Une société en pleine régression

27 Sep 2008

ADLPF La Libre Pensée Pour une société éclairée Une société en pleine régression

Les progrès de la civilisation ont pour but, si l’on a bien compris, de faire le bonheur des peuples en général et de l’individu en particulier en leur apportant les bienfaits dont le génie de l’Homme est capable, ce qui représente un potentiel fabuleux.

Cette évolution se mesure dans les domaines les plus évidents de notre existence. Il s’agit du bien-être matériel, de la santé, des progrès de la science, de la durée de vie, de l’accès à la connaissance avec les multiples vertus qui en découlent : ouverture d’esprit, respect des autres, solidarité, compassion… La liste n ‘est pas limitative, à condition de ne pas généraliser. La règle vaut surtout pour les démocraties les plus affirmées. En d’autres lieux, l’aube des temps modernes ne s’est pas encore levée.

Mais bon… les progrès de l’agriculture, l’industrialisation et, enfin, les avancées galopantes des nouvelles technologies ont permis à une partie de l’humanité de se doter des leviers nécessaires à la réalisation accélérée de ce qui devrait être son ambition première et universelle.

D’avant…

Faut-il le rappeler, le parcours est cahoteux, semé de multiples calamités, la grande peste n ‘ayant eu d’égales que nos guerres mondiales. Il est vrai que nous avons consacré une grande partie de nos immenses capacités à nous battre et à mettre en place des systèmes plus ou moins raffinés d’exploitation des uns par les autres, dévoyant ainsi les grands principes si bien énoncés par la République française.

Notre République, justement, parlons-en. Eclairant le monde de ses préceptes, matériellement très honorablement placée dans le peloton de tête des “pays riches”, elle devrait tout naturellement porter la civilisation vers son degré le plus élevé en assurant à ses enfants un niveau d’existence tendant vers le raffinement, sans distinction de classe, au moins comme chez certains de ses voisins du nord de l’Europe. Grâce au développement économique et à l’action des systèmes et structures que l’Etat, au fil des époques, a imaginés et mis en place face aux nécessités ou sous le poids des revendications, nous devrions progresser vers toujours plus de confort matériel, toujours plus de possibilités d’apprendre et toujours plus de sécurité dans nos moyens d’existence tels face à la maladie ou à la perte de l’emploi.

…En arrière

C’est ce vers quoi nous voguions bon an mal an. Et d’un coup, c’est tout le contraire qui survient. Après quel processus ? Nous sommes toujours un pays riche mais des pans entiers de notre industrie se sont effondrés : métallurgie, textile… tandis que d’autres partaient à l’étranger. Nous avons racheté aux grandes familles les usines sous perfusion qu’elles avaient amenées à la ruine. Les caisses de l’Etat se sont vidées sans que nous renoncions à d’orgueilleuses et dispendieuses politiques de grands travaux, tout en fermant les yeux sur une évasion fiscale invraisemblable. L’adhésion béate au libéralisme à tout crin et à la mondialisation soi-disant “inéluctable” ont fait le reste. En pleine tempête économique, aux prises avec de pesants déficits publics, dépossédés d’un tissu industriel continuant à s’effilocher, nous voilà frappés par ce qu’il faut bien appeler une crise de civilisation et pas simplement une crise économique. Tout cela parce que le gouvernement applique à la situation les remèdes dictés par sa doctrine libérale. Les stigmates sont déjà là avec une régression sociale sans précédent que nos gouvernants tentent de masquer avec des vocables divers et commodes dont celui de “modernisation”. Et sous ce couvert de “modernisation” on assiste à la remise en cause et à l’enterrement pur et simple des acquis les plus remarquables, les plus glorieux, de notre civilisation : l’école, l’hôpital, la sécurité sociale, la sécurité de l’emploi, la politique de la famille, les services publics, en bref tout ce qui constitue les fondements d’une collectivité nationale unie et solidaire se trouve attaqué au bulldozer. Il faut, nous dit-on, rationaliser, mieux répartir, rendre plus efficace, faire mieux avec moins. Balivernes… il faut surtout faire des économies, désengager l’Etat. Sur le dos des plus humbles cela va de soi, en leur faisant bien comprendre que la précarité, à présent institutionnalisée (“tout est précaire” selon une ministre), est un mal nécessaire. Et que si on n’est pas sage, on peut tomber comme de rien de la précarité à la pauvreté. C’est d’ailleurs devenu la règle.

A l’américaine

Voilà où nous en sommes. Les dérapages verbaux, plus ou moins bien rectifiés, de nosministres, ne sont que le reflet d’une réalité. Nous subissons non pas une modernisation ni un plan

de rigueur, mais une véritable marche arrière, voulue et organisée, dont on ne peut imaginer jusqu’où elle nous conduira. Les chantres du capitalisme, du libéralisme, n’ont eu de cesse de gloser sur “l’Etat

providence”, source de tous nos maux, et mère de tous les défauts des Français – avec la fainéantise en premier, cela va de soi. Mais l’Etat, c’est nous ! Et nous ne sommes pas certains, nous Français, que le degré ultime de la civilisation ne réside pas dans le rayonnement social et solidaire d’un Etat responsable de son peuple, assis sur une démocratie à toute épreuve, plutôt que dans un système individualiste à l’américaine qui exclut les pauvres et oblige les vieux à travailler jusqu ‘au dernier souffle.

Christian GUILLOT

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