Honte à vous !

14 Juil 2013

Lyon n’en finit pas d’être une des villes les plus cléricales de France. Ainsi, les 3èmes États généraux du christianisme (EGC) auront lieu dans cette ville du 11 au 13 octobre. Ces états généraux sont à l’initiative de la revue catholique La Vie, qui précise qu’après Lille et Strasbourg, le choix « de la capitale du christianisme » s’est naturellement imposé aux organisateurs. « C’est une ville où il existe un fort dialogue entre chrétiens et société civile », quel euphémisme ! C’est carrément de l’étroite collaboration entre l’Église et le pouvoir politique, ce n’est pas le Maire/ Sénateur, Parti Socialiste, Gérard Collomb, qui me démentira, lui qui ose déclarer que pour tous les lyonnais la Cathédrale de Fourvière est le symbole de Lyon ! Le thème de ces États Généraux, sont limpides et démontrent encore une fois la volonté de l’Église de gérer la vie de la cité, puisque la question centrale est « qui veut le pouvoir ? ». Nous avons eu des réponses avec Barbarin ou Boutin qui disent qu’au dessus des élus de la république, il y a Dieu et la Bible.

Le Pape commande, les élus se taisent

Le Pape François, enfonce le clou en juin lors de sa rencontre avec 45 membres du Parlement français, en grande majorité membre de l’UMP, celui-ci a sermonné les élus en leur disant que les élus devaient « amender ou même abroger » les lois contraires à leur conscience. De quoi se mêle-t-il ce Souverain autocratique ? Cela n’a rien à voir avec la foi ou la croyance, mais le Pape fait clairement de la politique et il demande aux élus qu’on lui obéisse au nom de l’Église. Il ose déclarer « le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier (…) une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent ». Deux remarques ; L’État n’a pas à avoir des relations avec les confessions religieuses, c’est justement cela le principe laïque : l’État ne reconnaît pas et ne finance pas les religions, c’est la séparation. De plus, en ayant la prétention de vouloir s’occuper de la vie sociale des citoyens, l’Église fait de la politique, elle veut gérer la vie de la cité, c’est ce que l’on appelle le cléricalisme. La laïcité a été instaurée justement pour remettre l’Église à sa place, qu’elle s’occupe des âmes de ses fidèles et de rien d’autre ! Face à une telle volonté de gérer les affaires (intérieures) de l’État français, les parlementaires auraient dû réagir vivement aux propos du Pape, il n’en fut rien, bien évidement. Le Pape a aussi félicité les manifestants opposés au mariage pour tous « on peut se féliciter que la société française redécouvre des propositions faites par l’Église, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne ». Par contre, il n’a pas dit un mot sur les débordements, les menaces de mort qui ont été proférées à l’encontre de certaines personnes qui sont pour le mariage gay. Le sénateur Charles Revet, par ailleurs dirigeant du groupe d’amitié France-Saint-Siège se félicite que le Pape ait insisté sur le terme « abroger » les lois contraires, à ce qu’il convient d’appeler, au dogme catholique. Le gouvernement et le Parti Socialiste n’ont nullement dénoncé les propos cléricaux et d’ingérences du Pape. Ainsi, pour le rapporteur du projet de loi sur le mariage pour tous, le député socialiste, Erwann Binet, « il n’y a pas lieu de polémiquer » sur les propos du Pape. Honte à ces républicains qui se couche devant le Pape et le Vatican.

Quand les politiques draguent les catholiques

Alors que les religions s’invitent de plus en plus dans la sphère publique et dans tous les débats de société, les politiques qui se prétendent être les représentants de la République laïque, n’ont pas d’alternative : soit ils restent ferme et réaffirment le principe de laïcité, soit ils collaborent et ouvrent la boite de Pandore. Nous avons déjà la réponse à cette interrogation, ils collaborent tous… et ainsi, ouvrent la voie à la laïcité dite de «  compromis », ou «  ouverte », ou « pacifiée », ou « apaisée »… C’est-à-dire une sorte d’œcuménisme généralisé où les politiques reconnaissent et financent toutes les religions au nom de l’égalité et de l’esprit « d’ouverture  aux croyances ». Bref, c’est la mort du principe de laïcité. Il y a beaucoup de monde qui danse au dessus du cadavre, La Vie s’en félicite, car pour la première fois les États Généraux du Christianisme vont recevoir de nombreux représentants politiques nationaux, dont plusieurs ministres. La Vie, sur son site internet confirme déjà la venue de : François Bayrou, président du MoDem, Dominique Potier, député PS, Michèle Delaunay, ministre déléguée aux personnes âgées et l’autonomie, Hervé Mariton, député maire UMP, Bernard Accoyer, député maire UMP, Laurent Wauquier, député maire UMP, Pascal Canfin, Ministre délégué chargé du développement, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, Ministre du Droit des Femmes, Clémentine Autain, Membre du Front de Gauche…. Liste non exhaustive et non clôturée… Il y aura bientôt plus d’élus à ce genre de rassemblement religieux que dans les travées du Sénat. Quand on connaît ce que pense l’Église du Droits des Femmes (opposition à l’avortement, la contraception, au divorce…) on ne peut être que doublement choqué de la présence de Madame Vallaud-Belkacem à ces États Généraux. Quant à Madame Autain, qui a déclaré lors d’un débat organisé par Hondelatte sur « que faire face à la montée de l’islamophobie en France ? » que « je ne pense pas que les religions soient des facteurs de progrès humain. Ce n’est pas dans ma culture politique ». On a envie de lui dire, très bien, mais alors pourquoi cette participation à ce rassemblement clérical et réactionnaire ?

Un emploi du temps chargé

La Vie, précise déjà les thèmes des débats « la thématique du pouvoir ne pouvait qu’intéresser les politiques », pourtant Jésus n’avait ‘il pas été assez clair « il faut rendre à César ce qui est à César » ? Alors, pourquoi cet engouement de la part de l’Église pour le pouvoir politique et terrestre ? Les intitulés des ateliers parlent d’eux-mêmes « l’entreprise a-t-elle une âme ? », « faut-il défendre l’Eglise à tout prix ? », « Finance, médias, sciences : où sont les pouvoirs de demain ? », « Qui tiendra les ficelles ? », « le pouvoir de la joie, de l’amour, de la foi », « laïcité, gouvernance des Eglises : Dieu et ses divins pouvoirs »et bien sûr des débats sur « la famille ». Et comme d’habitude, il y aura des ateliers corps et prière, la nuit du christianisme en lien avec les communautés, groupes de prière, paroisses, et mouvements de Lyon, la messe télévisée, avec le Jour du seigneur, en périphérie de Lyon… Laissons le mot de la fin à Laurent Stalla-Bourdillon, aumônier des parlementaires « le pouvoir de l’Église est celui de rendre libre » en se soumettant au Pape et aux dogmes sous peine de commettre des péchés, bienvenue dans la novlangue orwellienne ! Le Cercle Maurice Allard, va bien évidement interpeller les élus sur leurs participation, nous allons aussi être attentifs, car il y aura sans doute des demandes de subventions publiques pour faire financer par l’argent de tout ce rassemblement religieux, ce qui ne sera, qu’une atteinte de plus à la laïcité….

Régis Boussières

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