Pourquoi l’A.D.L.P.F. ?

6 Sep 2015

ADLPF A propos de l'ADLPF Pourquoi l’A.D.L.P.F. ?

A l’occasion du 20ème anniversaire de la création de l’ADLPF, Association des Libres Penseurs de France, déclarée à la préfecture des Hautes-Pyrénées le 16 mai 1995, cet article a pour objet de répondre à une légitime interrogation. En effet, certains lecteurs de ce site veulent savoir pourquoi il existe deux associations nationales se réclamant de la Libre Pensée, notre Association Des Libres Penseurs de France (A.D.L.P.F.) et la Fédération Nationale de la Libre Pensée (F.N.L.P.). Récemment, les adhérents de la fédération de l’île de La Réunion de la FNLP demandaient au congrès national de cette organisation que soit initiée une démarche de rapprochement des deux associations. Les dirigeants actuels de la FNLP ont répondu qu’ils « ne sont pas demandeurs » d’une réunification car, pour eux, l’existence de deux Libres Pensées en France n’est qu’un « mystification ». Ils n’accepteraient qu’un ralliement pur et simple, au sein de leur fédération, de membres de l’ADLPF, à condition que ceux-ci aient auparavant fait amende honorable publique de leurs prétendus errements passés !

L’histoire du mouvement libre penseur, organisé depuis la seconde moitié du XIXème siècle, est émaillée de ruptures, scissions et réunifications, totales ou partielles, entre plusieurs associations ou fédérations. La dernière grande réunification est celle de 1936 qui, au congrès de Chalon-sur-Saône, a vu se regrouper les 4 000 adhérents de l’ « Association des Travailleurs Sans Dieu » et les 25 000 membres de la « Fédération Nationale des Libres Penseurs de France et des Colonies ». Dissoute par Vichy en 1940, comme tous les syndicats et toutes les associations laïques et démocratiques, la Fédération Nationale de la Libre Pensée s’est reconstituée à la Libération et n’a plus connu de scission importante pendant un demi-siècle, à l’exception du passage à l’autonomie de la Fédération de la Libre Pensée des Bouches-du-Rhône en 1971.

Dans les années 1980 à 1990, le Parti des Travailleurs (P.T., ex-O.C.I., ex-O.T., ex-M.P.P.T.) aujourd’hui dénommé P.O.I., s’intéresse à la Libre Pensée et décide de l’investir. Au début, ses militants, généralement jeunes et dynamiques, sont accueillis à bras ouverts par les militants Libres Penseurs, souvent blanchis sous le harnais, qui leur laissent volontiers prendre des responsabilités au sein des groupes locaux et des fédérations départementales. La stratégie d’entrisme du P.T. s’étend à plusieurs mouvements (syndicat F.O., C.A.E.D.E.L., mutuelles…) avec un succès variable. A la Libre Pensée, en une dizaine d’années, les militants trotsko-lambertistes du P.O.I. parviennent à être élus en majorité au sein de la Commission Administrative Nationale et à diriger bon nombre de fédérations départementales, mais pas Paris où est très actif le Groupe de Libres Penseurs de la Commune de Paris – André Lorulot. Ils décident alors de créer deux groupes parisiens croupions et de convoquer une Assemblée Générale constitutive d’une « Fédération de Paris » le 24 juin 1995.

Les Libres Penseurs parisiens du groupe Lorulot s’y rendent, mais les pro-P.T., n’en voulant pas dans la fédération qu’ils vont créer, leur interdisent physiquement l’accès du siège social de la rue des Fossés-Saint-Jacques… qui est aussi le siège du groupe Lorulot ! L’entrée de la salle de réunion est bloquée par quatre « gros bras » aux mains gantées, serrés épaule contre épaule, qui refoulent brutalement et frappent même les arrivants indésirables. La police, appelée à venir constater les faits, vient relever l’identité des bloqueurs de porte. Deux de nos camarades, des femmes d’un âge certain, Janine AZOULAY et Odette GAYOU, sont les principales victimes de ces voies de fait. Elles seront conduites au service médico-judiciaire de l’Hôtel-Dieu après le dépôt de plainte au commissariat du Vème arrondissement.

Ces graves événements, relatés avec tous les témoignages voulus dans le bulletin spécial de la fédération LP du Finistère d’août 1995, couronnent toute une série de méfaits et de comportements contraires aux plus élémentaires règles de fonctionnement démocratique dans plusieurs fédérations départementales… dont celle des Yvelines sept ans plus tôt. Mais l’information sur ce type d’événements circule difficilement et, à la base, dans les régions, la majorité des 6 000 adhérents de la Libre Pensée en ignore tout.

Une association se constitue, à l’intérieur de la Fédération Nationale, et regroupe les 420 signataires (1) de l’Appel aux Libres Penseurs lancé par Henri LECOULTRE, responsable de la fédération de Côte d’Or et ancien secrétaire général national. Début août 1995, elle publie le communiqué suivant. « La Libre Pensée trahie réagit ! Vidée de son essence, de sa philosophie, par les trotskistes du Parti des Travailleurs, la Libre Pensée est en danger. Exaspérés par les pratiques totalitaires de ce parti, nous venons de créer l’Association de Défense des Libres Penseurs de France ».

Le but de cette association n’est pas de scissionner, mais d’établir des règles de fonctionnement permettant la cohabitation et l’expression libre de tous. Un accord semble trouvé avec la signature du « protocole de Lézignan » créant notamment un bulletin intérieur sans censure ouvert à tous les adhérents. Mais, après la suppression arbitraire l’année suivante du bulletin intérieur au congrès de Pontoise, et après trois ans de tentative infructueuse de conciliation, l’ADLPF se résout, en 1998, à se transformer en association totalement autonome lors de son congrès de Saint-Marcellin (Isère).

L’association garde le même sigle ADLPF, mais l’Association de Défense des Libres Penseurs de France devient l’Association Des Libres Penseurs de France et son journal La Raison de la Colère devient La Raison Militante. La FNLP modifiera, à cette époque, ses statuts et rendra quasiment impossible toute alternance à sa direction. Bon nombre de camarades ayant décidé le passage à l’autonomie ont néanmoins gardé une double appartenance. Vingt ans après, en raison des nombreuses divergences entre les deux mouvements, (Baby-Loup, loi sur les signes religieux à l’école, arbres de la laïcité…), en raison aussi de l’évidence de l’abandon des principes historiques de la Libre Pensée par la FNLP (notamment l’indépendance à l’égard des partis politiques et la critique de toutes les religions) cette double appartenance, devenue résiduelle, ne concerne plus qu’une petite centaine d’adhérents.

(1) Parmi ces 420 noms figurent ceux de la quasi-totalité des anciens présidents et secrétaires généraux nationaux de la Libre Pensée.

Denis PELLETIER

(à partir de ses souvenirs personnels et des archives confiées par Maurice AZOULAY à Roland BOSDEVEIX)

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1 Commentaire

  1. Quatre Henri

    L’entrisme des trotskystes est une véritable religion dans leurs pratiques politiques. Bien qu’opposé aux faux-nez – une marque confessionnelle (sic) comme pour la chaîne catholique non pas donnée comme telle, mais déguisée sour le nom Kto – il faudrait néanmoins connaître la position de la FNLP sur cette (salutaire) scission qu’elle appelle « mystification ». Rappeler qu’ils « ne sont pas demandeurs » d’un rapprochement n’explique rien, sauf leur mépris satlinien. Outre l’équilibre du débat, cela permettrait d’en disposer sans délai des premiers éléments.

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