Arbre de la Laïcité à Badens

2 Jan 2013

ADLPF A propos de l'ADLPF Arbre de la Laïcité à Badens

Discours de Monsieur Denis Pelletier lors de la plantation de l’arbre de la Laïcité à Badens (Aude)

Monsieur le Président du Conseil Général de l’Aude,

Monsieur le Maire de Badens, conseiller général,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les enseignants publics et laïques,

Mesdames et Messieurs les représentants des parents d’élèves,

Chers enfants,

Chers camarades et amis,

Mesdames, Messieurs,

En tant que président de l’Association Des Libres Penseurs de France (section de l’Union Mondiale des Libres Penseurs), j’ai, pour la deuxième année consécutive, le grand plaisir et l’insigne honneur de répondre à l’invitation de mes camarades Libres Penseurs de l’Aude, et en particulier de leur président Yves Béziat, de leur secrétaire Jean-Claude Canal et de leur doyen et président d’honneur André Gils, pour me joindre à eux et à vous à l’occasion de cette cérémonie de plantation d’un arbre de la laïcité et de l’inauguration de la place de la Laïcité.

Certes, Badens n’est pas la seule commune de France où a lieu un tel événement autour du 9 décembre, pour célébrer le 107ème anniversaire de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, loi qui a véritablement institué dans notre pays la laïcité. Notre association avait lancé ce type d’initiative en décembre 2006, un an après les manifestations liées au centenaire de cette loi républicaine essentielle. Progressivement, au cours des années, les cérémonies et manifestations les plus diverses se sont multipliées, un peu partout en France, pour fêter cette date, le 9 décembre, dont nous souhaitons qu’elle devienne la journée officielle de la laïcité. Dans tel endroit, on organise une conférence ou un colloque ; ailleurs on donne le nom « laïcité » à une place ou à une rue… Mais la plantation d’un arbre de la laïcité reste sans aucun doute l’acte le plus symbolique et, aussi, la façon la plus originale, de rendre hommage à l’intelligence politique et à l’humanisme des républicains du début du siècle dernier et de perpétuer le souvenir de leur œuvre émancipatrice : l’institutionnalisation de la laïcité de l’Etat, faisant suite à la mise en place des lois organiques qui, vingt ans plus tôt, ont posé les bases d’un système éducatif public, gratuit et laïque.

La plantation d’un arbre de la Laïcité est un geste chargé de sens avec une référence républicaine explicite. Chacun se souvient des arbres de la Liberté qui étaient plantés pour commémorer les acquis démocratiques de la Révolution Française. Chers enfants, vous avez appris en histoire, ou vos professeurs vous l’enseigneront bientôt, qu’à partir du 14 juillet 1790, un an après la prise de la Bastille, à la fête de la Fédération, les révolutionnaires plantaient symboliquement dans chaque commune un arbre de la Liberté, décoré de la cocarde tricolore. C’est pour rappeler ce geste que nous avons imaginé quelque chose de semblable : un arbre de la Laïcité.

Fête laïcité Denis 29

Planter cet arbre, c’est exprimer publiquement un attachement respectueux à cette valeur républicaine essentielle que constitue la laïcité. Rappelons-le : la laïcité, ce n’est pas une opinion, une philosophie parmi les autres. C’est la possibilité que s’expriment librement toutes les opinions, religieuses ou non. C’est une organisation de la société fondée sur un principe qui dépasse toutes les opinions et toutes les idéologies, mais sans en privilégier aucune.

C’est pourquoi il est risible d’entendre parfois prôner une laïcité, oui, mais une laïcité ouverte, une laïcité positive. Comment la laïcité pourrait-elle être autrement qu’ouverte ou positive ? La laïcité n’exclut pas. Elle rassemble. Certains faussaires – je devrais dire certaine faussaire – sont passés virtuoses dans l’art de faire prendre pour de la laïcité ce qui n’est que de la discrimination. La laïcité, c’est bien le fait de récuser l’intrusion d’une religion, ou de tout autre système de pensée particulière, dans la sphère publique, mais surtout pas pour en privilégier une autre, au prétexte qu’elle serait majoritaire ou plus anciennement établie dans notre pays. On est laïque ou on ne l’est pas. Il n’y a pas de laïcité à géométrie variable. On ne peut se prétendre laïque pour condamner, par exemple, à juste titre, les pratiques de la religion musulmane portant atteinte à la dignité et aux droits des femmes et, en même temps, défendre le financement des adversaires de l’école publique et applaudir aux positions vaticanes réactionnaires et misogynes.

Fête laïcité Denis 27

Chers enfants, je voudrais vous dire très simplement ce qu’est la laïcité. La laïcité, ça signifie que chacun de vous est différent des autres, mais que pourtant, en définitive, vous êtes tous pareils. Grands ou petits, roux ou bruns, crépus ou frisés, riches ou pauvres, fils ou filles de croyants ou d’incroyants, vous, enfants du regroupement pédagogique de Badens, vous êtes tous à égalité les enfants de la République, les futurs citoyens libres et égaux en droit et en dignité. L’école laïque est comme la République : elle ne fait pas de différence entre ses enfants. Elle les accueille tous de la même manière. Vous pensez peut-être que cela va de soi. Pourtant, sachez que certains ne veulent pas de cette école pour tous. Ils préfèrent un système d’éducation séparée. Et nous, les Libres Penseurs, avec beaucoup d’autres laïques, nous disons que ce n’est pas normal que ces écoles soient payées avec l’argent de nous tous. Nous voulons que l’effort de la Nation soit réservé à l’école publique laïque, la seule école de la République.

Comme je le disais, je suis déjà venu l’année dernière dans l’Aude pour des manifestations semblables à Barbaira et à Peyriac-Minervois. Cette année, je dois l’avouer, l’horizon semble un peu plus dégagé pour les laïques. Nous ne sommes plus au moment où quelqu’un, représentant la République et donc l’ensemble des citoyens quels que soient leurs convictions, allait au Vatican se faire introniser chanoine du Latran et rendait allégeance au pape chaque année, quelqu’un qui considérait que le rôle de l’instituteur public était moins important que celui d’un ministre du culte pour la formation du citoyen.

Néanmoins, quel que soit le pouvoir, la laïcité reste un combat permanent. On doit sans arrêt la défendre, la promouvoir, la consolider. Les Libres Penseurs, comme tous les laïques authentiques de ce pays, apprécient à sa juste valeur la décision de rétablir 60 000 postes d’enseignants en 5 ans, alors qu’on n’avait précédemment pris que des décisions de démantèlement de l’Education Nationale et de la formation des maîtres sans craindre de sacrifier ainsi l’avenir de notre jeunesse.

Nous sommes également satisfaits de la proposition qu’a faite le nouveau président, lorsqu’il était candidat, de faire inscrire dans la Constitution les principes de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905, principes énoncés dans les deux premiers articles de cette loi :

la République assure la liberté de conscience et le libre exercice des cultes,

la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

Mais nous considérons que, d’autant plus s’ils sont inscrits dans la Constitution, ces principes ne souffrent aucune exception, sur aucune partie du territoire national. Surtout en ces temps de difficultés économiques, est-il juste, est-il opportun, est-il normal, en un mot est-il laïque que les citoyens de Badens, par exemple, soient encore contraints de salarier, par leurs impôts, les prêtres alsaciens et mosellans et de subventionner le fonctionnement, dans ces régions, des religions reconnues par un droit local prussien qu’on a maintenu « provisoirement » en 1918 et qui n’a pas encore été aboli ?

C’est l’une des questions que nous évoquerons lors de l’entretien qu’accordera le président de la république aux représentants des mouvements laïques regroupés dans le Collectif Laïque national. Bien entendu, nous lui ferons part également de notre souhait commun de voir institutionnalisée une journée annuelle officielle de la laïcité, le 9 décembre.

Fête laïcité Denis 21

Sur ce point, les choses semblent déjà bien avancées. Des initiatives parlementaires ont été prises, tant au Sénat qu’à l’Assemblée Nationale. Et nous sommes de plus en plus nombreux à anticiper en quelque sorte cette fête de la laïcité. Notamment ici, dans l’Aude et à Badens en particulier, où nous sommes en bonne terre laïque, une bonne terre républicaine et démocratique qui, n’en doutons pas, permettra l’épanouissement harmonieux de ce chêne vert que nous plantons aujourd’hui.

Alors, un grand merci, Monsieur le Maire, à vous et à votre conseil municipal pour cette très heureuse initiative.

Vive la République, vive la laïcité et vive Badens !

Dernières nouvelles

0 commentaires

Soumettre un commentaire

 

Adhérez à l’ADLPF / Demande d’infos.

11 + 2 =