comme incompatibles avec la liberté de s’enrichir tranquillement. Seuls sont admissibles les états faibles et aux ordres ou ceux, quand ils sont puissants, qui se mettent au service de la nouvelle religion et en brandissent la bannière.

Depuis le traité de Maastricht, l’Europe est la nouvelle terre de mission du libéralisme ; petit à petit la doxa libérale s’est emparée des responsables politiques européens et de la Commission qui y est toute acquise. L’objectif, le seul qui vaille, est la mise en place du plus grand marché possible dans un espace politique dorénavant affaibli et fort divisé, sans autre dessein que la soumission à la super puissance.

Dans le droit fil de cette idéologie, une négociation a lieu en ce moment et en catimini, qui prétend organiser le plus grand marché libre du monde, 46% du PIB mondial ! Il s’agit du Trans Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA), qui, terrible constat, arrive seulement en débat sur la place publique, dont il était terriblement absent jusqu’à maintenant, grâce à la révolte de quelques uns. Le problème c’est que TAFTA risque fort de s’entendre Kafka à terme, car il s’agit d’un processus réglementaire et normatif plus qu’inquiétant qui, ô paradoxe, vise précisément à détruire l’essentiel des règlements et normes existants : tout se passe entre la Commission de Bruxelles – quelle est la teneur de son mandat?- et les représentants des États-Unis. Ni nos députés, ni nos sénateurs non plus que les députés européens, n’ont prise dessus car on les tient éloignés et ignorants des négociations. Il n’est pas bien difficile d’imaginer les conséquences catastrophiques que ces arrangements quasi clandestins auront sur notre vie et notre organisation politique et économique. Même les plus petites collectivités seront touchées par la concurrence libre et non faussée prônée par le dogme libéral et seront étranglées par « la main invisible du marché » qui remplace ici le doigt de dieu ! Quand on sait que ce traité doit être adopté dès 2015 on croit rêver. Mais dans quel monde de razzia et de hold-up vit-on ? Où sont la transparence et la démocratie ? Ce traité prône évidemment la doxa libérale du libre échange appliquée ici à grande échelle et donc sur la standardisation des produits pour les mettre en marché à l’échelle intercontinentale transatlantique. Mais le pire est que pour assurer la fameuse concurrence libre et non faussée, toute entrave, toute réglementation locale, toute législation attentatoire à la liberté du renard, doivent disparaître et, logique poussée à son paroxysme, les négociateurs envisagent de donner aux entreprises la possibilité de les contester face aux états devant, admirons la créativité, des tribunaux arbitraux, agissant donc en dehors de tout dispositif à proprement parler juridique. Ça ne s’invente pas ! Imaginez Microsoft, par exemple, attaquant l’état français parce celui-ci aurait des velléités de s’opposer à une situation monopolistique ; eh bien il perdrait sans doute ! et l’amende serait payée par nos impôts, i.e. que nous contribuerions collectivement à l’enrichissement de cette société et de ses actionnaires, et ce sans recours possible. Qui parle de tout cela aujourd’hui ? Où sont les politiques et les grands médias ? Il faut chercher et fouiller internet pour trouver des éléments et des informations propres à éclairer notre réflexion. La servitude volontaire est ici à l’œuvre, et la lâcheté, et le renoncement, et la cupidité, cette éternelle triomphatrice.

Il y a cependant toujours, au plus sombre des choses, une petite étincelle d’espoir. Elle nous vient de Côte d’Or. La chose n’a en effet pas échappée au président PS de la Communauté de Communes de Gevrey-Chambertin qui vient de faire voter une motion déclarant sa collectivité « hors l’accord TAFTA » ! mesure certes symbolique, mais pas de nul effet en terme de communication et d’alerte . Et de plus largement justifiée comme le pense Christophe Lucand. Citations : « Notre motion du 5 juin est symbolique et nous l’assumons comme telle ». il faut interpeller les médias, les élus et les gens « qui ne savent pas de quoi il s’agit ». « Ce traité pourra avoir des répercussions sur les compétences de collectivités comme la nôtre ». Il cite en exemple la distribution d’eau et l’assainissement qu’il faudra mettre en concurrence et donc en abandonner la régie. Et puis sur [notre] territoire « nous avons la moitié des grands crus de Bourgogne. La question des Appellations d’Origine Contrôlées (AOC) et des Indications Géographiques Protégées (IGP), est centrale dans le cadre du traité. On sait que le grand marché unique américain vise à abaisser les normes environnementales, sanitaires et agroalimentaires ». C’est la mort à terme du système AOC/IGP tel qu’il existe aujourd’hui. « Il y a là une contradiction majeure avec le processus d’inscription des climats de Bourgogne au patrimoine de l’UNESCO ». Etc, in Le Journal du Palais, Dijon.

Je salue pour ma part la lucidité de Christophe Lucand et sa pugnacité. Que son exemple réveille nos élus, tous nos élus, pour qu’enfin la voix de la raison se fasse entendre, que ce traité soit soumis à débat et à décision démocratique, même si je ne puis oublier et craindre la répétition du déni démocratique qui suivit le refus du TCE en 2005. L’exemple choisi par monsieur Lucand est parlant et montre quelles destructions démocratiques, économiques et culturelles le libéralisme débridé nous infligera. In vino véritas.

Gilles Poulet

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8 Commentaires

  1. Sapere Aude

    Ne faut-il pas voir dans la radicalisation vers l’extrême-droite de nombres de nations européennes autre chose qu’une résultante des frustrations nées de cette parodie de démocratie jouée à l’échelon communautaire. Outre le mépris des votes de la France et de l’Irlande, la Communauté Européenne s’est empressée de se faire le laquais des États-Unis, de ses accords commerciaux et d’anéantir au plus vite les identités nationales et la diversité qu’elle devrait prôner, en imposant l’anglais comme langue unique dans certains domaines. Il est une volonté d’Europe, et même une belle idée d’Europe partagée par l’essentiel des Européens, mais ceux-ci sont culturellement avides, non de valeurs boursières, mais de partage et ils le crient et malheur à qui fait mine de ne pas les entendre.

  2. Denis

    A ta santé, Gilles !
    Ton texte se déguste comme du Gevrey Chambertin. Il est doux au palais. Un vrai taffetas, mais pas TAFTA.

  3. Roland Bosdeveix

    Belle analyse qui nous sort des cadres bien-pensants du sacro-saint système économique actuel ne faisant que le bonheur de quelques-uns pour le malheur de tous les autres.

  4. jean pierre foirry

    le néolibéralisme a pour pères récents Friedman et Hayek qui luttent historiquement contre la politique interventionniste d’après-guerre et le capitalisme social, et vous avez raison sur tout sauf peut-être sur un point : si les libéraux se réfèrent à Adam Smith, c’est une imposture. Adam Smith place l’éthique au dessus de l’économie (comme Keynes plus tard). Parler d’éthique et d’économie (en mettant l’éthique au premier plan), c’est forcément se référer à Adam Smith, le double spécialiste de philosophie morale (« Théorie des sentiments moraux », écrite initialement en 1759 et largement révisée en 1790 quelques mois avant sa mort) et d’économie politique (« Enquête sur la nature et les causes de la Richesse des nations » de 1776). Le problème de cohérence entre la Théorie qui met l’accent sur la sympathie et la Richesse sur l’intérêt personnel (souvent appelé « le problème d’Adam Smith ») a fait couler beaucoup d’encre et chacun a son interprétation du problème. Mon point de vue est le suivant : les modifications de la Théorie (de 1759 à 1790) ne s’expliquent pas par une volonté d’adapter la Théorie à la Richesse, mais reflète l’évolution de la pensée de Smith en relation avec l’évolution des conditions politiques, économiques, sociales et culturelles : il est de plus en plus concerné par l’entrée dans le monde des Lumières (individualisme et sortie de l’obéissance aux dogmes) et préoccupé par les politiques publiques mercantilistes qui favorisent des intérêts personnels et qui aboutissent à des monopoles injustes et inefficients, et qui viennent s’ajouter à ceux (jugés également néfastes) des entreprises qui s’entendent entre elles pour limiter les salaires au minimum de subsistance alors que les travailleurs n’ont pas le droit de s’associer et de créer des syndicats.
    Ainsi, on peut aisément admettre avec la Richesse que la libre entreprise et le libre commerce de concert avec la spécialisation et la division du travail sont globalement favorables à la prospérité économique, mais aussi qu’un Etat bienveillant, c’est-à-dire soucieux d’intérêt général (la marche de la société vers « la liberté, l’égalité, la justice »), a de nombreuses raisons d’intervenir : assurer la sécurité, lutter contre les monopoles et les ententes, intervenir dans les domaines qui n’ont pas vocation à être pris en charge par le secteur privé.
    A partir d’Adam Smith , on peut esquisser le portrait d’une société capitaliste efficace, il faut comprendre que pour lui l’intérêt personnel n’a pas forcément de connotation amorale car il faut bien distinguer intérêt personnel (« self-interest ») et égoïsme (« selfishness ») dans la Richesse, tandis que dans la Théorie, il considère deux principes complémentaires de sympathie et de justice : lorsque les individus parviennent à combler leur besoin de reconnaissance et d’assistance mutuelle par la sympathie et la bienveillance pour réguler leurs normes morales de comportement en élargissant toujours plus la sphère d’intimité (les individus pour lesquels on serait prêt à sacrifier une partie de soi-même : de sa famille et ses amis à ses voisins proches puis à ceux de sa communauté, de sa région et de son pays), la société va bien ; si le mécanisme de sympathie se révèle insuffisant et si certains membres font preuve d’antipathie, d’hostilité, de violence, l’Etat doit intervenir pour protéger les individus de la violence et instaurer un système de justice.
    Pourquoi Adam Smith est-il si soucieux de considérations d’ordre civique et humaniste à la fin de sa vie (la Théorie corrigée) ? D’abord, dans la Richesse, il est déjà préoccupé de la situation des travailleurs pauvres d’une part parce qu’il reconnait l’importance des travailleurs (de tous les travailleurs, contrairement aux physiocrates pour lesquels le seul secteur véritablement productif est celui de l’agriculture) dans la production de richesses, d’autre part parce que pour lui « aucune société ne peut être florissante et heureuse si une grande partie de ses membres sont pauvres et miséreux ». Ensuite, il met davantage l’accent sur le risque que spontanément dans le monde moderne, les individus n’obéissant plus à des commandements prédéfinis , et animés d’autonomie morale, ne parviennent pas à maintenir durablement -sans l’intervention d’un Etat soucieux d’intérêt général- des normes morales à l’encontre de l’égoïsme. Au fond, sur la base d’une situation normale où un boucher, un brasseur et un boulanger sont animés à la fois de leur intérêt propre dans leur sphère économique et de bienveillance active dans leur sphère privée (famille, amis, proches), il y a deux risques à prendre au sérieux : d’abord que dans la sphère économique, le boucher, le brasseur ou le boulanger deviennent animés d’égoïsme forcené et parviennent à imposer des prix injustes aux consommateurs ; ensuite que le domaine de la sympathie soit tellement réduit (par exemple à la famille proche) que la plupart des sphères de la vie en société deviennent régulées par l’intérêt personnel voire l’égoïsme (c’est typiquement le cas d’un modèle néolibéral). Dans les deux cas, la solution vient de l’Etat : il faut éduquer tous les individus et promouvoir leur vertu civique de telle sorte que le champ de la sphère d’intimité s’élargisse jusqu’à la société toute entière (et plus tard, avec l’universalisme, au monde entier) et que les normes morales et civiques ainsi promues (la « common decency » d’Orwell) rejaillissent sur la sphère économique en la délimitant de façon restrictive et en y promouvant des échanges justes et efficients (entre autre, la prudence et la modération rendent les marchés privés du travail et des biens et services moins oppressants, tandis que la confiance et la réciprocité réduisent les coûts de transaction et d’information).
    De l’analyse smithienne, il faut comprendre que ni l’égoïsme, ni l’altruisme ne doivent être exacerbés (sans contrôles, le premier avantage les plus doués, les plus malins ou les moins scrupuleux et conduit à l’injustice, tandis que le second peut être le fait de personnes qui veulent faire le bien des autres malgré eux et conduit à l’intolérance) et que le mélange d’intérêt personnel et la sympathie ne sont pas contradictoires, mais, pour reprendre l’expression de Weber, « constituent ensemble l’homme authentique » . L‘homme smithien , avec ses deux motivations essentielles (améliorer son sort et être reconnu d’autrui), est un homme profondément ancré dans une logique du manque qu’il combat en luttant contre les limites imposées par sa nature et son environnement et grâce à des institutions comme la division du travail ou l’assistance aux pauvres . La psychologie du manque symbolise toutes les angoisses des êtres humains conscients de leur passé et d’avoir un avenir limité par le temps : angoisse de la chute ou de la rechute dans l’animalité, la misère, la faim, le chômage la solitude, l’exclusion, la déchéance, le vieillissement, la mort. L’exacerbation de l’une ou l’autre des valeurs extrêmes (égoïsme et altruisme) caractérisent des systèmes désorientés (la fuite en avant d’un système néolibéral, la sortie de l’histoire) qui usent de stratagèmes (le fétichisme de la marchandise, de la croissance et de la liberté -formelle- pour les uns, le fétichisme de la pauvreté volontaire, conviviale et heureuse pour les autres) dans le but de faire adhérer le plus grand nombre à leurs valeurs.

  5. amalou

    Les dogmes religieux ont des puissances transcendantales auxquelles il faut croire sans hésitation et sans un moindre questionnement . Ils ont des milieux sacrés pleins de symboles et significations . Ils ont pour fonction essentielle de renforcer la croyance et de ne laisser aucune marge au simple doute . Et enfin , ils ont des rites perfectionnés pour rassembler les disciples , faire des rappels nécessaire et mobiliser s’il le faut contre des dangers réels ou imaginaires .
    L’humanité a été dirigée de cette manière durant des siècles , elle continue encore à l’être , La seule parenthèse exceptionnelle s’ouvre avec la révolution de 1789 , la pensée libre commence , les questions profondes commencent , les gens se libèrent de plus en plus des dogmes , et vite on s’est rendu compte de ce danger qui menace les privilèges et les nouveaux gardiens du temple .
    Le libéralisme était , à un certain moment de son histoire , émancipateur et libérateur , il avait son mot à dire contre les privilèges des défenseurs des anciens régimes . Mais vite les nouveaux privilégiés , les nouveaux maîtres du monde doivent mettre fin à cette histoire et asseoir leur stricte contrôle .
    Le néolibéralisme a commencé par détruire tous les systèmes de résistance . Le premier domaine visé est l’école , elle doit devenir une simple institution de formation des techniciens , la dimension humaine , celle d’analyse et de critique n’est pas rentable , elle est dangereuse . Le nouveau homme promis est un simple produit qui a une fonction précise à occuper , il doit être docile , prêt à réaliser toutes les tâches qu’on lui ordonne sans se poser trop de questions . Et pour lui permettre à réaliser son bien être , on le prépare , à manger aux Macdonald , à consommer les produits qu’on lui propose à la télé , les enfants doivent avoir leur registre de consommation , il n’a pas de doit de discuter leurs choix , sinon , on mobilise la nouvelle morale conçue dans les laboratoires sophistiqués de la nouvelle religion .
    Les nouveaux maîtres embauchent un nouveau clergé très compétent , il a les moyens qu’il faut pour initier à consommer et surtout pour divertir , c’est finie l’histoire des gens qui dérangent , c’est fini les différentes forces qui vont contre le courant naturel des choses .

    • Roland Bosdeveix

      Rien à ajouter à votre commentaire que je partage.
      A propos de maîtres du monde, je vous signale un petit livre sur cette question aux Editions libertaires "Des maîtres du monde d’aujourd’hui". Pour 13 €, c’est savoureux !

    • jean pierre foirry

      Vous avez tout à fait raison. Maintenant, il y a une question : l’Etat de droit démocratique et laïc pourra-t-il survivre ? Deux catégories de militants se rejoignent implicitement : les radicaux religieux (prônant la supériorité de la foi sur la raison) et les néolibéraux (fétichisme de la liberté et du marché) pour supprimer tout enseignement non conforme à leurs idéologies. Que faire s’il n’existe plus de consensus pour former les jeunes à la citoyenneté, aux droits de l’homme, aux « humanités » (philosophie, histoire….) et à la démocratie parce que cette éducation ne correspondrait pas à l’éducation familiale (ou religieuse) ni à l’éducation tournée vers le profit (l’entreprise compétitive libérale). Ce point de vue, implicitement soutenu par les philosophes libertariens (« l’école n’a pas à se mêler des croyances personnelles », Ogien) conduit tout droit à ce que l’école publique se limite à des enseignements techniques. Est-ce vraiment suffisant pour former une communauté nationale solidaire et juste ?

    • Poulet Gilles

      Je remercie chacun d’entre vous pour vos commentaires qui éclairent un papier qui essaie de comprendre pour mieux dénoncer, la main mise sur nos vies du libéralisme tel qu’il est devenu. A JP Foirry: j’ai lu avec gratitude votre "défense" d’Adam Smith, le cadre, déjà bien copieux, de mon papier me condamnait à l’ellipse, bien que je signale la transformation (ou l’évolution) "peu à peu" de la théorie élaborée par AS et qui abouti au crédo d’Hayek traduit TINA chez les anglo-saxons et les Chicago boys. Le fond de ma pensée est que le libéralisme s’est transformé en un corps de doctrine extrêmement rigide et sûr de lui et bardé de tous les détestables attributs d’une religion. Il suffit d’en écouter les clercs, ces messieurs "je-sais-tout" de la télé ou les chroniqueurs économiques des matinales de France culture, par exemple, pour comprendre à quel degré de CROYANCE ces gens sont parvenus et pour constater avec quelle virulence il défende leur dogme. Rien, pas même la folie des subprimes ou l’effondrement de nations entières comme la Grèce et bientôt, grâce aux fonds vautour, comme peut-être l’Argentine (pour la nième fois) ne peut les faire démordre! Encore merci, chers correspondants.

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