Emmanuel Macron aux religieux : « J’ai besoin de vous… » Nous, en République n’avons pas besoin d’un président cul-béni !

4 Nov 2022

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C’est la troisième fois que le président Macron rencontre le pape : la première en juin 2018, la seconde en novembre 2021… cela fait beaucoup pour un président garant des institutions d’une République laïque, donc séparée des religions.

Un président récidiviste dans le déni de la laïcité

La liste est longue des entorses à la neutralité du politique face aux religions, tout particulièrement au catholicisme, mais à d’autres aussi. Cela a commencé par le discours des Bernardins, puis la « Loi pour renforcer les principes républicains » qui donne des facilités à l’Église pour faire fructifier son patrimoine immobilier, un cadeau appréciable quand on connaît la richesse immobilière de l’institution, enfin de nombreuses rencontres avec les cultes.

Mais là n’est pas la question principale. La rencontre avec le pape, qui fut suivie d’un entretien avec le numéro deux du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, et son « ministre » des Affaires étrangères Mgr Paul Gallagher, fut précédée par le discours devant Sant’Egidio, association de laïcs catholiques qui sont aussi une sorte de bras diplomatique séculier du Vatican. Leur fondateur Andrea Riccardi fut ministre de la « Coopération internationale et de l’Intégration » du gouvernement formé par Mario Monti. Une interpénétration du politique et du religieux que doit envier Jupiter…

Une philosophie présidentielle de pacotille mouillée à l’eau bénite

Dans ce discours, le président français s’est livré aux habituelles considérations philosophiques dont il a le secret, mais dont nous nous passerions bien, au regard des indigences conceptuelles qui ne peuvent que contrarier les libres-penseurs que nous sommes quand nous entendons pareille sottise : « Si la parole politique peut beaucoup, elle est touchée par la défiance, a-t-il souligné. Ni les lois, ni les décrets, ni les décisions politiques ne suffisent. Les âmes des peuples ne s’administrent pas. Les religions construisent la trame d’une société et se situent dans le temps long. ». Il ne peut pas être dit plus clairement que le théologique prime sur le politique pour Monsieur Macron.

L’Église, sous-traitante de la politique française ?

Ce qui est plus grave est que cet appel aux religions qui incarneraient « le don de sagesse, d’engagement et de liberté », – comme si elles étaient porteuses de paix – est utilisé pour faire progresser la paix entre les Ukrainiens et les Russes en dictant, surtout aux Ukrainiens, ce qu’ils doivent faire…

Il est inquiétant de voir le président de la République française, qui voudrait avoir un rôle dans le jeu diplomatique mondial, sous-traiter à l’Église catholique et aux autres confessions ses prérogatives régaliennes en matière de diplomatie… peut‑être nous pouvons y voir le premier effet de la destruction des grands corps de l’État qu’il a entreprise.

Néanmoins cette main tendue aux catholiques, cette recherche des voix des catholiques français, fait l’impasse sur l’attitude politique du pape qui entretient depuis le sommet de Cuba en 2016 de bons rapports avec le patriarche Kirill, au point qu’un commentateur russe de ce sommet pouvait dire : « Nous avons un ennemi commun, le sécularisme, et nous sommes prêts à lutter ensemble contre l’athéisme libéral mondial. ». 

Une position plus qu’ambiguë du Vatican

Il y a comme une convergence de vision entre ce pape venu d’Amérique latine et la Russie. Une convergence aux relents d’un tiers-mondisme, éculé au point de faire siennes certaines analyses du Kremlin telles que « les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie » auraient peut-être provoqué l’offensive russe en Ukraine. Une convergence qui met en place une critique à peine voilée du soutien occidental et des livraisons d’arme à l’Ukraine. Ceci même si le pape se garde d’être explicite, tout en procédant par insinuations : « Je ne sais pas comment répondre, je suis trop loin. » « Ce qui est clair, poursuit-il, c’est que des armes sont testées là-bas. […] C’est pour cela qu’on fait des guerres : pour tester les armes que l’on produit. »

Le pape François fait la même analyse que la Russie en voulant miser sur le non-Occident, afin de redonner de la puissance à l’Église catholique de par le monde, en sachant peut-être que la partie est perdue en Europe. Ces gesticulations humanitaires camouflent mal des errements idéologiques qui affaibliront plus le catholicisme en Europe que les « dérives » qu’il attribue au progressisme et au sécularisme… alors pourquoi Macron va-t-il au secours des religions si ce n’est parce qu’il est un incorrigible cul-bénit anti-laïque ?

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