Nos camarades organisateurs du 19ème atelier d’éthique contemporaine du 1 octobre lui avaient donné comme thème : « Pour une éthique non violente des libres penseurs »

30 Oct 2020

ADLPF A propos de l'ADLPF camarades 19eme
L’histoire de l’humanité est émaillée, à toutes les époques et en tous lieux, de violences et de barbaries épouvantables. Tuer était une option pour vivre, se venger, se défendre, c’était la légitime défense. Il s’agissait alors de défendre l’intérêt et la dignité de la Personne, étant donné que refuser le recours à la violence revenait parfois à accepter le triomphe du crime ou le maintien de l’injustice. Il était souvent nécessaire de pallier les insuffisances ou l’inexistence du droit.
Les guerres, les nationalismes, les dictatures et les théocraties génèrent le maximum de violences. Il s’agit précisément d’imposer sa loi à l’adversaire, la guerre consiste en l’affrontement de deux lois ennemies.

Si certaines religions se sont assagies et sécularisées, les textes sacrés anciens et fondateurs sont truffés de violences. L’Ancien Testament ne lésine pas sur le châtiment suprême, lapidation, passage au fil de l’épée…

Dans le coran, il est dit « Celui qui tue volontairement un croyant aura pour rétribution l’Enfer éternel. Dieu le frappe de son courroux et lui prépare un terrible châtiment ». Mais l’interdit de tuer les mécréants n’existe pas, il est donc permis de les tuer.

La relation entre la violence et le sacré a été magistralement étudiée par le philosophe René Girard. Le sacré est un mode de représentation globale de l’univers (construit par certains hommes) qui exige la soumission des autres hommes. Ce mode d’organisation définit des prescriptions et des interdits. C’est en ce sens que le sacré peut susciter et engendrer de la violence.

Si les religions essayent de réunir, de relier les membres de leurs communautés, elles sont souvent responsables de violences envers d’autres communautés.

Il suffit de lire un journal ou de regarder les actualités télévisées pour être assuré qu’un monde de violences nous entoure au quotidien. Omniprésentes, ces violences possèdent des origines psychologiques, religieuses, sociales. Ainsi l’humanité a été et est encore impactée par la violence, de ses origines lointaines à aujourd’hui.

La question omniprésente porte sur laugmentation de la violence, qu’en est-il ?

Depuis des siècles, la violence diminuait rapidement en France et en Occident. Ainsi en France, 3 066 homicides sont comptabilisés en 1888 et on n’en recense plus que 1 608 en 1907. À l’exception des périodes des grandes guerres mondiales, le XXème siècle a poursuivi cette diminution régulière de la violence.

D’après les statistiques sur le nombre d’homicides en France, on observe un retournement de la tendance en 2015.

– Depuis plusieurs décennies, nous assistions à la multiplication des incivilités dans les rues et dans les transports en commun, et pire encore dans les cités de non-droit à la périphérie des villes. Le phénomène nouveau est la présence des armes et des règlements de compte nombreux sur fond de trafics de stupéfiants dans les bandes liées aux ventes de stupéfiants.

–  Le développement de l’islamisme implique de graves conséquences. En France, nous comptons 317 personnes tuées et des milliers de blessés lors d’attentats islamistes entre 2015 et 2019. Cet islamisme radical implique de nombreuses tensions dans la société.

– D’autres causes de violences s’accentuent, ce sont les excès inégalitaires de la société. Le sentiment d’insécurité n’est plus seulement un fantasme mais une réalité bien présente qui détériore la vie sociale.

Nous assistons à l’évolution d’un clivage profond de la société. En effet, pendant ce temps, d’autres personnes se cultivent, le nombre de bacheliers n’a jamais été aussi élevé, le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur bat tous les records.

C’est tout le mérite de la culture humaniste des libres-penseurs d’extirper cette violence et d’apporter plus de paix. Cet apprentissage de s’écarter de la violence est un très long processus qui dure depuis des millénaires. Progressivement, la réflexion a réduit les comportements les plus violents pour installer des lois, des règles sociales pour punir et inhiber la violence.

Le dialogue, la culture et la réflexion sont nos premiers outils pour installer des règles éthiques nouvelles et lutter contre la violence.

Le langage est fondamental pour se soustraire à la violence, même s’il peut y avoir certaines formes de violences dans l’échange parlé, comme les intimidations, les provocations et les efforts d’emprise pour convaincre. Dès lors que l’on parle, on est de fait d’accord pour reconnaître l’autre, son existence et l’existence de sa différence. La mise en mots est une étape élémentaire à l’échange et à la réflexion.

Une citation simple de Ruwen Ogien résume notre éthique si souvent éloignée des morales religieuses :

 « On peut mener la vie que l’on veut tant qu’on ne porte pas tort à autrui ». 

  1. Vignaux

Octobre 2020

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